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Le triomphe de la vérité

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Edito du 13 février 2013: Pour un Pape Noir


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Papam non habemus. La renonciation du Pape Benoît XVI a produit dans le monde entier un électrochoc  à la mesure de la figure planétaire qu’il représente. Et pour cause, il n’y eut aucun exemple de ce type dans l’histoire moderne de l’Eglise  catholique romaine. Il faut, en effet, remonter jusqu’en 1415 pour voir un événement de cette taille avec le Pape Grégoire XII qui renonça à ses charges en pleine crise schismatique.  Benoît XVI abdique pourtant en 2013 sans que rien n’ébranle outre mesure   l’unité de l’Eglise. Il n’y eut donc que sa  santé pour le contraindre à prendre cette décision d’un courage inouï et d’une profonde humilité. Pour comparaison, on se rappellera que Jean-Paul II, même miné par la maladie de Parkinson et ployant sous  le poids de l’âge, aura choisi de mener son pontificat jusqu’au bout. Jusqu’au bout de la mort.

 On le voit, diriger plus d’un milliard d’hommes et de femmes et y renoncer  par soi-même n’est pas donné à n’importe qui. Surtout pas aux politiques africains qui s’affrontent pour briguer le moindre strapontin et y savourer jusqu’à la démesure les délices qui y sont attachés. Saluons enfin en Joseph Ratzinger un intellectuel exceptionnel resté jusqu’au bout un remarquable théologien foncièrement et intimement engagé dans sa mission : sauver les âmes pour Christ et rendre témoignage de son infinie bonté. Voilà l’homme.

 L’Eglise qu’il laisse choquée et troublée affronte depuis peu de nombreux scandales. L’on se demandait jusque-là si elle saura se relever de tous ces coups reçus, de toute cette plaie béante ouverte en son fronton. Temps de crise, temps de grâces, elle doit maintenant engager le chantier de l’élection d’un nouveau souverain pontife, période d’une exceptionnelle délicatesse, si l’on sait les rivalités inévitables qui surgissent en ces occasions-là. Qui donc remplacera le Pape allemand ?

        La question ainsi posée inquiète surtout les Africains. Evangélisés il y a à peine deux siècles, nous sommes loin des terres de foi éminente qui ont porté jusqu’à nous le flambeau combien sacré de l’Eglise. L’Europe, mère de l’Eglise et lieu géographique  par excellence de sa naissance, n’a pas à rougir de son rôle dans la préservation et la transmission de l’héritage. L’Eglise et son milliard de chrétiens dans le monde en constituent le témoignage le plus vibrant.

 Mais aujourd’hui, les nations émergentes de la foi n’ont plus rien à envier au vieux continent. Qu’il s’agisse de l’Asie, de l’Amérique ou de l’Afrique, l’Eglise a définitivement établi ses assises dans des parties du monde qui, il y a encore quelques siècles, lui étaient totalement inconnues. Au point même de dépasser l’Europe  par la ferveur de son adhésion et la croissance du nombre de ses baptêmes. Je me plais même à penser que si l’Eglise a encore une espèce de sursaut à réaliser, c’est sur ces terres jadis athées mais combien chrétiennes aujourd’hui qu’il lui sera nécessaire de le faire.

 Je me souviens encore du 20 novembre 2011, jour où le Stade de l’Amitié, plein comme un œuf, devait accueillir la messe papale clôturant les trois jours de visite du souverain pontife. Une incroyable ferveur avait animé la foule de bout en bout, un peu comme si elle rencontrait en personne le messie. Et au long des trois jours de son périple, une foule constamment en liesse a pu saluer Benoît XVI, allant jusqu’à s’aligner sur tout son parcours même jusqu’à Ouidah !  Il en est de Cotonou comme il en a été de Douala au Cameroun ou de Luanda en Angola où il y eut même des bousculades gigantesques ayant occasionné des morts. Assurément, l’Afrique n’est plus une terre à conquérir pour l’Eglise. Elle n’a donc pas une place à revendiquer, mais un rôle à jouer : communiquer sa flamme au reste de la terre au nom de l’Eglise. Réveiller surtout la vieille Europe à la foi vacillante  après tant de soubresauts.

C’est pourquoi, nul mieux qu’un Africain ne saurait aujourd’hui briguer la succession de Benoit XVI. Qu’on le sache, au moment où les églises ne désemplissent pas chez nous, elles sont désespérément vides à Paris ou à Milan ou à Berlin, devenant carrément dans bien des cas des reliques d’un passé révolu. Le sursaut attendu ne fera que régénérer le baptême en ces pays de vieille tradition chrétienne comme ailleurs dans le monde. Mais ici, comme ailleurs, seul le Seigneur choisit le berger de son troupeau. A lui, toute gloire, éternellement.

Olivier ALLOCHEME

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