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Le triomphe de la vérité

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Edito du 26 avril 2013: Un port de qualité


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L’affaire de blanchiment d’argent tombe très mal pour le Bénin. La filière des véhicules d’occasion qui fait partie des principales sources de recettes pour l’institution portuaire était donc assise sur un vaste trafic d’argent sale servant même à financer le terrorisme, si l’on doit en croire la Drug Enforcement Administration (DEA), institution en charge de la lutte contre le trafic de drogue et le blanchiment d’argent aux Etats-Unis. Mais le Port n’est pas directement concerné, même si l’image de marque du Bénin est sérieusement écornée par cette affaire, au moment où le pays se bat pour recevoir le deuxième compact du MCA. C’est une ombre sur un tableau qui commence à exhaler des parfums de réussite.

        Car les améliorations obtenues ces derniers mois grâce aux réformes entreprises sont réelles. Le flux des marchandises s’est sensiblement amélioré. Il est passé de 530.146 tonnes en décembre 2011 à 586.654 tonnes en décembre 2012, soit une croissance de 10,66% en un an. Ces derniers mois, le trafic des conteneurs a également augmenté de 36%, celui des véhicules d’occasion ayant enregistré une progression de 50%. On assiste dès lors à l’amélioration du système de sécurité, la réduction du délai d’enlèvement des marchandises qui passe désormais de 30 à 5 jours maximum, le fonctionnement des services portuaires 24H sur 24, la réglementation des entrées, la réduction du temps de séjour des camions qui passe de 269 heures en janvier 2012 à 3-7 heures maximum actuellement, l’amélioration de la cadence de manutention qui passe de 15 boites par heure en janvier 2012 à 30-40 par heure en 2013.

        C’est tout cela que la 28ème conférence de l’Association Internationale des Ports et Havres (IAPH) a récompensé en octroyant au Port de Cotonou la médaille d’or dans la catégorie Prix de l’Innovation Technologique. Il s’est agi de reconnaitre les résultats obtenus dans la mise en œuvre du guichet unique et dans la gestion rationnelle des entrées, séjours et sorties des camions, casse-tête permanent de l’autorité portuaire. La remise de cette prestigieuse récompense aura lieu à Los Angeles aux Etats-Unis, dans deux semaines.

Le deuxième prix décroché, celui de la Banque Mondiale, a été décerné la semaine dernière concomitamment au profit du Port et du Groupe Bolloré. Emanant de la prestigieuse institution, cette distinction montre que les efforts fournis sont porteurs d’espoir.

       Mais les menaces sont là. Il y a la concurrence qui risque de s’aiguiser dans les prochaines années. Les ports de Lomé et de Lagos s’améliorent considérablement, sous l’impulsion d’investissements colossaux. Le plus inquiétant reste le projet de méga-port dévoilé en novembre 2012 par APM Terminals, filiale du groupe AP Moller Maersk. Il s’agit simplement d’un méga-port en eaux profondes sur la zone franche de Badagry, c’est-à-dire à quelques kilomètres seulement d’ici. Annoncé pour être l’un des plus gros en Afrique, il devrait couvrir 7 km de quais, 1000 hectares de zone portuaire, des installations de manutention pour les conteneurs, le vrac liquide et solide, le roulier et les colis lourds, une capacité d’accueil pour les navires offshore et un terminal fluvial. Une zone adjacente accueillera une usine thermique, une raffinerie, des magasins de stockage et une zone de distribution des conteneurs. La première phase des travaux est attendue pour démarrer début 2016, et devrait permettre au Nigeria de faire face à la croissance attendue de ses trafics conteneurisés, prévus pour atteindre les 10 millions d’EVP d’ici à trente ans, contre 1,4 million en 2011.

Le port de Cotonou ne saurait rester indifférent à cette menace, d’autant d’ailleurs qu’une bonne partie de ses recettes provient du port relais qu’il constitue pour le port de Lagos trop souvent congestionné. Il faudra prendre les taureaux par les cornes…

        A tout cela s’ajoute le défi de la gouvernance. Il suffit de voir le régime managérial scabreux instauré par le tricéphalisme incongru où croupit l’institution. Il y a d’abord le Chef de l’Etat qui agit en réalité comme le Directeur général du port. Il ne rate aucune occasion pour y aller donner des ordres pudiquement appelés « instructions ». Il y a ensuite le ministre Valentin Agossou Djènontin, son supplétif vigilant et tonitruant. Et enfin le Directeur général lui-même, intérimaire depuis près de deux ans et dont la marge de manœuvre est aussi large que la paume de ma main.

        C’est en tout cas ce trio qui a obtenu les résultats que nous saluons. Il faut maintenant huiler la machine pour en faire un label de qualité.

Olivier ALLOCHEME

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