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Le triomphe de la vérité

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Hôpital de zone d’Abomey-Calavi/Sô-Ava: Licenciements d’agents, renvoi de malades, Kindé Gazard promet remettre les pendules à l’heure


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Les soins sont désormais difficilement administrés à l’Hôpital de zone d’Abomey-Calavi/Sô-Ava dans le département de l’Atlantique, sinon quasi inexistants. Et les déclarations de dame Simone T. viennent confirmer la situation que vit cet hôpital de référence de la commune la plus peuplée du Bénin. A en croire ses propos, la gravité du mal qui l’avait conduit dans l’hôpital au soir de ce 1er janvier 2013 n’a guère émoussé l’ardeur des responsables du centre à lui demander, d’aller se faire soigner dans un autre hôpital.

Malheureusement, elle ne sera pas la seule dans le cas, d’après les informations recueillies récemment sur les lieux. Le constat fait dans la soirée du 05 janvier a révélé que les salles de soins étaient vraiment vides, même celles des soins intensifs qui étaient d’ailleurs fermées. Ni agents de santé, ni malades n’étaient dans celles dont on pouvait voir l’intérieur par les fenêtres. Et c’était ainsi depuis la nuit du 31 décembre 2012. Actuellement, la maison manque de personnel mettant les activités de soins au ralenti. Car, la chaîne de travail a pris un coup.

Les raisons : la résiliation du contrat de 46 agents

Le renvoi des malades et le déficit d’agents de santé sont dus, selon le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des services de santé humaine (Syntrasesh) – section Atlantique, Marcel Lokossou au licenciement de 46 agents occasionnels. Dans leurs rangs, des infirmiers, des kinésithérapeutes, des sages-femmes, des aides soignants, des techniciens de laboratoire, des radiologues, des agents d’entretien.

Selon les informations reçues auprès des victimes qui sont, en réalité, payés sur fonds propres de l’hôpital, il ressort que les responsables de cette formation sanitaire n’entendent plus les garder en raison des clauses du contrat les ayant autorisé à mettre leurs compétences ou autres au service de l’hôpital. Une situation confirmée par le secrétaire général de ce syndicat.

Selon, Marcel Lokossou, à l’origine, « les agents licenciés étaient sous contrat de prestation quand, un jour, certains parmi eux ont décidé de faire annuler par les responsables de l’hôpital ce contrat pour un autre en bonne et due forme. C’est ce qui a donné naissance à un contrat de travail saisonnier de six (06) mois une fois. Au terme des améliorations de la nouvelle appellation à donner à ce contrat, il aurait été décidé, de commun accord avec les autorités et les agents, d’arrêter un ‘’contrat de six mois non renouvelable au 31 décembre 2012’’ ».

Le nouveau recrutement divise la direction et le syndicat

Le syndicat n’entend pas avaler la pilule que lui tend le directeur de l’hôpital, Yessoufou Daouda. Et cela, en raison du fait que le directeur serait en train d’effectuer de nouveaux recrutements contrairement aux décisions du Chef de l’Etat. En effet, il a été constaté que les licenciés sont en train d’être remplacés contrairement aux textes en vigueur. Or, le décret N°2007-592 du 31 décembre 2007 portant régime d’emploi des Agents contractuels de l’Etat (Ace), en son article 113, a déjà interdit cette procédure.

Il stipule que « tout recrutement doit passer par le ministère de la fonction publique ». Mieux, l’actuelle ministre de la santé publique l’a rappelé à travers la lettre circulaire N°7389/ MS/DC/SGM/DRH/SGSC du 16 novembre 2012, qu’elle a adressée à tous les gestionnaires d’hôpitaux. Cette lettre interdit tout recrutement d’agent par les directeurs d’hôpitaux, les médecins-chefs et coordonnateurs de zone.

Le syndicat déplore la gestion de l’actuel directeur

Tout comme les populations de la commune d’Abomey-Calavi et ses environs, le syndicat de l’hôpital se désole, lui aussi, de l’acte. Selon Marcel Lokossou, la gestion du centre étonne de plus en plus le personnel. « La politique a pris le pas sur la mission première du directeur ». Pas plus tard que le 14 décembre, la mauvaise gestion de la direction a conduit les différents camps devant la ministre qui a réussi à désamorcer la bombe de sit-in suivi de suspension de travail que voulait faire exploser le syndicat dès le 17 décembre 2012.

En effet, dans sa motion, le Syntrasesh a fustigé le non respect des engagements pris par le directeur de l’hôpital et les menaces permanentes des responsables syndicaux. Selon les responsables syndicaux, le directeur mute, selon son gré, les responsables syndicaux de leurs postes ainsi que les agents de la buanderie. Les syndiqués sont anarchiquement déplacés au niveau de certains services de l’hôpital qui ne sont pas de leur compétence, sans raison valable.

Par ailleurs, le syndicat estime que le directeur doit surseoir, en respect aux décisions du pouvoir supérieur, tout recrutement, surtout que la ministre de la santé avait demandé de surseoir à la mise en œuvre de tout acte administratif pris dans la période du 26 novembre 2012. Ceci en attendant la clarification de la situation au niveau de l’hôpital. Pour ce faire, l’autorité a instruit l’inspection générale du ministère et les directions des ressources financières et des ressources humaines pour la réalisation d’un audit de la gestion globale de cet hôpital.

La part de vérité du directeur

A plusieurs reprises, nous avons cherché à recueillir la réaction du directeur de l’hôpital, Dr Yessoufou Daouda. Mais il a fait comprendre au téléphone qu’il est, depuis quelques jours, à la disposition d’une commission d’enquête du ministère de la santé. Aussi, a-t-il ajouté, qu’il ne saurait s’adresser à la presse sans l’autorisation de ses responsables hiérarchiques. De peur que l’information soit étouffée, nous avons effectué le mercredi 16 janvier aux environs de 18 heures une visite surprise dans l’hôpital pour constater sa disponibilité. Cette fois-ci, le directeur était dans son bureau.

Mais une fois encore, il s’est dit désolé de ne pas pouvoir nous recevoir sous prétexte qu’il revenait d’une séance de travail au sujet de laquelle il faisait la restitution à ses collaborateurs. Nos tentatives pour le conduire à répondre à nos questions ont été vaines. Et c’est à l’occasion d’une descente effectuée le vendredi 18 janvier dernier par la ministre de la santé, le Professeur Dorothée Kindé Gazard que nous l’avons entendu dire : « Nos recrutements ne sont pas effectués de façon fantaisiste. On n’a fait que prendre des vacataires ». Une décision qui, selon lui, se justifie pas le refus de certains agents qualifiés d’assurer certaines tâches et parfois les permanences.

La ministre engagée à remettre les pendules à l’heure

Très remontée par la situation qui prévaut au sein de l’hôpital, la ministre de santé, le Professeur Dorothée Kindé Gazard a effectué le vendredi 18 janvier 2013 une descente avec le conseiller technique du Chef de l’Etat, Alexandre Hountondji. D’après un point fait du personnel existant, il ressort que « sur 109 agents qui y travaillent, seulement 15 avaient les aptitudes professionnelles requises pour administrer des soins ». C’est dire que tout le reste est constitué d’agents occasionnels recrutés par la direction.

Une situation que l’autorité ministérielle a déplorée en invitant la direction à se conformer aux textes et lois en vigueur dans le secteur sanitaire. Selon la ministre, le non respect des textes sera interprété comme une insubordination à l’autorité de tutelle. En poursuivant, elle a estimé que « seule la direction départementale peut autoriser la direction à recruter des agents contrairement à ce qui se constate actuellement dans l’hôpital et ce, en attendant que le recrutement ne soit fait par les ministères de la santé et de la fonction publique. Mais cela n’a pas été le cas avec le directeur de l’hôpital de la zone sanitaire Abomey-Calavi/ Sô-Ava, qui se serait permis d’opérer ses recrutements sans consulter ses supérieurs hiérarchiques.

Cependant, la ministre a reconnu que le personnel sanitaire est vieillissant et des communications ont été déjà faites en conseil des ministres pour le recrutement de nouveaux agents qualifiés. Dans son intervention, le Professeur Dorothée Kindé Gazard a également regretté le comportement des différents agents qualifiés qui ne veulent pas répondre aux programmations pour la permanence. Elle souhaite remédier à cette situation qui met à mal les soins à la population. Les résultats de l’audit effectué sur la gestion nous situeront mieux les prochains jours.

Emmanuel GBETO

 

 

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