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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Le silence économique


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Il faut avoir le courage de voir les choses en face. Le port de Cotonou est plongé dans l’une des crises les plus graves de ces dernières années. Pour ne pas dire pire. Allez au port cette semaine : vous verrez que l’activité y a considérablement diminué. Une enquête plus approfondie et l’on se rend compte que les répercussions de cette situation sur les recettes douanières sont drastiques.

Pas parce que les autorités ne font rien. Elles ont pris les taureaux par les cornes, annoncé des mesures exceptionnelles, désengorgé l’espace portuaire, mis en place des dispositifs informatiques et électroniques de contrôle des gros porteurs… Mais les surcoûts générés par les nouvelles mesures ont visiblement asphyxié les importateurs. Le détournement de trafic est manifeste. Au même moment en effet, le port de Lomé fait face aujourd’hui à la croissance de ses activités. En rade de Lomé, les navires s’alignent par dizaines alors qu’à Cotonou, c’est presque le désert. Que devient le poumon économique de notre pays ? Un vaste chantier où les innovations sont mal gérées.

Au même moment, les ports concurrents ne dorment pas. A Lomé, le Groupe Bolloré investit environ 300 milliards pour construire des infrastructures (terminaux, quais, etc.) qui n’auront rien à envier à ce que le MCA a fait à Cotonou. Cotecna et Orange ont bénéficié la semaine dernière d’un contrat qui leur permettra d’utiliser des solutions M2M pour le suivi et la surveillance du transit douanier au port de Lomé. Exactement comme avec le tracking à Cotonou. Mais là, la valeur ajoutée de ce partenariat a déjà été démontrée en décembre dernier au Togo. Lomé n’a rien fait d’autre que d’imiter les réformes béninoises, avec un succès qui ne se dément pas.

Dans le secteur cotonnier, un autre cadre institutionnel est en cours de construction. Le produit qui fournit au moins 50% des recettes d’exportation du Bénin est plongé dans une crise que l’on sait profonde. La mise en place d’un autre cadre institutionnel et la découverte de fraudes supposées touchant directement les paysans sont les signes palpables que pendant longtemps les institutions de la république ont raté le coche. Si elles avaient efficacement joué leur rôle, on n’en serait pas là aujourd’hui.

 Les décisions prises hier (suppression de l’accord-cadre avec l’AIC, gestion des intrants par l’Etat, reprise en main par l’Etat de la filière, etc.) forment une espèce de séisme cotonnier. Le coton est décapité et la résurrection qu’on lui organise sous la coupe des fonctionnaires est encore problématique. Pourquoi avait-on vu la nécessité de décrocher le secteur de l’emprise des fonctionnaires du MAEP si ce n’était leurs propres contreperformances ? On revient donc à la case départ, mais pour quel résultat ?

Ajouté à cela, les déboires judiciaires qui commencent pour Patrice Talon et ses collaborateurs constituent, à n’en point douter, le premier épisode d’un feuilleton maussade. C’est une thérapie à la hache que l’Etat met en place, avec des perspectives plus que mitigées. Personne ne pourrait soutenir que la filière sortira grandie de cette overdose de scandales intervenant en plein début de campagne où les fonctions critiques ont du mal à se mettre en place. Où allons-nous ?

Tous ces rappels montrent que les secteurs vitaux de l’économie béninoise sont en crise. Crise profonde, crise de gouvernance autant que de croissance, elles révèlent des défis mal appréhendés par le pouvoir politique. Curieusement, il ne s’est trouvé aucun homme (ou femme) politique pour nous en dire un mot. Pas un seul pour dénoncer la maldonne et proposer ses idées, pas un seul de la mouvance ni de l’opposition pour évoquer « sa » piste qui pourrait nous amener hors de l’impasse béante qui s’ouvre sous nos yeux.

En prenant la parole vendredi, Adrien Houngbédji avait une occasion unique pour dire ce que son parti, réputé de l’opposition, pensait de la situation économique du pays. Il s’est contenté de régler ses comptes avec ses pairs de l’UN en laissant voir en même temps les querelles intestines monstres dans lesquelles le regroupement se débat depuis sa création. Est-ce cela l’opposition ? Dans tous les cas, les politiques béninois montrent, une fois de plus, que leur unique point de focalisation reste la politique politicienne. Hors de là, ils deviennent analphabètes. Faut-il leur en vouloir ? Oui, absolument, il faut les balayer.

Olivier ALLOCHEME

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