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Le triomphe de la vérité

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Samuel Eto’o :« Je ne me considère jamais comme une star »


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Samuel Eto’o «Nous voulons aller le plus loin possible»

Le 19 août 2011, le FC Anzhi Makhachkala, club du Daghestan, créait la surprise en recrutant pour 27 millions d’euros Samuel Eto’o, alors joueur de l’Inter Milan. L’attaquant camerounais devenait alors le joueur de football le mieux payé au monde avec un salaire de 20,5 millions d’euros net par an. A la veille du match d’Europa League entre Anzhi et le club italien de l’Udinese, le 22 novembre, le joueur a accepté de se confier au Courrier de Russie.

Qu’est-ce qui vous a poussé à signer au club d’Anzhi ?

Samuel Eto’o : Je suis un aventurier ! Plus sérieusement, deux raisons m’ont poussé à signer. Premièrement, on m’offrait la possibilité de travailler dans une équipe qui était encore amateur il y a quelques mois et qui avait l’ambition de devenir une des meilleures équipes de Russie et d’Europe. Deuxièmement, on me donnait également l’opportunité d’être reconnu pour tout ce que j’ai réalisé jusque là.

 Aviez-vous des à priori sur la Russie avant de venir ?

S. E. : J’étais déjà venu jouer en Russie avec mes anciens clubs mais je ne restais jamais plus de quarante-huit heures. Je ne connaissais donc pas vraiment la vie en Russie. Tout le monde me parlait surtout du froid.

 Le froid est-il difficile à gérer lors des entraînements et des matches ?

S. E. : Le froid est supportable, car il existe des moyens de se protéger. Nous pouvons porter des gants ou appliquer des crèmes pour nous réchauffer, par exemple. Le problème vient plutôt des terrains qui deviennent impraticables : en hiver, en Russie, le football devient totalement différent. Il faut se réadapter à une nouvelle façon de jouer. Ce n’est pas évident.

Ce n’est pas compliqué de concilier la vie et les entraînements à Moscou et les matches de championnat au Daghestan ?

S. E. : Pour une raison ou une autre, ils ont effectivement décidé que nous nous entraînerions à Moscou mais ce n’est pas plus mal. Nous devons voyager chaque semaine quand nous jouons à Makhachkala ou à l’extérieur. C’est une sacrée expérience et il faudra que je la raconte un jour à mes enfants ! Je voulais me faire ma propre opinion, découvrir le Caucase et Makhachkala.

Connaissiez-vous le Daghestan ?

S. E. : Non, les gens me parlaient surtout des problèmes de sécurité de la région mais je voulais me faire ma propre opinion, découvrir le Caucase et Makhachkala. Par ailleurs, j’ai eu de la chance en tombant dans un bon groupe avec un grand entraîneur, Guus Hiddink. Aujourd’hui, les choses se passent plutôt bien dans l’ensemble.

Quelles sont vos impressions sur le pays ?

S. E. : Je trouve les gens plutôt tranquilles même si je ne les vois que deux ou trois heures sur les quarante huit heures que je passe au Daghestan toutes les deux semaines. Le stade Dynamo [le stade de Makhachkala, ndlr] est une des seules enceintes où je n’ai jamais vu les supporters insulter les joueurs de l’équipe adverse. Les médias renvoient souvent une image négative et ne montrent que les problèmes politiques du Caucase Nord. Nous, nous ne faisons pas de politique, nous jouons au football.

L’UEFA (l’Union des associations européennes de football) a pourtant refusé que les matches à domicile du FC Anzhi Makhachkala se tiennent au Daghestan pour des raisons de sécurité, qu’en pensez-vous ?

S. E. : J’ai pris l’initiative d’interpeller le président de l’UEFA, Michel Platini, en lui disant que les supporters d’Anzhi aussi ont le droit d’assister à des matches de football. Il faut que nous jouions nos matches d’Europa League au Daghestan. Il suffit d’aller au stade Dynamo pour constater que celui-ci est toujours rempli. Les supporters sont fidèles et encouragent leur équipe quoiqu’il arrive.

Les à priori de l’UEFA ne sont donc pas justifiés ?

S. E. : Non. Aujourd’hui, la sécurité est une notion très relative. Même si je marche avec 200 000 gardes du corps, que je suis armé jusqu’aux dents, à Manhattan ou sur les Champs-Élysée, si quelque chose doit arriver, je ne pourrais rien y faire. Comme je suis un aventurier, je me dis donc : « Vas-y, vis cette expérience et ce qui doit arriver arrivera. » Moscou est une ville qui change tout le temps

Votre vie est-elle différente de celle que vous aviez avant ?

S. E. : Pas vraiment. Je suis un amoureux de New-York et Moscou me fait penser à cette ville parce qu’elle ne dort jamais. Vous pouvez vous lever à deux heures du matin, il y aura toujours un endroit ouvert pour manger ou pour prendre un verre. J’apprécie d’aller au restaurant de temps en temps et Moscou offre cette possibilité vingt quatre heures sur vingt quatre.

Vous appréciez de vivre à Moscou ?

S. E. : Oui, Moscou est une ville qui change tout le temps. Par exemple, la dernière fois que je suis parti en vacances, les constructions venaient de débuter à l’endroit où j’habitais. Je suis revenu un mois et demi plus tard, tout était presque terminé. Comme à New-York, les gens ne s’arrêtent jamais. J’aime cette mentalité là.

Et que pensez-vous des Russes ?

S. E. : Il faut apprendre à les connaître et dépasser les clichés. Je me sens très bien avec les personnes que je fréquente ici. Je ne vois pas de différences avec celles que j’ai connues auparavant. Nous avons un respect mutuel.

Vous connaissiez déjà un peu le championnat russe avant de venir ?

S. E. : Non, je connaissais quelques équipes contre lesquelles j’avais joué en Ligue des Champions. Mais le championnat en lui-même, je l’ai découvert en arrivant.

Votre notoriété est-elle plus grande en Europe ou en Russie ?

S. E. : Je n’y prête pas attention. Par contre, j’ai retrouvé en Russie le respect que je recevais en Europe. Partout, on respecte mon vécu dans le football et je ne peux que dire merci. Le championnat russe est d’un assez bon niveau

Le fait d’être une star vous donne-t-il un devoir d’excellence ?

S. E. : Non car je ne me considère jamais comme une star. Ce sont les autres qui ont cette vision là. Quand vous êtes dans un groupe, il faut juste être un élément de plus. Il y a un travail que nous devons tous abattre et je le fais comme les autres. Mon plaisir est de faire jouer mes coéquipiers et de me mettre au service du collectif. Si je me regardais en me disant : « Samuel sait marquer des buts alors les autres doivent travailler pour lui », cela ne fonctionnerait pas.

Vous diriez que c’est un championnat homogène comme en France ou plutôt un championnat à l’espagnol avec deux équipes qui dominent largement les autres ?

S. E. : Le championnat russe est d’un assez bon niveau. Son intérêt réside dans son incertitude : un peu comme en Angleterre, toutes les équipes peuvent battre les autres. Un club peut par exemple réaliser une mauvaise performance un week-end et la semaine suivante gagner contre une des meilleures équipes du championnat comme le Zénith Saint-Pétersbourg, le CSKA Moscou ou le Spartak Moscou.

Le championnat russe connaît de nombreux problèmes de racisme notamment chez les supporters. Que pensez-vous de cette situation ?

S. E. : Quand j’ai annoncé ma signature à Anzhi, les gens m’ont dit : « Toi, l’Africain, qu’est-ce que tu vas aller faire en Russie ? » Les gens mettent toujours l’accent sur le racisme en Russie mais le phénomène ne se limite pas à ce pays. Je ne dirais pas non plus que je n’ai jamais entendu d’insultes racistes ici : ce serait faux. Les gens font des cris [des cris de singes, ndlr]. C’est un fléau mondial et je l’ai également connu quand je jouais en Espagne et en Italie.

Comment lutter contre ce problème ?

S. E. : Nous devons tous le combattre mais il faut également s’interroger : « les supporters qui font ces cris sont-ils racistes ? ». Il y a beaucoup de choses qui rentrent en jeu. Par exemple, ils veulent peut-être déstabiliser un joueur adverse parce qu’ils estiment qu’il est très fort. Il faut que nous puissions discuter et que les télévisions et les journalistes apportent une certaine éducation à la nouvelle génération. Il faut faire rentrer dans les têtes que nous sommes tous les mêmes que nous soyons verts, rouges, jaunes, blancs ou noirs.

Quels sont les objectifs du club d’Anzhi ?

S. E. : Nous voulons aller le plus loin possible.

C’est à dire gagner le titre de champion de Russie et remporter l’Europa League ?

S. E. : Le rêve est permis et en plus, il est gratuit. Nous allons donc rêver.

Et à titre personnel quels sont vos objectifs ?

S. E. : Mon objectif est d’emmener cette équipe le plus loin possible.

Et après ?

S. E. : Je pense que mon job sera fait.

Source : Le Courrier de Russie

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