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Le triomphe de la vérité

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Richmir Totah, Président de la Faaben Sous l’arbre à palabres de l’Evénement Précis:« Le milliard culturel est insuffisant face aux demandes trop fortes des artistes »


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Richmir Totah s’exprimant au cours de l’entretien

Président de la Fédération des associations des artistes du Bénin (Faaben), Richmir Totah a accepté se soumettre à l’exercice de question-réponses des journalistes de L’Evénement Précis. C’est à travers l’atypique rubrique ‘’Sous l’Arbre à Palabres’’. De ses actions en tant que promoteur et premier responsable de la Faaben, on en a discuté dans une atmosphère détendue et sans complexe. C’est l’occasion idéale qu’il a saisie pour aborder les conditions sociales des artistes béninois. Le cas de l’accidenté Belmond Zed a occupé une grande partie des échanges.

                                           Et si on en parlait

Votre mot d’introduction à l’entretien

Je tiens à remercier toute la rédaction du journal L’Evénement Précis parce que c’est la première fois qu’un groupe de journalistes m’invite pour parler du domaine dans lequel j’exerce, c’est-à-dire, la culture. Que vous m’ayez choisi, moi, c’est un grand honneur pour ma modeste personne. Bien que je sois le président de la Fédération des associations des artistes, il y a des personnes ressources bien plus indiquées pour parler de l’art et de la culture en général. Je tiens à vous remercier.

Cela dénote de votre sérieux parce que j’ai eu à accorder des interviews à beaucoup de journalistes et j’ai vu comment cela a été fait. Mais, que je sois devant toute une rédaction, cela me va droit au cœur. Cela dénote également du sérieux dans votre travail, du sérieux qui n’est pas nouveau pour moi parce que je lis votre journal. Je vous remercie aussi du fait que vous ayez mis la culture à une place aussi importante dans le travail que vous faites. On sait que la mode aujourd’hui, c’est la politique.

Quand on voit un journal aujourd’hui, ce n’est pas un événement culturel qui fait la une. Le titre-phare c’est l’événement politique. Alors, transcender cela et accorder cette considération à la culture, nous va droit au cœur et je crois que tous les artistes seront fiers de ce que vous allez faire de ‘’Sous l’arbre à palabres’’. Je suis content qu’il y ait tout ce parterre. Ça me donne la garantie que le débat sera riche et fructueux. Vous avez posé les pas pour faire de la culture un véritable pôle de développement.

Vous êtes le président de la Fédération des associations des artistes du Bénin (Faaben). En mars dernier, vous avez été reconduit pour un second mandat. Après cinq ans d’activités à la tête de cette Fédération, dites-nous l’état des lieux aujourd’hui de la Fédération.

J’ai été élu en 2006 pour remplacer mon prédécesseur, feu Sévérin Akando qui venait de faire cinq ans. Il faut dire que la Fédération n’est pas née du jour au lendemain. C’est le résultat de plusieurs années de lutte. Parce que les artistes avaient compris à un moment donné qu’il fallait se battre pour que les meilleures conditions soient mises en place afin qu’ils puissent développer leur art. C’était des revendications qui se faisaient de façon assez dispersée et ils ont trouvé nécessaire de se réunir.

De ces différentes rencontres, il y a eu la création du collectif des artistes. C’était au temps du doyen Joseph Kpobly. Il y avait Nel Oliver, Marcel Padey et bien d’autres artistes. Ils avaient créé le Collectif des artistes. Ils ont commencé par discuter avec l’administration. C’est ça qui, au bout de plusieurs années, a débouché sur la création de la Faaben. En ce moment, j’étais coordonateur du Vendredi des artistes, un forum créé par le ministère de la culture au temps de Gaston Zossou. Chaque dernier vendredi du mois, les artistes, les journalistes culturels et l’administration se rencontraient pour discuter des problèmes du secteur. On inventoriait les problèmes, on proposait des solutions et les associations devaient, à leur niveau, tenter des débuts de résolution.

Et ça a débouché sur la création de la Fédération des associations des artistes du Bénin. Après cinq ans, le président Akando était malade. Les gens ont estimé qu’il fallait dynamiser l’association. Ils ont choisi ma modeste personne. Depuis 2006 à l’Infosec, je conduit la Fédération. On a fait cinq ans. Effectivement, nous avons continué sur les pas de notre doyen, mais avec de nouvelles initiatives et un nouveau dynamisme. On a eu à diagnostiquer les problèmes et il y en avait beaucoup.

Avec ce renouvellement, les artistes avaient fondé beaucoup d’espoir, beaucoup d’attentes qui dépassaient même les pouvoirs réels, ce que pouvait faire la Fédération. On s’est mis dans le combat. Le premier combat qu’on a mené, c’était d’abord la reconnaissance de l’artiste et de son travail. Ça a beaucoup d’aspects. La reconnaissance de l’artiste dans le concert des différents métiers. Pour cela, il fallait que d’abord les artistes s’organisent eux-mêmes. Vous savez, c’est un milieu qui jusqu’aujourd’hui n’est pas véritablement organisé. Il y a des ébauches d’organisation. Il fallait que chacun sache pourquoi il est arrivé à l’art, pourquoi il est arrivé à la culture.

Est-ce des gens qui ont tout raté, ont raté leurs études ? Qui ont tout raté dans la vie et qui pensent que chanter, danser, faire de la comédie ou dessiner sur des murs est la seule issue ? Il fallait déterminer ça. Parce qu’on a vu en notre sein et jusqu’à présent et vous-mêmes vous le savez, beaucoup de gens qui sont venus dans le secteur pensant que c’est par là qu’ils allaient émerger. Or l’art, c’est d’abord une vocation. C’est un don qu’on cultive, qu’on travaille et qu’on capitalise pour en faire un talent.

 Aujourd’hui, quand vous voulez vous relaxer et que vous allumez la télévision, à des moments donnés, vous zappez parce que celui qui passe ne vous intéresse pas. Il n’a aucun talent et vous vous demandez ce qu’il cherche là. Il y a des gens qui n’ont pas le talent mais qui forcent. Or, l’art c’est un domaine de création d’œuvres de l’esprit. Si vous n’êtes pas doué, intelligent, équilibré vous aurez beau faire, vous passerez à côté. C’est comme dans votre métier aussi.

 Même si des gens ont envie de faire du journalisme, il faut qu’ils aient une aptitude pour cela, qu’ils se forment. C’est encore plus grave dans le domaine de l’art. Vous voyez des artistes qui chantent du matin au soir mais il n’y a rien qui se transmet. Vous ne sentez rien au niveau du texte. Bref, Il fallait une prise de conscience entre nous-mêmes, en nous rencontrant, en nous réunissant pour dire la vérité.

Ensuite, il fallait que l’autorité qui est en face et qui nous administre considère les artistes comme de véritables acteurs culturels. Qu’on ne considère pas les artistes comme des bouffons qu’on invite par moment pour animer la galerie ou distraire les gens, mais qu’on ait une vision claire et constructive de la culture et des acteurs qui l’animent.

Nous avions aussi convenu qu’il fallait que nous nous investissions personnellement dans l’encadrement et le coaching des artistes chacun dans son domaine de compétence. Quand je prends mon exemple, j’ai aidé et conseillé beaucoup d’artistes. Je leur demande de montrer ce qu’ils savent faire. S’il a une maquette, on l’écoute. Quand c’est bien, je le leur dit et quand c’est mauvais je le leur dit aussi. Dans ce dernier cas, qu’est-ce qui se passe ? Certains sont choqués et quand ils ont les moyens, deux semaines, un mois ou deux après, vous les voyez à la télé ils ont sorti l’album et au lancement vous voyez les parent et amis, ministres ou directeurs.

Ils y mettent de l’argent, le produit sort mais ne peut pas être vendu. Le produit ne peut pas être consommé parce qu’il est nul, ne répond pas aux normes. Vous êtes des journalistes et quand vous voulez écrire un article, il y a des normes, des techniques, des règles. C’est comme ça aussi au niveau de l’art. Moi, j’ai été pendant trois ans membre du jury du Bénin Golden Awards. Les premières années, le promoteur que vous connaissez bien et que je respecte beaucoup, n’était pas toujours d’accord avec nos délibérations. Mais au fur et à mesure, il s’est rendu compte de la véracité de nos actes.

Si vous avez suivi la première édition des Bénin Golden Awards, il n’y avait pas eu de prix attribué aux femmes dans la catégorie musique moderne. Le jury n’avait pas délibéré parce que les œuvres proposées n’étaient pas de bonne qualité. En ce qui concerne les arrangeurs à la deuxième édition, nous n’avions pas délibéré aussi parce qu’il fallait qu’on ait la maquette de l’artiste avant le travail de l’arrangeur, et le produit final après l’intervention de l’arrangeur. Ça me permet de juger ce qui a été fait entre temps. On n’avait pas ça et donc on n’a pas donné de prix. L’artiste vous lui dites la vérité mais parce qu’il a des parents nantis, il sort quand même le produit. Mais le produit ne marche pas et il revient à la case départ. Généralement, certains ne posent pas la question de savoir pourquoi le produit n’a pas marché. Ils vont sur un deuxième produit.

 Et c’est pourquoi vous allez voir des artistes qui sont à leur quatrième album sans émerger. Vous ne pouvez pas sortir de chez vous pour aller acheter cet artiste-là parce qu’il ne vous dit rien. De la même manière, d’autres ont compris et font du bon travail et le résultat est là palpable. Il n’y a pas de hasard dans ce métier. C’est la plupart de ceux qui ont du succès aujourd’hui et il y en a beaucoup. C’est pourquoi dans le travail qu’on a fait, on n’a pas eu un résultat à 100% et au moins on a eu à assainir un peu et ceux qui ont écouté les conseils et ont compris sont aujourd’hui des artistes qui sont en vogue.

Je vais vous parler du cas de Sessimè. Vous savez qu’elle a été révélée par le concours Star Promo. J’étais membre du jury. Il y avait Vincent Ahéhéhinnou, Edgard-Marie de Souza, Randolph Ahouéfa et bien d’autres. Il y avait des gens qui pouvaient bien juger de la qualité d’une œuvre artistique. Ils ont dit comment ils voulaient faire, mais j’ai estimé que si je suis membre du jury, je ne vais pas rester en face ou dans le public pour écouter le son mixé par l’ingénieur du son qui a suivi les répétitions et peut-être mis des effets de corrections. Le jury a été installé en fond de scène pour avoir le son brut, on a écouté et ça a duré plusieurs jours.

Sessimè, unanimement était la candidate qui avait la voix, sans effet, la plus belle, la plus puissante et la plus précise. Elle chantait et ça sortait de son ventre. Elle a été lauréate. Je l’ai perdue de vue. Après, je vois un album qui a été financé par Coca-Cola. J’ai écouté l’album. C’était du R&b, ça chantait en anglais, en français, etc. C’était pratiquement dans le style des chansons qui avaient été proposées pour le concours. J’ai écouté l’album et je lui ai dit qu’en tant que promoteur de spectacle ayant fait plusieurs festivals, si je dois faire un spectacle où le R&b sera joué, je ne l’inviterai pas.

Je m’adresserai aux Etats-Unis où j’aurai un artiste qui fait du R&B. Nous nous sommes revu quelques mois après. Elle m’a fait écouter une chanson en langue Fon, musicalement bien traitée à partir des rythmes de notre patrimoine culturel national. Je lui ai dit qu’elle était sur la bonne voie, de continuer de chanter dans sa langue et de puiser dans notre patrimoine très riche afin d’être comprise, d’être reine chez elle d’abord. Elle a fait le clip et l’a balancé. Ça a eu du succès. C’est sur l’album Wazakoua. Elle m’a fait écouter ensuite deux à trois chansons. On a même écouté certains avec le doyen Nel Oliver.

 Elle a travaillée avec un guitariste talentueux qui aujourd’hui arrange la plupart des chansons que vous écoutez. C’est Fiacre Aïdokinhou, encore appelé Fifi Fender. Lorsqu’elle m’a fait écouter tout l’album, j’ai dit que c’est sans commentaire. Cet album, nous allons le sortir et vous allez voir l’effet. Je me suis investi personnellement. C’était à l’Espace Tchif qu’on avait fait le lancement. J’ai fait venir les ministres Didier Akplogan et Valentin Djénontin. Et aujourd’hui qui peut me dire que Sessimè n’est pas au top aujourd’hui. Après avoir raflé tous les prix, elle voyage déjà un peu partout et a un bel avenir musical devant elle si le travail continu. N’importe qui veut faire quelque chose aujourd’hui, on appelle Sessimè. Ma deuxième expérience a été Adjima.

Il est de Djougou. Il arrive tout doux aujourd’hui dans le septentrion, il a fait le même travail, il a même fait les rythmes du Sud. Donc, c’est un peu l’exemple d’actions individuelles que nous avons faites dans le cadre de la fédération. Parce que dans le cadre officiel de la fédération, on lance les bases. Mais nous même, individuellement, nous devons nous investir dedans. Beaucoup d’autres artistes ont suivi nos conseils. D’autres ont préféré aller très vite et sont dans le coupé décalé des Ivoiriens parce que, parait-il, ça vend vite.

Ceci dit, les actions menées sous notre mandat ont produit des résultats qu’il sera fastidieux d’énumérer ici. Néanmoins, nous nous permettons d’en citer quelques un que nous jugeons assez matériels.

• L’unité d’action retrouvée par les artistes ;

• La mise en place du milliard culturel ;

• Le statut de l’artiste ;

• Les responsabilités au sein du Conseil d’Administration du Bubedra, du Conseil d’administration du Fonds d’aide à la culture, de la Commission Nationale de lutte contre la piraterie (CNLP) ;

• Les lobbyings stratégiques permanents permettant de désigner des responsables de la FAABEN à des missions internationales ;

• Les multiples rencontres avec le Président de la République ;

• L’épanouissement et la reconnaissance de l’artiste béninois ;

• Les multiples crises entre responsables d’associations désamorcées et/ou gérées ;

• Le don d’immobiliers de l’Union Européenne à la FAABEN ;

• La réalité du siège de la Fédération, entre temps transféré ici à Sikècodji ;

• Les efforts qui nous ont permis d’arracher l’organisation et la célébration conjointe avec la FMB de la Fête Internationale de la Musique :

• Les appuis institutionnels aux activités culturelles ;

• La séparation et la préservation du financement des acteurs culturels des acteurs de la société civile dans le nouveau programme PSCC de l’Union Européenne…

Ces résultats n’ont pas été obtenus sur un plateau d’or. Il a fallu oser à des niveaux donnés, voire braver des interdits.

Lors de votre élection en 2006 vous aviez pris comme cheval de bataille l’union des artistes. Mais en 2012, on a remarqué qu’il y a une nouvelle fédération qui est née. On peut alors conclure que vous n’avez pas réussi à atteindre votre but.

Vous savez, dans la vie d’une association ou d’une organisation tout court, il y a des étapes : la naissance, la croissance, la maturation, le déclin et la relance. Aujourd’hui, il y a plein de journaux. Mais vous, vous êtes plus organisé que nous. Vous avez créé des organes de régulation comme l’ODEM, de sorte que la HAAC ne peut pas fonctionner sans vous. Nous, on n’a pas pu faire cela. Mais à un moment donné, il y a eu la fédération. Le besoin de créer une fédération unique pour réunir tout le monde, répondait à une étape d’évolution du milieu.

Parce qu’on s’était dit qu’il faut s’organiser, il faut s’unir pour faire face à l’autorité en place qui profitait de la dissuasion de tout le monde pour assoir sa politique consistant à bien diviser les gens pour régner. Il nous fallait être ensemble. Et on a été effectivement ensemble. Le milliard culturel, c’est un combat qu’on a gagné ensemble. C’était au départ cent cinquante (150) millions après trois cent (300) millions. Mais, pour aller au milliard, c’était un combat qu’on a gagné ensemble.

Alors, arrivés aujourd’hui à maturation, les mouvements associatifs poursuivent des objectifs plus ambitieux, mais propres à chaque corporation. Ainsi, nous assistons à l’émergence de fédérations corporatives, donc à de grands regroupements associatifs. Il s’agit aujourd’hui d’en prendre acte. Il est évident de saluer cette prise de responsabilité des responsables d’associations à la base qui ont compris la nécessité de regrouper leurs forces pour défendre les intérêts de leur corporation respective.

C’est dans cette dynamique de rassemblement que la FAABEN a toujours prônée, que nous continuerons de nous inscrire. L’objectif constant est de rester une force de proposition au service du développement culturel au Bénin. La perspective confédérale semble un passage obligatoire pour aller vers le futur. Nous devons nous y employer résolument et avec compétence.

Le combat pour l’épanouissement collectif des acteurs culturels béninois devrait être un sacerdoce noble. Il doit être une mission qui requiert de la disponibilité de ceux qui prennent des charges. Il doit être encore plus question d’abnégation et de compétence.

Alors, je voudrais suggérer que ce combat ne devienne pas une passerelle pour des prédateurs en quête de promotion personnelle. Voilà un grand risque que court le mouvement associatif culturel de notre pays, que nous devons ensemble nous employer avec intelligence à combattre sans animosité, ni querelle de clocher. La postérité nous le recommande. La morale nous l’impose également.

Au congrès, on a fait une déclaration pour dire que la FABEEN n’est plus la structure faitière qui représentait tous les corps de métier et qui parlait et agissait au nom de tous les artistes. Elle reste la fédération des Associations d’Artistes du Bénin, FAABEN, mais elle se libère des fédérations qui se sont créées en son sein et reste une fédération composée des associations qui ne se retrouvent pas dans celles créées et qui veulent rester dans la FABEEN. Quand on a fait le point, il y a quatorze (14) associations qui sont restées dans la FABEEN, avec les acquis de la FABEEN.

Nous avons envoyé au Ministère une communication avec des argumentations techniques pour soutenir la demande d’augmentation à 1 milliard 500 million de FCFA d’ici à l’année prochaine, ensuite à deux milliards pour les années suivantes de l’appui gouvernemental au monde culturel. Cela a fait même l’objet d’une communication en Conseil des Ministres.

Avant cela, on avait rencontré le chef de l’Etat en audience publique à la Présidence de la République où nous avons donné notre argumentaire. La demande que reçoit le Fonds d’aide à la culture aujourd’hui dépasse plus de 6 fois sa capacité de recouvrement. Nous avons montré à cette occasion au chef de l’Etat ce à quoi le milliard octroyé a servi et qu’il était devenu très vite insuffisant. Il semblait nous avoir compris puisqu’il l’a lui-même baptisé ‘’Le Trimilliard Culturel’’.

Mais on ne nous a pas donné satisfaction sous prétexte que la situation économique du pays est critique à cause de la crise financière et économique mondiale. Mais, je crois que si nous sommes unis, nous pouvons susciter une autre rencontre avec le Chef de l’Etat. Mais, entre temps, chacun est parti de son côté.

Où en est-on dans la guerre entre le Cebacen et le Bubedra ?

Vous savez, la loi sur la gestion des droits d’auteurs, c’est quelque chose de très important. Elle a été votée par l’Etat qui, à cet effet, a créé une structure pour son application. Parlant des droits d’auteurs, c’est un domaine assez vaste. On y retrouve les Drm (Droit de reproduction mécanique), qu’on retire des timbres qu’on appose sur les œuvres, les droits d’auteurs payés par les structures de diffusion dont les bars et les radios et les télévisions.

Donc, c’est un domaine assez vaste que l’Etat a réglementé en mettant en place une structure dirigée par un Conseil d’Administration. Il est vrai que dans le fonctionnement de cette structure, il y a beaucoup de choses à revoir parce que le domaine étant vaste, leur travail n’arrive pas à couvrir tous les secteurs que je viens de citer. Donc, il y a quelque part, un conflit où les administrés ne jouissent pas, à juste titre, de leurs droits, selon leur entendement.

 Eux mêmes n’ont pas à leur connaissance les vraies informations qu’il faut pour comprendre comment fonctionne le secteur. Ils sont donc mal informés et les dirigeants aussi ne communiquent pas à telle enseigne que personne ne comprend plus rien. C’est de là que certains artistes se sont dit qu’il faut créer une autre structure parce que c’est de leurs droits qu’il s’agit.

Et comment sont gérées les recettes du Bubedra ?

Je ne peux pas vous informez parce que je ne travaille pas au Bubedra. Je viens de dire que le Bubedra ne communique pas sur la manière dont il fonctionne. Ce que nous savons de manière claire, c’est que les timbres coûtent 200 francs partagés entre les artistes et le Bubedra. Mais quand ils perçoivent les droits au niveau de la télévision, de la radio et des bars, comment se fait la répartition ? Comment le Bubedra arrive à savoir que, par exemple, Belmond Zed été joué un tel nombre de fois sur les chaines et radios ?

Est-ce qu’il existe un fichier qui permet à l’artiste de vérifier et de rassurer par rapport à ce qui lui est transmis. Il faut des mécanismes comme en Europe où ces structures sont contraintes de faire des fiches sur tous ce qu’elles jouent et par un système intranet, l’artiste peut aller consulter sur un fichier combien de fois il a été joué dans une période donnée. Et il fait ses calculs pour savoir d’avance ce qu’il va percevoir par la suite. Ici, il n’y a pas ce système. L’artiste ne peut pas savoir combien de fois il a été joué dans la journée, le mois ou l’année pour savoir combien il lui a été reversé.

Il y a donc un manque de communication qui anime la polémique autour du Bubedra. Ce qui fait que les artistes disent que le Bubedra nous gruge et le Bubedra répond que ces derniers ont tort. Il faut donc créer un cadre pour discuter sérieusement, profondément afin d’innover dans ce secteur. Il faut aussi chercher à corriger intelligemment les choses surtout lorsqu’elles sont constamment contestée.

Autrement dit la Faaben soutient la création de la Cebacen ?

Non, aucunement. Nous ne soutenons pas la Cebacen. Je suis en train de parler des dysfonctionnements qu’il y a au niveau du Bubedra et qui sont sources de remous au niveau des artistes. Car, les artistes revendiquent des choses qui sont justes. Un artiste dit « mais on me joue tout le temps. Arrivé la bas, c’est le montant qu’on me donne ». Il faut qu’on puisse lui expliquer. Puisqu’il a constaté qu’il a été joué pendant un bon moment sur les chaines de radios ».

S’il a été joué 10 fois sur l’Ortb. Il faut qu’on puisse le vérifier sur un document ! Qu’est-ce que l’Ortb lui a payé ? Il faut qu’il sache cela. Canal 3 paye combien par minute aux artistes quand il joue leurs clips. On n’a pas de tableau ni de données pour vérifier cela. Il faut qu’il y ait quelque chose du genre pour que l’artiste puisse vérifier ses dus.

Il faut que la clé de répartition soit consultée par tout le monde. C’est ce qui manque. C’est pour ça qu’il y a polémique dans le milieu. Il faut quand même chercher et trouver une solution, au lieu de rester figer et donner lieu à des réactions de ce genre venant d’acteurs culturels qui veulent se rendre justice.

Vous avez quand même votre représentant au sein du Conseil d’administration du Bubedra?

On n’a pas un seul représentant. On a des représentants.

Ils ne vous font pas correctement le travail ?

Oui. Ils le font correctement. Ils proposent des solutions aux différents problèmes. Mais ils ne sont pas les fonctionnaires de l’Etat qui travaillent au Bubedra pour savoir ce qui se fait réellement. Ce sont ces problèmes qui ont amené certains artistes à quitter à tort ou à raison le Bubedra pour créer le Cebacem. Il faut que ces artistes comprennent comment fonctionne aussi le secteur.

Est-ce qu’il y a une loi en la matière ? Est-ce que la loi leur permet de créer une structure privée pour le faire ? Est-ce qu’ils ne sont pas juge et partie ? Car, il s’agit de collecte et de gestion de fonds. C’est eux-mêmes, les artistes qui vont collecter les droits et redistribuer ensuite. Qui est garant de tout ça ?

C’est un réel problème. Si donc le milieu est régi par une loi, il faut qu’ils se conforment à la loi. La Cebacem est une association et tout le monde sait qu’une association est créée sur la base de la loi 1901 donc une association à but non lucratif. Une association à but non lucratif peut-elle collecter de l’argent et redistribuer ?

Une activité qui répond à d’autres lois, d’autres règles. C’est comme si vous, en tant qu’habitant de Mènontin, vous vous levez un matin et vous dites que comme vous ne savez pas comment sont gérés les taxes du domaine et autres impôts, vous allez désormais, collecter les droits d’occupation des domaines, des marchés pour en faire un aménagement. Est-ce que la loi vous permet de le faire ?

Justement mais devant les juridictions il a été reconnu à la Cebacem sa légitimité ?

La justice a tranché en faveur de Cebacem par rapport à quoi exactement ? Moi, je ne voudrais pas intervenir dans cette décision parce que, selon les informations que j’ai eues, en ayant posé la question en tant que responsable de la Faaben de savoir ce qui se passe, il nous est signalé que le Bubedra a fait appel suite à la décision. Le verdict final n’est pas encore intervenu. Moi, je parle du bon sens. Mais, est ce que la loi permet à Cebacem de faire ce qu’elle veut faire ?

 Je ne connais pas les textes qui ont fait naitre la Cebacem. Est-ce que dans ces textes, il y a collecte et gestion des droits d’auteurs ? Je ne pense pas que ce soient des fonctions attribuées à une association à but non lucratif. Parce que, selon moi, collecter et gérer des droits répond à une loi régie par le Ministère des finances. Moi je vois qu’en tant que responsable d’artistes, qu’il y a vraiment un problème entre les artistes et le Bubedra. Mais la Cebacem s’est précipitée en voulant intervenir dans un secteur que la loi a déjà organisé en mettant à la disposition des artistes une structure qu’est le Bubedra.

Si cette structure ne fonctionne pas, faut –il créer une autre comme solution à ce problème ? Je ne crois pas. La preuve ça n’a pas marché. Combien parmi les milliers d’artistes qui sont au Bubedra ont rejoint la Cebacem ? Puisque les artistes disent avec le Bubedra, je retrouve tel montant mais avec la Cebacem quelle garantie j’ai ? Moi, je reconnais qu’il y a des problèmes au sein du Bubedra. Il ne faut pas se leurrer sur ce point.

Observez dans la rue combien il y a d’œuvres d’artistes béninois piratées. Vous allez à la frontière d’Hilacondji, vous voyez ce qui se passe. Ce qui veut dire qu’il y a un aspect de la gestion des droits d’auteurs et de la lutte contre la piraterie qui échappe au Bubedra. Je souhaiterais simplement qu’on marque une pause pour trouver une solution à ces problèmes. Qu’est ce qui échappe au Bubedra ? Est-ce que le Bubedra seul peut s’occuper de la collecte des différents droits des artistes sous toutes ses formes ?

Est-ce qu’il n’est pas souhaitable que l’Etat crée une structure tampon qui va aider le Bubedra en gérant les œuvres qui viennent de l’extérieur ? Puisque le pays est une passoire où les ouvres rentrent et sortent sans contrôle. Ce sont des questions auxquelles il faut trouver des réponses. Il faut recadrer le débat en se basant sur le fond du sujet.

Beaucoup déclarent qu’il y a du clientélisme autour du milliard culturel dont se vante la Faaben

Oui. La Faaben se vante du milliard culturel parce que c’est grâce à elle qu’il est là. Vous savez, c’est la nature humaine qui est ainsi faite. Dès que l’argent tombe, chacun veut voir clair dans sa gestion et avoir sa part. Ce qui crée des discordes. Mais la plainte de certains acteurs culturels est justifiée sur plusieurs aspects.

Il y a des acteurs culturels qui se disent que le milliard doit être divisé par le nombre d’acteurs culturels. Ce qui n’est pas faisable. Car le milliard a pour objectif de soutenir la création, renforcer les capacités des acteurs culturels. Il est vrai aussi que le milliard a suscité beaucoup d’engouement. Ce ne sont pas seulement les acteurs culturels. Tout le monde veut prendre dedans. Et il suffit de faire un projet avec un terme culturel et on veut prendre de l’argent au fonds.

 Il y a aussi une réalité que le milliard est politique. Car, c’est le politique qui l’a mis en place. Il y a donc toutes ces situations qui font que des conflits s’installent. A l’arrivée, du milliard on a monté le Conseil d’Administration au sein duquel est représenté chaque secteur. La première erreur des artistes, c’est quoi ?

Dans le même temps qu’on se plaint que le Fonds d’aide ne nous soutient pas, ceux qui reçoivent aussi le financement se plaignent du montant qu’on leur a octroyé. Tout le monde veut en bénéficier. Il y a le fait que les gens pensent que si on envoie un dossier, ça doit passer obligatoirement. Beaucoup de pressions de toutes parts, politiques, familiales. Ce qui pèse sur les administrateurs du Conseil d’Administration du fonds.

Les gens disent aussi qu’il y a des malversations qui s’organisent. Ce n’est pas exclu. Car, ce sont des hommes qui travaillent là. Mais l’essentiel, c’est que les gens aient les bonnes manières pour financer les bons projets. Les petits projets, il faut aussi les travailler pour qu’ils donnent de bons résultats. C’est pourquoi, le milliard est devenu rapidement insuffisant parce qu’il faut catégoriser les projets. Avoir ensuite un montant suffisant et des lignes directrices claires.

Le mouvement associatif culturel a de beaux jours devant lui. Les fondations de nombreux édifices ont déjà été posées par notre travail. Cela s’exprime en termes de chantiers ouverts non achevés à finaliser que je voudrais humblement demander aux autorités en charge du département de la Culture et au gouvernement de prendre au sérieux afin de poser les actes conséquents.

Je voudrais en citer quelques-uns :

– Nécessité d’une réorientation continue des allocations du fonds d’aide à la culture en vue d’en accroitre l’efficacité;

– La loi sur le sponsoring et le mécénat

– Le tri milliard culturel (3.000.000.000) de francs CFA ;

– L’assurance maladie de l’artiste

– Une meilleure définition des répartitions au BUBEDRA

– Poursuivre les efforts en vue de la création effective d’un Institut des métiers de l’art.

– Nominations des artistes comme Conseillers Culturels de nos ambassades et auprès de l’UNESCO.

– La construction du théâtre national.

– La mise en œuvre des dispositions de la charte culturelle en termes de ressources à prélever sur les projets négociés et financés par les partenaires

– La stabilité du ministère en charge de la culture et du Ministre de la culture

– Combat pour une meilleure identité et une professionnalisation de l’art et de l’artiste.

– ..etc.

Où en êtes-vous au sujet de la question sur les conditions sociales des artistes, surtout ceux qui ont eu des ennuis de santé et ceux qui ont trépassé?

Vous ne parlez pas de ceux qui ont retrouvé leur bonne santé et sont au top aujourd’hui. Je comprends, on ne parle pas de ce qui est tragique. Vous savez, il est vrai que le secteur a beaucoup de problèmes, les conditions des artistes sont assez difficiles. Mais moi je ne suis pas de ceux qui passent leur temps à se lamenter. C’est pourquoi certaines catégories d’artistes ne m’apprécient pas. C’est de bonne guerre. On ne peut pas être aimé de tout le monde.

L’essentiel, c’est que ma conscience soit tranquille et que je puisse dire la vérité. Ce ne sont pas les artistes en particulier, dans tous les secteurs de la vie sociale, il y a des secteurs qui sont plus démunis que les artistes, il ya des gens qui tombent dans des situations pires que les artistes. Il y a véritablement des artistes qui ont de réels problèmes qui tombent dans des situations vraiment difficiles. Nous nous sommes battus à la FAABEN avec l’administration contre eux et avec eux jusqu’à ce que soit élaborées des normes.

Car, nous sommes nombreux dans le secteur et nous nous connaissons. Il y a des gens qui aiment profiter des situations. Alors, pour calmer ces gens, on est arrivé à un minimum. Quand un artiste est malade et qu’il ne peut se soigner, vous écrivez au ministère de la culture, le fonds d’aide à la culture vous octroie deux cents mille francs et si vous êtes sociétaire du Bubedra, parce que le Bubedra ne gère que les intérêts de ceux qui y sont sociétaires et vous avez cent mille francs.

C’est le minimum sur lequel on s’est entendu. Si votre cas est grave et demande au-delà de ça et que vous n’avez pas les moyens, vous constituez un dossier. Beaucoup d’artistes passent par la fédération où on fait le plaidoyer pour obtenir au-delà de ce qui est fait normalement. Beaucoup de mes collègues artistes ne le font pas et dès que quelqu’un a quelque chose on invite la presse, on crie partout, on dit même ce qu’il ne faut pas.

Ça vous choque quand vous voyez cela ?

Non, je suis seulement désolé des fois parce que je me demande pourquoi lui il va directement voir la presse. Donc, c’est comme ça des fois on m’appelle ou je vois à la télé que tel ou tel artiste est malade et qu’il faut se cotiser. Je comprends le confrère journaliste qui veut contribuer au développement de la culture en faisant son travail mais quand j’écoute ça pour certains artistes je rigole parce que certains artistes font ce petit jeu, je ne veux pas dire qui.

Mais je connais des artistes qui ont de réels problèmes mais le fait d’alerter d’abord les médias ne facilitent pas les choses. Personne ne fait le faux malade mais il y en a certains dont les problèmes ne sont pas aussi alarmants qu’ils veulent bien le faire croire. Ou ils se sont adressés au ministère et le ministère a déjà fait quelque chose ou le ministère est en train de préparer quelque chose. La procédure étant en cours, l’artiste lui, ne le sait pas. Vous êtes donc déçu de voir l’artiste dire à la télé que le ministère n’a rien fait.

Les agents du ministère sont déçus. Les procédures ralentissent, ce sont des hommes aussi. Je ne dis pas cela pour dédouaner les administratifs mais cela n’honore pas le secteur quand ce sont toujours les artistes, qui ont des œuvres sur le marché qui se lamentent tout le temps. Quand même ! Il faut rester parfois digne dans sa misère.

Le cas Belmonde Z

Je vais occulter certains détails. J’ai appelé mon grand-frère qui est le secrétaire général du ministère et je l’ai mis au courant de cet acident. Cette nuit, il apris sa voiture et il est venu me prendre et nous avons appelé ensemble le ministre qui a demandé qu’on lui fasse le point une fois sur le terrain. On n’a pas pu voir Belmonde Z et son danseur. Car, ils étaient au bloc opératoire.

Tous les médecins disponibles étaient mobilisés. Mais, ils étaient douze blessés pour cet hôpital et il y avait d’autres blessés qui n’étaient pas artistes. Je tire un coup de chapeau aux médecins qui se sont occupés des artistes. Les médecins qui n’étaient pas de garde avaient été appelés. Mais on a interdit l’accès à la presse parce que les parents qui sont à la maison ne savaient pas qu’il y avait un accident et il y a des événements qu’on n’annonce pas comme ça.

Il ne fallait pas donner les noms tout de suite sinon on risque de tuer de pauvres gens sans même le savoir. On a géré et le ministre est venu le dimanche. Beaucoup de personnalités, ministres, députés, étaient venus soutenir les artistes accidentés. Je profite de votre occasion pour remercier une fois encore tous ceux qui sont passés voir les artistes lors de ce drame et pour tous les gestes non seulement de visite mais aussi concrets qu’ils ont faits.

Ca, c’est un cas exceptionnel. Le ministre a réuni tous les cadres du ministère dans le bureau du directeur de l’hôpital et les fonds ont été mis à disposition. Car les malades étaient en urgence bien que ce soit dimanche. On a eu la chance et l’assurance s’est manifestée d’elle-même, elle remboursera les factures au fur et à mesure qu’elles lui seront envoyées. Belmonde Z et son danseur consommaient le plus gros. Car il a eu le pied presque coupé dans l’accident.

Seul un tendon restait, contrairement à la polémique de la rue qui disait qu’on lui aurait coupé le pied à l’hôpital. Son danseur quant à lui avait les bras complètement déchiqueté. Après leur séjour à l’hôpital de Porto-Novo, ils ont ensuite été transférés dans une clinique pour certains et au CNHU-HKM pour Belmonde Z où des soins plus qualifiés leur ont été administrés. Par la grâce de Dieu, nous ne déplorons pas de pertes en vie humaine et tous les malades sont rentrés à la maison

Certains artistes qui étaient guéris sont revenus parce qu’il y avait de l’argent qu’un homme de bonne volonté voulait donner

Non. Je vais vous dire la vérité. Si je vous dis qu’il y avait des petites guéguerres personnelles qui ont alimenté l’histoire vous n’allez pas me croire. J’étais informé de la situation et je ne m’y étais pas rendu. Je vais vous dire la vérité. C’est comme ça que je suis. Il y a un député que vous connaissez qui n’était pas venu quand le truc était chaud.

On devait aller sur Tanguiéta. Mais comme c’était trop loin et compliqué administrativement, on est allé au CNHU. Belmonde Z était hospitalisé et les autres qui n’avaient pas connu des blessures aussi graves ont pu rentrer chez eux mais continuaient à recevoir des soins. Certains étaient à la clinique ‘’Le Bon Samaritain’’. Le député a contacté un jeune promoteur qui s’occupait des artistes.

Le député voulait leur donner de l’argent à tous, aussi bien ceux qui étaient hospitalisés que ceux qui étaient déjà rentrés à la maison et qui n’étaient d’ailleurs pas guéris, mais pour éviter des frais inutiles d’hospitalisation pouvaient venir suivre les soins. Ceux qui sont à la maison sont venus donc, suite à l’appel du député. Généralement quand les visiteurs viennent, ils donnent à eux tous et donnent quelque chose à Belmonde Z en plus parce que son cas était le plus grave.

Il y a eu des ministres du gouvernement et des personnalités qui ont fait de même. Les gens ont beaucoup aidé et je ne manquerai jamais de les remercier. Donc le député a reçu les gens et leur a donné cinq cent mille francs cfa. Divisé par 12 personnes, ça fait quarante et un mille et quelques chose.

Les malades se sont rappelés des gens qui les aidaient. Il y avait des jeunes qui les aidaient à faire leur course en achetant les médicaments et autres. Donc, ils ont fait une ponction d’un petit montant qu’ils ont donné à ceux-là, à la suite du partage chacun a reçu trente cinq mille. Le député a dit et devant témoin qu’il est en train d’organiser le mariage de sa fille mais qu’il reviendra spécialement pour Belmonde Z.

Il est revenu ?

Je ne sais pas. Je n’ai plus suivi la suite. Le député n’était pas le seul à avoir donné de l’argent. Il y a eu plein de bonnes volontés. Il y a eu pire que ça. Mais cela ne nous intéressait pas. Moi, je mettais la pression sur le ministère de la culture qui a été jusqu’à rédiger une communication en conseil des ministres pour qu’on leur vienne en aide. De simples gens aux autorités, tout le monde est passé les voir.

Maintenant les pieds de Belmond Z se régénèrent et il est en rééducation comme d’autres concernant les bras. Aujourd’hui, tout est calme. Pour beaucoup, il y a des choses qu’on ne devrait pas dire mais, ne pas en parler n’est pas là le problème. Que tout le monde retrouve sa santé et reprenne ses activités, c’est le souci principal.

Je dis souvent que le politique fait une erreur. Car l’un des domaines les plus difficiles, c’est la culture. Ce n’est pas la culture qu’il faut chercher à organiser en dernière position.

On ne peut pas comparer la structuration du sport à la culture. Chez nous, tout reste à construire et tout est à construire. Bien que le sport soit une profession libérale, il y a déjà des fédérations qui sont organisées à la base et qui organisent des compétitions et des tournois pour donner du niveau aux sportifs.

 Chez nous, ce n’est pas une affaire de compétition. Tu sors ton œuvre quand c’est bon, tu cartonnes, quand c’est mauvais tu te casses. Ce n’est pas comme en sport où les compétitions sont bien organisées à la base. C’est pour dire que c’est deux choses différentes même si elles sont toutes libérales. Au niveau du sport, il y a les ligues, les fédérations au plan national et international. Elles vivent des compétitions et je les envie même. Mais dans la culture, ce n’est pas ça.

 Quand vous parler de concert, on en organise à foison. Combien de weekend ou par quinzaine il n’y a pas un concert par ci ou par là ? Ce n’est pas la fédération qui doit les organiser. Nous, notre fédération est créée pour d’autres objectifs que ceux du sport qui n’ont que des compétitions à organiser. Nous on a des objectifs, on a un calendrier. C’est vrai que tout n’est pas parfait mais fort du peu qui a été fait en cinq ans, les gens nous ont reconduit.

Donc on fait autant que faire se peut. Le statut de l’artiste, la maison de l’artiste… On est en train de mettre les choses au point afin qu’elle réponde à un certain nombre de critères. Donc, il y a des bases qu’on doit jeter et mettre au clair certaines choses avant de permettre réellement à l’artiste de vivre de son art.

Le conflit entre Gbézé et Alèvi

Vous savez, c’est une mauvaise chose mais qui est rattachée à l’homme. Dans le temps, ça avait existé et les doyens se sont assis et ils ont arrêté. Aujourd’hui, c’est rentré dans la jeunesse parce que Gbézé et Alèvi, sont tous jeunes. La Faaben n’est pas allée elle-même en tant que bureau fédéral dans ce règlement mais le problème a été au centre d’échanges et nous avons demandé à des personnes ressources à qui nous avons donné quitus de mener des actions que nous soutiendrons dans le règlement de ce conflit.

Comme vous le savez, c’est une question très délicate, ils sont allés au-delà de la chanson simple. Ils sont rentrés dans des considérations très complexes et quand vous voulez arranger, il faut véritablement porter des gants si non vous allez empirer les choses.

 C’est des traditionnalistes et pour en parler, il faut aller avec tact et comme un exemple dans la tradition, bien que ce soit le grand frère ou l’ainé qui est fautif, il y a des thèmes, des manières pour lui faire le reproche. Donc, c’est délicat et les personnes mandatées sont averties et elles sont en train de tenter des choses.

La détraction est plus dans les artistes modernes que ceux traditionnels.

C’est l’apparence et c’est légitime parce que les artistes modernes sont les plus nombreux.

Et le cas Alokpon, si vous n’oubliez pas les artistes traditionnels ?

Je vous dis que la Faaben n’a oublié personne. La fédération couvre les associations d’artistes du Bénin. Donc, il faut être une association d’artistes avant d’adhérer à la fédération. Ce qui veut dire qu’individuellement, un artiste ne peut pas y adhérer. Il peut ne pas être d’une association et créer sa propre association.

Nous, nous nous occupons de ceux qui sont dans une association mais tout le temps, nous allons au-delà. Si quelqu’un veut qu’on l’aide, on l’aidera. Mais, il faut d’abord la volonté de la personne. Si vous ne vous adressez pas à nous on ne peut pas réagir. Si Imrane est comme ça aujourd’hui, ce n’est la faute à personne, Assa Sica aussi ou autre. Vous savez, la vie est un choix.

 Vous produisez quelque chose qui marche, il faut se donner à ça et vous organiser. Se programmer, avoir de la détermination et la volonté à aller plus loin et c’est de là que vous saurez que vous pourrez prospérer ou tomber dans le gouffre.

Conclusion

On se croyait sur un plateau de télévision. J’aurais souhaité qu’on se revoie encore une autre fois si vous avez une question plus précise, parce que parler de la culture, c’est très vaste et il faut des jours pour en parler. Je suis ravi de venir. Tout ce que je peux dire d’abord à l’endroit de mes pairs, c’est de comprendre que l’art c’est un métier comme tout autre et il n’y a pas de sous métier. Quand vous venez à l’art, c’est un métier difficile où il faut travailler.

Car, c’est au bout du travail qu’il y a le résultat. Ceux qui marchent sont ceux qui ont travaillé. Ceux qui ont le don et qui sont venus directement ont des succès éphémères avec des preuves à l’appui. Des gens ont fait un album et ont eu du succès après le deuxième et on ne les entend plus. Ces gens n’ont pas travaillé, capitalisé le don qu’ils ont eu.

Quand vous travaillez vous avez toujours le résultat au bout. C’est pourquoi je leur dis toujours que le succès est plus difficile à gérer que l’échec. Quand vous sortez un album et ça ne marche pas, personne n’attend le deuxième. Mais quand ça marche, les gens vous attendent et vous êtes obligé de faire en sorte que le deuxième marche aussi, sinon vous chutez. Donc, c’est le travail qui est le plus important. Les artistes de renom n’ont pas été construits en une journée.

L’administration qui est en face de nous doit comprendre que ce que nous avons le plus à vendre, c’est notre culture et qu’il nous apportera véritablement les richesses. Beaucoup de pays l’ont fait et ont réussi. Tout le monde conçoit aujourd’hui que le Burkina nous a dépassé parce que tout événement qui se passe chez eux, ils en font un cheval de bataille. Le FESPACO, ils en ont fait une vitrine. Les Chinois nous vendent leurs produits, culture aujourd’hui.

 Ils nous font des choses de mauvaise qualité. Mais ça travaille. Ils nous construisent des maisons et autres. C’est leur manière de concevoir. La culture, c’est tout ce que nous avons et qui nous détermine. C’est notre manière de vivre, de réfléchir, de parler. Dans mon discours devant le chef de l’Etat, je l’ai dis.

La culture, c’est un domaine de souveraineté par excellence. Il ne faut pas laisser notre culture dépendre totalement des financements extérieurs parce que quand les gens financent, ils vous imposent leur choix. Il est important que le gouvernement sache que c’est notre culture que nous avons le plus à vendre.

                                                                                                                         Carte d’identité

                                                                                           Richmir Totah, un ingénieur agronome dans l’art

Allure imposante avec ses 186cm, RichmirTotah a le profil idéal d’un militaire. Et pourtant, il n’a pas fait cette option. A 50 ans révolus, l’homme est aujourd’hui un élément incontestable dans l’arène artistique et culturelle du Bénin. Il est d’ailleurs le Président de la Fédération des associations des artistes du Bénin (Faaben).

 Mais sa carrière originelle ne le prédestinait guère à cette vie associative. Ingénieur agronome (Master en agronomie), option production animale, spécialiste de la pisciculture, une formation qu’il a reçue suite à l’obtention d’une bourse en Russie, Richmir Totah revient au bercail en 1992. C’était après son baccalauréat série BG (Biologie-Géologie : l’équivalent du Bac D aujourd’hui) obtenu au Ceg Gbégamey avec une mention Assez Bien.

 Mais avant de s’envoler pour la Russie, il a pris par l’Université nationale du Bénin (l’actuelle Université d’Abomey-Calavi) où il s’était inscrit à la Faculté des sciences et techniques, filière Chimie-Biologie-Géologie (CBG). Là, il a milité dans l’Ensemble artistique et culturel des étudiants (EACE). Il se souvient encore de ses copains de l’époque et des prouesses de l’orchestre de l’Université qu’ils ont ensemble institué. « . En 1984, je suis rentré à l’université et les compétitions battaient leur plein.

 Il n’y avait pas d’orchestre à l’université. On s’est mobilisé et j’ai dit « les gars remontons l’orchestre de l’Uac ». C’était l’Eace où Lazard Sèhouéto était le président. Il y avait les Magloire Ahéhéhinnou, Mme Claire Houngan, l’actuelle épouse du Docteur Ayémona. Ensemble, on a mis sur pied l’orchestre de l’Uac et je vous assure, ça a cartonné », rappelle-t-il.

A son retour au bercail en 1992, nanti d’un Master en agronomie, Richmir Totah fera face à la galère. Pour occuper le temps, il a renoué avec ses anciennes amours de pianiste irréductible ; formation qu’il a reçue depuis qu’il était sur les bancs avec les plus grands orchestres de l’époque. « J’ai été à l’école de Sagbohan et de Nel Oliver », s’en souvient-il encore avant de préciser : « Nous, on a connu les moments de galère les plus atroces de la musique puisque c’était la passion.

On ne jouait pas pour gagner de l’argent mais parce qu’on aimait la musique », rappelle-t-il. Mais avec cette passion, Richmir Totah a fini par obtenir son tout premier vrai boulot en tant qu’ingénieur agronome. C’était suite à sa rencontre avec le belge Rudy Van Thielen qui aimait venir sur ses prestations artistiques dans les bars. « C’est lui qui, après avoir su que j’étais ingénieur agronome et que j’ai fait la pisciculture, a demandé que j’aille le voir à la direction des pêches le lendemain.

Je suis allé puis après trois heures d’horloge, il m’a demandé de faire une demande pour accéder au projet pêche lagunaire qu’il dirigeait. C’était financé par la Gtz et le ministère de l’agriculture, j’ai fait deux ans et on a fait l’étude de la faune aquatique du fleuve Mono et de l’Okpara. On a produit un fascicule que les étudiants vont consulter à la direction des pêches », a-t-il raconté. Mais deux ans après, il abandonne ce travail pour se consacrer exclusivement à la musique.

Ce qui lui a permis aujourd’hui de se positionner comme un acteur incontournable dans le secteur de la culture au Bénin. Il est aujourd’hui promoteur culturel spécialisé dans la sonorisation, l’éclairage et dans la conception et conduite d’événements d’envergure. A ce titre, il est le concepteur et le producteur du spectacle « Voix du Bénin », lequel s’organisera désormais chaque année. Il est également administrateur de la compagnie de danse Walo. Il conduit ces différentes activités avec sa structure baptisée Galactique.

                                                                                                                              Intimité

                                                                                                                 Artiste, même en couple

Issu de la grande famille Ekué Hagbonon d’Anécho, localité aujourd’hui attribuée au Togo, Richmir Totah semble avoir l’art dans tous les compartiments de sa vie. La preuve, même sa compagne avec qui il partage aujourd’hui sa vie, il l’a conquise dans le secteur artistique. Rachelle Agbossou est son nom. Et le choix porté sur elle n’est pas un hasard. «C’est une danseuse professionnelle internationale que j’ai connue dans le milieu.

Ce sont d’abord ses talents que j’ai appréciés », a confessé Richmir Totah. Depuis 2001, l’année où cette relation d’amour est née, les deux ne se sont plus séparés. Aujourd’hui, le couple Totah est béni par 4 enfants (Trois filles et un garçon), auxquels Richmir Totah ne manque pas d’exprimer son affection. A table, l’homme adore la pâte de maïs, accompagnée de la sauce gombo bien enrichie. S’il veut se faire plaisir, il ne manque pas de siffler quelques verres de whisky. Mais la bière bien frappée reste sa boisson préférée.

C’est d’ailleurs l’une des raisons qui justifie le bar qu’il a créé aujourd’hui dans son quartier à Akpakpa. « La fête de la bière, il y a des années, ce sont quelques amis de la Sobebra et moi qui l’avions conçue avec et pour la Société et j’en étais un acteur principal sur le plan culturel», a-t-il confessé. De toute façon, l’art reste sa plus grande passion et pour laquelle il continue de nourrir de grandes ambitions.

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