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Echec des grèves dans l’enseignement: Le virus de la division tue la lutte syndicale


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Les responsables syndicaux avec lesquels le front devra néccessairement aller en lutte

Le Front d’actions des syndicats des trois ordres d’enseignement est plongé dans une profonde crise. Le résultat mitigé de la grève des 11 et 12 décembre derniers a montré au grand jour ce que beaucoup redoutaient. Enquête.

L’échec de la grève des 11 et 12 décembre est le dernier acte d’un mouvement de houle qui a lieu au sein du Front d’action des syndicats des trois ordres d’enseignement. Huit (08) syndicats dont sept (07) de l’enseignement primaire et un (01) du secondaire sont en désaccord profond avec le Front.

Il s’agit du Syndicat national des enseignements maternel et primaire du Bénin (Synemp) de Martin Bakary, du Syndicat national des professionnels de l’éducation à la base (Synaproeb) de Marc Yêtonon, du Syndicat du Collectif national des enseignants contractuels de l’Etat (Scnece) de Liafissi Ayélo, du Syndicat des enseignants de la maternelle et du primaire des instituteurs, institutrices et assimilés des écoles publiques du Bénin (Synia/Ep) de Barnabé Koudjou, du Syndicat national des enseignants pour une éducation rénovée (Synaere) de Grégoire Dansou.

Considérés par le bureau du Front comme des « syndicats renégats », ou encore des « divorcés syndicaux », ils ont été suspendus du mouvement le 26 mars 2012 pour « haute trahison », suite aux grèves ayant émaillé l’année scolaire écoulée. D’après le secrétaire général du Syndicat des enseignants de la maternelle et du primaire du Bénin (Semp-Bénin), Thomas Hounguè, suspendu du Front, c’est depuis 2011 que les propositions des syndicats de base sont boycottées par les porte-paroles du front et mises en quarantaine lors des négociations avec le gouvernement. Mieux, le Front se serait, selon lui, laissé manipuler par les centrales et confédérations syndicales pour mal orienter les négociations.

« Lors des échanges avec le gouvernement, le Front vient au second rang et ne parle même pas », a déploré Thomas Hounguè. « Ce qui est revendiqué n’est plus ce qu’il fallait », a renchéri le secrétaire général du Syndicat national des professionnels de l’éducation à la base (Synaproeb), Marc Yêtonon. Selon lui, « l’erreur est partie du fait qu’à un moment donné, il a été décidé que les 1.25 revendiqués soient ramenés sur l’indice. Or, avant cela, les enseignants du primaire devaient avoir leur statut propre comme leurs collègues de l’enseignement supérieur ».

Pour Ghislain Magloire Lokonon Secrétaire général du SYNEPEQ-Bénin, la plupart des signataires de la motion de grève soit ne sont que des figurants soit ont agi sans conviction. Ajouté à cela, il pointe du doigt l’adhésion du Front au Haut conseil syndical, une adhésion qui se serait réalisée sans consultation des responsables syndicaux membres du Front.

 Le primaire se sent manipulé

Selon leurs responsables, les syndicats de l’enseignement primaire sont relégués au second plan par le Front. Pour Marc Yêtonon, « dans le système syndical aujourd’hui, quand certains syndicats sont supprimés ou minimisés, on ne doit que s’attendre à des échecs du genre ». « L’enseignement primaire compte aujourd’hui plus de 20.000 militants de par le territoire national ». Il n’en fallait pas plus pour que les dissidents suspendus organisent une « tournée nationale syndicale » contre la motion de grève du Front le 04 décembre dernier.

Ils se sont désormais organisés en une « Coordination des syndicats des enseignements maternel et primaire (Csemp) ». « Nous leur avons dit qu’ils feront face aux désagréments qui découleront des grèves, une fois observées », a admis Marc Yêtonon. Les contestataires ont brandi comme preuve de l’instrumentalisation du primaire le fait qu’une formation des enseignants du secondaire démarrait le 10 décembre, tandis que la grève a été annoncée pour les 11 et 12 décembre. Le primaire se trouverait donc seul au combat et subirait les défalcations sur salaires.

 Des soupçons de corruption

Pour beaucoup d’enseignants, les menaces de défalcations sur salaires n’auraient pas été au centre de l’échec de la grève. Selon le secrétaire général du Syndicat des enseignants de la maternelle et du primaire du Bénin (Semp-Bénin), Thomas Hounguè « il s’agit plutôt de la discorde qui règne actuellement en notre sein ». Il estime que le mode revendicatif est mal monté et qu’il faudra adopter une nouvelle stratégie. Le gouvernement n’a pas raté l’occasion de la division du Front pour faire jouer sa menace de défalcation. Injustice à outrance, suspicion, intolérance, égoïsme, corruption généralisée sont les maux qui mineraient le Front. « Je sens que nos responsables syndicaux nous trompent », nous a confié un enseignant du secondaire sous anonymat. Dans son établissement, le CEG le Littoral, aucun enseignant n’a suivi le mot d’ordre de grève. Des soupçons de corruption fusent de toutes parts, donnant aux enseignants l’impression d’être manipulés par leurs propres syndicats.

 Il y a péril en la demeure

Dans tous les cas, la situation du Front est devenue dramatique. Au point même que l’un des porte-paroles de la coalition s’est vu contraint d’organiser le 10 décembre, à la veille de la grève, une « journée de concertation et de réflexion ». Cette journée convoquée par Bertin Hessou a d’ailleurs commencé par un mot de bienvenue qui en dit long. « Il y a péril en la demeure et l’heure n’est pas aux critiques mutuelles », a-t-il laissé entendre d’emblée.

« Car le Front est en agonie par la division des syndicats du MEMP [maternel et primaire] au sein du Front », note Bertin Hessou. Pour Ghislain Magloire Lokonon, il est temps d’envisager une « inter-fédérations » regroupant toutes les fédérations de l’éducation au sein des centrales. La véritable question est de savoir si les responsables de la coalition créée en 2004 sauront voir les choses en face pour éviter la déconfiture.

Emmanuel GBETO

 

 

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