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Le triomphe de la vérité

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Conférence internationale du travail: Dieudonné Lokossou critque le chef de l’Etat à Genève


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Dieudonné Lokossou, le Secrétaire général de la CSA-Bénin était à Genève en Suisse où il a pris part à la 102e Conférence Internationale du travail. Délégué travailleur de la république du Bénin à cette conférence, il a dressé aux participants venus du monde entier la situation du Bénin. Sans fard et avec le franc-parler qu’on lui  connaît, il a dépeint, dans un discours incisif, une situation des moins reluisantes. Confiscation des libertés, inexistence du dialogue social, interdiction des marches, tentative de « museler des syndicalistes gênants »,  arrestations etc.  Il n’a pas manqué d’évoquer son interpellation « arbitraire » le 17 mai dernier dans le cadre de l’affaire Sonacop. Lire ci-dessous en intégralité le discours prononcé à cette occasion.

Lire le discours de LOKOSSOU Dieudonné

 

LOKOSSOU Dieudonné                                                                                      Genève, le 05 Juin 2013

 

Secrétaire Général de la CSA-Bénin

Délégué Travailleur de la République du Bénin à la Conférence

 

A

Son Excellence Monsieur le Président de la Conférence,

Monsieur le Président,

Je voudrais, au nom du collège des Secrétaires Généraux et en mon nom propre, vous adresser ici mes très vifs et sincères remerciements pour l’opportunité que vous m’offrez de m’exprimer devant cette auguste assemblée  de la Conférence Internationale du Travail réunie en sa  102ème session. Qu’il me soit aussi permis de vous congratuler pour votre brillante élection, au prestigieux poste de Président à l’ouverture de la Conférence.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les participantes et Participants,

Il vous souvient que, à l’occasion de la 101ème session de notre Conférence, devant cette même tribune, mon collègue Pascal TODJINOU, Secrétaire Général de la Confédération Générale des Travailleurs du Bénin (CGTB), en sa qualité de porte-parole de la délégation des travailleurs du Bénin, avait mis un accent particulier sur trois (03) points fondamentaux, à savoir :

1-    La violation répétée de la Constitution et des Lois de la République par le Gouvernement du Président YAYI Boni depuis son avènement à la magistrature suprême de notre Pays, en Avril 2006 ;

2-    Le non respect des engagements pris sur l’honneur par le gouvernement vis-à-vis du monde des travailleurs et travailleuses béninois;

3-    La privation des libertés fondamentales.

Les pertinentes observations faites par mon éminent confrère il y a un an, loin d’émousser l’ardeur du gouvernement dans son élan dictatorial et de prédateur des libertés publiques et démocratiques, ont plutôt accentué les dérives de toutes sortes. En effet, le gouvernement de mon pays continue de multiplier les actes de provocation, d’intimidation, de harcèlement, d’interdiction de marches de protestation contre les abus du pouvoir. Mieux, pendant que, pour un oui ou un non, certains hauts fonctionnaires de l’administration et Ministres et autres thuriféraires du régime organisent dans tout le pays des marches de soutien tous azimuts, des prières dans des églises, temples, mosquées et autres couvents vaudouistes au profit du Président de la République, il est formellement interdit à Cotonou et dans d’autres villes, aux travailleurs,  chômeurs, handicapés, diplômés sans emplois, etc…  d’élever la moindre protestation contre les nombreux cas d’injustice sociale qui s’observent dans le pays. L’exemple le plus frappant est l’organisation calamiteuse, l’année dernière, par le Ministre du Travail et de la Fonction Publique, des concours de recrutement d’Agents Permanents de l’Etat où les résultats émaillés de fraudes massives sont contestés par les organisations syndicales et d’autres citoyens.

Le dialogue social, qui permet de régler un certain nombre de contradictions entre partenaires sociaux, est devenu inexistant au point où c’est les couloirs du Bureau International du Travail à Genève, que le gouvernement préfère, par la voix de son représentant en parler du bout des lèvres. Le gouvernement profite de ce manque évident de dialogue pour faire mains basses sur les libertés publiques, d’opinions, de presse et surtout syndicales. Après avoir liquidé certains partis politiques de l’opposition, le gouvernement de la « refondation »  tente désespérément de museler les syndicalistes gênants en vue d’instaurer à nouveau la pensée unique dans notre pays, le Bénin, connu pour sa longue tradition de lutte.

C’est dans ce sordide dessein que, des arrestations suivies d’embastillement ont été opérées par le gouvernement. Ainsi, le Camarade Pascal TODJINOU, Secrétaire Général de la Confédération Générale des Travailleurs du Bénin (CGTB) a fait un court séjour en prison civile de Cotonou pour un fait anodin de défaut d’assurance de sa voiture. D’autres collègues comme les camarades Gilbert KASSA MAMPO, Philibert ALI YERIMA etc… tous membres de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Bénin (CSTB),  séjournent depuis Février 2013 à la prison civile de Missérété. Moi-même, j’ai été victime d’une interpellation arbitraire par la police et conduit manu-militari le 17 Mai dernier à la Brigade Economique et Financière (BEF) puis finalement devant le Procureur de la République, sur instruction du gouvernement, pour un délit fictif de non dénonciation des actes posés par un Directeur Général nommé par les soins  du Président de la République sur des bases partisanes et de compétence politiques pour services rendus. De graves menaces pèsent sur la sécurité et la vie d’autres Secrétaires Généraux de Confédérations Syndicales et même des syndicats de base.

Monsieur le Président,

Faute de dialogue les nombreuses revendications des travailleurs, surtout celles des enseignants, objet de notre plainte auprès du Comité de la liberté syndicale par communication en date du 10 Avril 2012 sont demeurées sans satisfaction à ce jour.

Les Confédérations syndicales sont conscientes que, les effets pervers d’une économie désormais mondialisée plombent le monde des affaires et ont des répercussions négatives sur la promotion des emplois décents dans notre pays. Au lieu de se frayer les voies et moyens pour favoriser la création de nouveaux emplois par les opérateurs économiques dans une dynamique de partenariat secteur public-privé, le gouvernement se livre méthodiquement à un harcèlement fiscal des hommes d’affaires honnêtes qui ne sont pas favorables à la pensée unique et à des magouilles ou autres compromissions avec le régime. Notre pays, le Bénin va mal sur les plans moral, politique, social et économique car tous les pans des acquis démocratiques et des libertés obtenus de haute lutte s’effritent chaque jour.

Compte tenu de tout ce qui précède, il n’est pas exagéré d’affirmer avec force, que nous nous retrouvons de facto dans un système de démocratie à double vitesse.

 

 

 

 

 

 

 

 

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