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Le triomphe de la vérité

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Edito du 1er mars 2013: La dette et la faillite


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S’il est un domaine où nos Etats ont une image nettement plus avenante que celle des pays européens, c’est bien celui de la dette publique. Elle est nettement plus soutenable chez nous que dans les pays développés. En Eurozone par exemple, l’endettement de la plupart des pays se situe à un niveau moyen de 90%.  Ceci contraste avec la situation de nos pays, à peine sortis de programmes d’ajustement structurel (PAS) plus que vigoureux. Moins de dettes, moins de dépenses publiques, maîtrise forcenée des masses salariales… L’austérité imposée a partout contraint les Etats à limiter le recours à la dette.

        Un pays comme le Bénin qui a un niveau d’endettement d’environ 30% ferait pâlir d’envie une certaine Italie (120%) ou encore une Grèce (plus de 158 % du PIB à fin 2011).   Dans ces Etats à la productivité avérée, le seuil communautaire de 80% imposé a été franchi depuis des années. Il faut des efforts surhumains avec des cures d’austérité intenables pour revenir à la norme. Les événements en Grèce, en Espagne ou même en Italie ont néanmoins prouvé que ce serait impossible, à court terme.

        A contrario, la grande flexibilité des économies africaines leur a permis de rester sobres jusqu’ici en matière d’endettement. Les normes UEMOA imposent  un plafond de 70%, un plafond dont la plupart des Etats sont loin aujourd’hui. En atteignant le point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés), certains Etats comme le Bénin, la Côte-d’Ivoire et le Togo ont bénéficié de substantiels allègements de dettes qui ont facilité les choses. Quelques pays sont néanmoins surveillés comme du lait sur le feu. C’est le cas du Sénégal dont l’endettement est passé de 23 % en 2006 à un peu plus de 41,5 % du PIB en quelques années seulement.

 Les déficits budgétaires maitrisés sont les signes patents de la bonne tenue de l’Afrique. Cependant, les efforts ne sont pas toujours sanctionnés par des résultats.  Pour 2013, par exemple, le Bénin prévoit un déficit budgétaire de 3,4% (contre 4,1% en 2012 et 3,6% en 2011).

 Le financement de ces déficits s’opère de plus en plus grâce au recours aux emprunts obligataires. En vogue depuis quelques années seulement, ce recours au marché obligataire constitue un pas de plus dans l’ouverture des Etats à des financements innovants venant souvent de la sous-région ou même du marché international.

Le cas de la Côte-d’Ivoire qui a réussi l’année dernière à mobiliser en quelques jours plus de 4000 milliards de FCFA à Paris, reste une excellente leçon pour les Etats. Avec elle, il y a  le Cameroun, le Sénégal, le Tchad, le Burkina Faso et le Gabon qui ont suivi cette tendance. Quant à la Zambie, elle  a fait sensation  en mobilisant près de 400 000 milliards de FCFA (583 millions d’euros) en septembre 2012 !!! Ces émissions obligataires, très rémunératrices et jugées sans risque, sont appréciées des investisseurs.  Il est vrai que dans le cas zambien, par exemple, les perspectives liées à l’exploitation des minerais de fer et de cuivre dont le pays détient des gisements colossaux ont pu allécher bien des investisseurs. Le cas ivoirien en dit aussi long, d’autant que les ambitions pharaoniques du Président Ouattara ainsi que les potentialités du pays ont fait passer au second plan le défi sécuritaire de la Côte-d’Ivoire. L’Afrique est clairement devenue un pôle majeur d’investissement.

Le Bénin s’engage à saisir cette opportunité. En mai, il donne rendez-vous à tous ses bailleurs de fonds pour une table ronde prévue pour se tenir toujours dans la capitale française. Dans son pipeline, figurent des projets de grande envergure destinés à attirer les investisseurs. Nous entrons de plain-pied dans la finance de marché avec ses potentialités, mais aussi ses contraintes juridiques et professionnelles.

        L’un des avatars actuels est le surendettement des ménages, dans un pays comme l’Afrique du Sud. Avec une économie largement ouverte sur les produits financiers, le pays fait face cependant à des risques liés à la faible solvabilité des ménages.  Cette situation rappelle de très mauvais souvenirs, notamment aux origines mêmes de la crise financière de 2007-2008 aux Etats-Unis.

        Moralité : l’endettement même des Etats peut déraper et provoquer des torrents impossibles à maitriser !!!

  Olivier OLLOCHEME

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