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Le triomphe de la vérité

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Edito du 08 février 2013: Les dépenses de la route


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La dégradation des routes. Ce n’est plus une vue de l’esprit, c’est une réalité palpable que tout Béninois vit dès qu’il sort de Cotonou. Tant et si bien que le Chef de l’Etat lui-même s’oblige à de longs périples en hélicoptère pour éviter les routes cahoteuses. Parsemées de nids de poules après quelques années seulement d’utilisation, les routes  béninoises sont vite devenues des gouffres financiers. L’Etat y engloutit une bonne partie de ses deniers et le Fonds routier se retrouve incapable de faire face aux réparations, tant elles sont nombreuses, multiples et multiformes. Nos Chefs d’Etats sont contraints de faire le tour des grandes chancelleries étrangères pour solliciter les ressources  nécessaires, efforts qui s’avèrent bien inutiles quelques années plus tard du fait de la qualité des infrastructures et de l’incivisme généralisé.

        Mais alors pourquoi des routes construites normalement pour une durée de 15 à 20 ans se dégradent-elles en moins de cinq ans ? La particularité de notre pays est déjà dans l’incivisme déroutant  des usagers. Chacun se comporte comme si les infrastructures construites ne sont pas le fruit de nos sueurs et de nos souffrances. Avant même qu’elle ne soit officiellement inaugurée, la route Godomey-Calavi a subi des dégradations incroyables. Poteaux arrachés, feux de signalisations mis en pièces, terre-pleins centraux saccagés, chaussées trouées, la liste des avanies infligées à cette infrastructure  est d’une longueur affligeante. Chaque jour y ajoute d’ailleurs son lot, malgré les menaces les plus fermes des autorités communales.

 Il y a aussi l’échangeur de Godomey. Son portique a été saccagée plus d’une fois, obligeant l’entreprise chinoise en charge des travaux à la reprendre à grands frais. Aujourd’hui, tout le monde peut observer les casses opérées déjà par quelques automobilistes dont on se demande s’ils ont une mission particulière, détruire l’échangeur avant même son inauguration officielle.

La vitesse inouïe  avec laquelle bon nombre d’usagers circulent sur nos artères est l’une des causes principales de la situation. Un accident est vite survenu et les dégâts s’amoncèlent d’autant.

Mais il y a aussi la qualité réelle de ces infrastructures. Pendant que l’axe Bohicon-Parakou inauguré depuis plus d’une décennie est encore presque à l’état neuf, Cotonou-Pahou s’est vite dégradé en quelques années seulement et Parakou-Djougou est devenu un piège à hommes.  Les récents efforts d’aménagement du réseau routier ont transformé le visage de certains axes, faisant oublier  qu’ils ont été réalisés dans des conditions calamiteuses.  

L’exemple du Burkina-Faso  fait carrément école dans la sous-région. La durée moyenne des routes y est de 15 ans, non pas du fait d’entreprises étrangères payées à grands frais comme chez nous, mais de sociétés burkinabè ayant réussi à tropicaliser les techniques de construction. Ici, pas question de confier aux étrangers des projets nationaux capables de générer des emplois et de créer des investissements à long terme pour le pays.

Les partenaires au développement s’inquiètent même ouvertement de cette particularité béninoise. A l’une de ses rencontres avec le conseil communal de Calavi, l’un des chefs de délégation étrangère en poste chez nous n’a pas manqué de menacer d’arrêter le financement des routes qui se dégradent trop vite à son goût. C’est que la route coûte  vraiment cher. Au point que certains bâilleurs de fonds préfèrent investir dans les bâtiments administratifs, l’agriculture ou l’éducation, plutôt que d’y ensevelir leurs ressources.

        D’un autre point de vue, la frénésie compulsive avec laquelle nos entreprises nationales sont écartées des projets de construction de route mérite réflexion. Si l’on compte toutes les sociétés intervenant dans le secteur aujourd’hui au Bénin, à peine l’on trouverait une seule béninoise qui ait pu sortir de l’hécatombe engendrée par la préférence étrangère. S’il faut faire des efforts pour renforcer les capacités techniques de nos entreprises nationales, il est indéniable que la politique actuelle livre le Bénin à une dépendance dont les conséquences sont incalculables.

        En un mot, il y un besoin plus qu’urgent de nationaliser la construction des routes, en veillant à faire jouer son rôle au Fonds routier. Lorsque les postes de péage multiplient leurs frais par deux comme à Grand-Popo par exemple, l’usager doit bénéficier d’un confort équivalent. L’économie nationale aussi.

 Olivier OLLOCHEME      

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