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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Le foot est fou


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Hayatou for ever. Comme une lettre à la poste l’amendement Raouraoua qui écarte de la concurrence pour la présidence de la Confédération africaine de football (CAF) a pu être voté à une écrasante majorité des membres présents à la huitième assemblée générale extraordinaire de l’institution qui se tient aux Seychelles. Conséquence logique, cet amendement écarte de la course Jacques Anouma, ex-président de la Fédération ivoirienne de football et candidat potentiel à la succession de Issa Hayatou, Président de la CAF depuis un quart de siècle.

L’amendement présenté par Mohamed Raouraoua, président de l’Union nord-africaine de football et vice-président de l’Union des associations de football arabe était précisément destiné à mettre hors course le challenger de Hayatou. Celui-ci procède ainsi comme les présidents-rois africains qui parviennent à se maintenir au pouvoir envers et contre tous.

La méthode Hayatou n’a donc rien de singulier en cette Afrique où il faut des luttes épiques pour faire respecter la moralité la plus élémentaire. Il ne s’agit pas de dire que les dirigeants de la CAF ont amené l’institution à la faillite. Les résultats de leurs nombreuses mandatures ont été particulièrement salués lors de la coupe du monde en Afrique du Sud.

Pour la première fois, notre continent avait donné de lui-même une image brillante marquée par une organisation presque parfaite de la compétition mondiale. On peut aussi rappeler comment le nombre de pays africains devant participer à la coupe du monde a pu passer de un à cinq grâce à l’activisme du comité exécutif dirigé par le Camerounais. On pourra aussi signaler les nombreux milliards investis pour la cause du foot africain, même si l’on peine souvent à trouver trace de ces coûteux investissements.

Et personne ne peut convaincre personne qu’en 25 ans de règne, Issa Hayatou n’a jamais réussi que des broutilles. Mais alors, ce n’est pas parce qu’il a été un dirigeant de génie que les autres prétendants au fauteuil devraient être mis à l’index puis écartés. Dans cette guéguerre indigne, la méthode Hayatou est un véritable camouflet à la respectabilité du foot africain.

La manœuvre dont Hayatou s’honore sera dupliquée dans les Etats. Le mois dernier, deux émissaires de la FIFA, Primo Corvaro et Prosper Abéga ont annoncé à Cotonou que désormais nul ne pourrait devenir Président d’une fédération nationale s’il n’est ou n’a été membre du comité exécutif de son pays. En ligne de mire, tout le monde a vu les dissidents de l’aile Ajavon qui seront certainement écartés de l’instance faîtière du football national pour avoir osé s’opposer à leur président, Anjorin Moucharafou.

Le soutien pratiquement aveugle dont celui-ci a bénéficié dans cette crise, non seulement de la part du Président de la République mais aussi de la FIFA, et même en dépit des décisions de la Cour d’appel de Cotonou, a clairement montré l’arrogance insoutenable de ces institutions faîtières qui défient toute loi et toute règle républicaine. FIFA et CAF sont-elles donc des organisations au fonctionnement mafieux ? Peu de gens pourraient le nier aujourd’hui.

C’est à croire en effet que ces institutions sont restées quasiment imperméables aux récentes évolutions de la démocratie et de la transparence dans la plupart des Etats du monde. Fonctionnant comme des forteresses imprenables, elles sont gouvernées par des rois tout puissants qui savent bien protéger leurs intérêts colossaux pour maintenir une gouvernance ubuesque et rétrograde. Le cas de la CAF est donc dupliquée pour faire école et soutenir les oligarchies sportives bénéficiant des avantages sans nombre octroyés à certains dirigeants proches de Issa Hayatou.

La conséquence immédiate qui se profile déjà à l’horizon, c’est la multiplication des crises internes aux fédérations et l’accentuation des verdicts opérés à la hache par les instances faîtières. Le cas du Bénin est d’autant plus pitoyable qu’il éloignerait définitivement de nous la possibilité d’une résolution de la profonde crise née au sein de la fédération nationale de football en 2010.

Nous n’aurons que nos yeux pour pleurer lorsque des individus sans foi ni loi, contre-modèles parfaits pour la jeunesse, pavoiseront sur nos stades pour organiser championnats et tournois. Dans cet engrenage, l’on s’imagine aisément que dans les fédérations nationales, les camps perdants ne se laisseront pas faire. Bonjour les dégâts.

Olivier ALLOCHEME

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