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Le triomphe de la vérité

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Editorial: Les emplettes d’OBAMA en Afrique


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Le président américain Barack Obama a achevé hier mardi en Tanzanie sa première grande tournée africaine. Il a alors lancé un appel à la mobilisation pour développer l’accès à l’électricité sur ce continent et favoriser son essor économique. « Je vois l’Afrique comme la prochaine grande success story mondiale et les Etats-Unis veulent être un partenaire de ce succès », a déclaré le locataire actuel de la Maison Blanche dans un discours à Dar es Salaam, la capitale tanzanienne. « Ce continent fait face à de grandes difficultés, mais c’est également une période de grandes promesses pour l’Afrique », a-t-il prédit.
De cette visite, on peut avoir une lecture angélique et une lecture commerciale. Du côté angélique, on peut y voir la volonté du président d’enclencher une nouvelle dynamique dans la coopération américano-africaine. « Nous envisageons un nouveau modèle qui ne soit plus seulement basé sur l’aide et l’assistance mais sur le commerce et le partenariat », a déclaré Barack Obama lors d’une conférence de presse lundi dans la capitale économique tanzanienne en indiquant que le but ultime est que « les Africains construisent l’Afrique, pour les Africains.» D’où l’initiative « Power Africa » destinée à doubler l’accès des Africains à l’électricité sur cinq ans. Cette initiative dotée de 7 milliards de dollars s’inscrit dans les besoins urgents pour la croissance économique africaine. C’est pourquoi le Chef de la Maison Blanche n’a pas manqué de rappeler que plus des deux tiers de la population africaine est aujourd’hui privée d’électricité. L’initiative pourra mobiliser des garanties de prêts et aider le secteur privé à participer à cet objectif en Afrique subsaharienne, en particulier en Ethiopie, au Ghana, au Kenya, au Liberia, au Nigeria et en Tanzanie. A terme, la Maison Blanche entend entraîner 9 milliards de dollars d’investissements privés. La Banque africaine de développement (BAD) a déjà annoncé qu’elle était partie prenante de l’initiative. Sur les cinq dernières années, l’institution panafricaine a notamment engagé 1,63 milliard de dollars pour financer des projets énergétiques dans les six pays bénéficiaires. Idem pour Heirs Holding, société d’investissement de l’homme d’affaires nigérian Tony Elumelu, qui a annoncé son intention de contribuer à Power Africa à hauteur de 2,5 milliards de dollars.
Si Bill Clinton a pu créer auparavant l’AGOA et Georges Bush le Millenium Challenge Account (MCA), tous centrés sur l’Afrique, Barack Obama a lancé Power Africa. Il est censé toucher les plus pauvres, c’est-à-dire ces deux tiers de la population de l’Afrique subsaharienne qui vivent sans électricité. Sans oublier que 85% des habitants des zones rurales africaines n’y ont pas accès.
Côté commercial, la visite du président américain n’est pas une simple villégiature ou une opération de bienfaisance. Les 10 000 mégawatts à produire, par exemple, devront connecter 20 millions de foyers et d’entreprises. Conséquence directe, les entreprises américaines seront les premières sollicitées dans l’initiative Power Africa. Pas les entreprises africaines. Le géant américain General Electric est déjà annoncé pour produire 5000 mégawatts supplémentaires au Ghana et en Tanzanie dans les cinq prochaines années.
C’est une façon de relancer l’intérêt des entreprises américaines pour les perspectives d’expansion sur un continent où les opportunités s’accélèrent. Les exportations américaines dans les 49 pays africains ont atteint 21 milliards de dollars en 2011, en hausse de 23 % selon le Bureau du représentant américain au commerce, cité par Bloomberg. Les importations américaines issues d’Afrique ont, quant à elles, bondi de 14 %, avec un total de 74 milliards de dollars en 2010, dont 60 milliards de pétrole brut.
On n’ignorera pas que la compétition entre Pékin et Washington fait rage en Afrique. Guerre de positionnement, elle ne laisse rien au hasard. Si le président chinois Xi Jinping a réservé sa première visite sur le continent à la Tanzanie, à l’Afrique du Sud et au Congo-Brazzaville, Barack Obama est passé sur ces mêmes terres, sauf au Congo (stratégie oblige). La Chine a investi plus de 75 milliards de dollars en Afrique au cours de la période 2000-2011, s’approchant des montants dépensés par les Etats-Unis même si l’argent apporté par Pékin l’a été dans des domaines bien différents, selon une étude du groupe de réflexion Center for Global Development. Mais, quand on y regarde de plus près, on remarque que le niveau du commerce sino-africain est deux fois plus important que celui du commerce afro-américain. Les Américains qui savent que l’Afrique est en plein essor le savent tout aussi bien : ce retard risque d’être difficile à rattraper.
Par Olivier ALLOCHEME

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