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Le triomphe de la vérité

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Edito: Rouge de colère


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Les adeptes du mercredi rouge remettent ça aujourd’hui encore. En espérant que cette initiative portée à bout de bras par l’avocat de Talon, Joseph Djogbénou ne retrouve réellement ses marques, elle m’inspire une certaine méfiance. Celle-ci n’est pas due, loin s’en faut, au fait que l’avocat de Patrice Talon me  semble être embarqué dans une opération commerciale. Elle  tire sa source de la nette impression que toute cette belle mobilisation n’est construite que sur un anti-yayisme obsessionnel.
A force de nourrir contre Boni Yayi des ressentiments tenaces, les initiateurs du mercredi rouge ne voient pas qu’il est temps de mettre un frein définitif à tous les dérapages parfois graves qui empêchent jusqu’ici toute réforme dans le pays.
Notre constitution n’a pas empêché, par exemple, que le Chef de l’Etat se transforme en chef de parti au point de recevoir en audience solennelle au palais de la présidence (un palais construit avec notre argent !!!) les membres de son obédience politique afin d’y résoudre des problèmes internes. Au point de tenir le 1er août 2012 des propos appelant à l’affrontement entre ses partisans et ses adversaires politiques. Malgré la condamnation par la Cour Constitutionnelle de cette dérive, rien ne peut se faire pour empêcher légalement sa répétition.
De plus, rien n’empêche  des escrocs notoires, des coupeurs de route reconnus d’entrer à l’Assemblée nationale. Il leur suffit de construire quelques écoles par-ci, d’offrir quelques ustensiles de cuisine par-là, ou même d’entretenir des conseillers eux-mêmes véreux, pour bénéficier du suffrage populaire. Une bonne révision devrait mettre des verrous suffisamment solides pour arrêter la mainmise des pouvoirs d’argent sur notre parlement. Pour que la vraie politique consiste à développer l’entreprenariat privé, l’emploi, l’éducation de qualité, la qualité des soins, la visibilité du Bénin dans l’arène internationale,  à améliorer la pratique du sport, à construire des infrastructures de qualité et à coût raisonnable, à empêcher que nos étudiantes ne soient la proie d’enseignants bourreaux…
Il faut réviser notre constitution et tout de suite même, pour que les organes publics d’information ne soient contraints de sacrifier à la glorification du Chef de l’Etat, le professionnalisme qui fait leur crédibilité.  Pourquoi tolérer plus longtemps qu’un chef d’Etat se permette de reverser dans la fonction publique, et d’un seul coup, plus de trente-mille agents vacataires dont des centaines de détenteurs de faux diplômes et des milliers de détenteurs de titres inappropriés, pendant que des milliers d’autres ayant des diplômes réguliers sont livrés au chômage ? Pourquoi ?  Je souhaite à ceux qui se battent contre la révision de vivre l’expérience de centaines d’employés obligés d’aller en chômage technique parce que le Président de la République rendu surpuissant par la constitution actuelle et même par le projet proposé à l’examen des députés, peut donner tel marché à ses amis, arracher tel autre à ses adversaires ou  même créer en sous-main des entreprises-écrans à son service. Ils verraient alors de quoi nous  parlons. Je me demande toujours pourquoi personne ne cherche à rendre possible le jugement du président de la république et des ministres devant des tribunaux ordinaires alors que depuis l’installation de la Haute Cour de Justice, elle a été transformée en un instrument politique inutile et budgétivore.
La révision est nécessaire, impérative même. Et parce que le texte actuel envoyé à l’Assemblée nationale ne prévoit nullement ces dispositions pouvant favoriser les réformes que le pays souhaite, le vrai mercredi rouge devrait consister à manifester tous les mercredis pour le retrait du projet et sa correction immédiate.
La peur obsessionnelle des ruses du passé est légitime. Mais elle empêche tout le monde de voir que si cela ne devrait dépendre que des lois et même de la constitution dans sa mouture actuelle, personne ne peut faire plus de deux mandats à la tête du Bénin. Et que si jamais Boni Yayi s’avisait de faire ce que l’on craint, il serait contraint simplement à la fuite. Les centrales syndicales savent déclencher des grèves générales illimitées. Et nos forces armées sont informées que, de par l’article 66 de la constitution, la désobéissance à un pouvoir illégitime est considérée comme « le plus sacré des droits et le plus impératif des devoirs ».
Si rien de cela ne suffisait, le contexte international d’aujourd’hui est foncièrement braqué contre les pouvoirs illégaux. L’exemple le plus récent reste la Centrafrique où Michel Djotodia est contraint de partir bientôt du pouvoir, bien qu’ayant réussi son coup d’Etat du 24 mars 2013.
En clair, notre mercredi rouge devrait se mobiliser pour la bonne révision au lieu de cultiver des querelles de personnes.

Olivier ALLOCHEME

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