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Le triomphe de la vérité

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Portrait d’une personne vivant avec le VIH/Sida:Marcel Kadémè, un séropositif se dévoile


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Marcel Kadémè aujourd’hui, 8 ans après d’intenses moments de souffranceMarcel Kadémè aujourd’hui, 8 ans après d’intenses moments de souffrance

Ce Lundi 14 Novembre 2011 nous sommes au domicile et à l’atelier de M. Kadémè Marcel, artiste peintre décorateur. Rencontré lors d’une foire en pleine sensibilisation, M. Kadémè Marcel et Mme Hessou Joséphine, tous deux porteurs du virus du SIDA, ont donné leur approbation pour parler à visage découvert.

Il est 14h 45min ce lundi 14 Novembre. Le temps est beau. Le soleil est caniculaire, la chaleur immense. C’est donc avec une figure toute perlée de sueur que nous sommes allés à la rencontre de Marcel Kadémè, un jeune homme de 33 ans vivant avec le Virus du Sida il y a déjà 8 années. Allure d’un véritable gentleman, Marcel n’a nullement l’air d’un malade. Fort de son embonpoint, il s’affaire ce jour-là comme toute personne à ses occupations quotidiennes.

A Gbèdjromèdé précisément à Agata dans le 6ème arrondissement de Cotonou non loin du complexe scolaire Nanguézé, se situe son atelier de peinture. A notre descente, sourire aux lèvres, il nous informe qu’il vient juste d’une maison voisine où il est allé badigeonner deux portes à un client. D’un père jardinier et d’une mère ménagère, Marcel Kadémè est né le 16 Janvier 1971 à Cotonou. A ses dires, il n’a pas fait de longues études.

La raison est toute simple. Issu d’une famille modeste, il a dû abandonner les classes en 4ème. Son contact avec le Virus du Sida a été facilité par une double déception qui l’a poussé à ouvrir les rideaux de la débauche. « J’avais au départ connu une fille, nous avions passé un bon moment ensemble, lorsque j’ai constaté que celle-ci se faisait attirer par les amis banquiers et policiers de sa sœur qui la flattaient. Ainsi, nous nous sommes séparés.

 J’ai dû recommencer avec une autre qui à son tour ne m’avait pas signalé qu’elle avait deux enfants avec un autre homme qui résidait à Porto-Novo. Lorsqu’un beau jour elle m’annonçait qu’elle est en état et qu’il lui fallait aller chez sa sœur. Ainsi m’a-t-elle abandonné pour aller rejoindre son mari à Porto-Novo. Depuis ce jour je ne l’ai plus revu », confesse-t-il. Marqué par ce choc, Marcel emprunte le chemin des vices sexuels qui finalement ont eu raison de sa santé.

 Frappant un coup par-ci, un autre par-là, il s’infecte du mal du siècle mais s’ignore jusqu’au moment où insulté par une revendeuse de son quartier de « Sidéen » du fait des signes qu’il présentait, décide de connaître enfin son état sérologique. Les résultats se sont révélés positifs. Et il ne s’en cache pas. Tout l’entourage de Marcel le connaît séropositif. Et pourtant, une incroyable harmonie règne autour de lui. Son physique dément également tout soupçon de ce mal.

 Hormis les quelques taches à la figure liées au zona dont il a souffert, et de son pied et main droits tremblotant de paralysie, il parait bien portant. Désormais victime de ce Virus mortel, Marcel se sent aujourd’hui bien indiqué pour sensibiliser son entourage sur le mal. En effet, cumulativement avec ses activités professionnelles, l’homme ne se prive pas de donner ses bons conseils à ses clients ou visiteurs qui ne manquent pas de se bousculer à son atelier.

En notre présence d’ailleurs, une dame d’origine camerounaise qui est une amie spéciale a lui, disait-il, est venue chercher une douzaine de capotes. Et comme chez Marcel, c’est sans tabou, la Camerounaise, après avoir reçu les capotes confie qu’elle reçoit pour les offrir à son mari qu’elle dit savoir infidèle.

Ce jour-là, les clients de Marcel viennent de toutes parts. De même, frères, amis, cousines et beaucoup d’autres proches lui rendent visite, qui par courtoisie, qui pour lui arracher des sourires d’affection et d’attention. Autrement dit, autour de Marcel, il n’y a pas de trace de stigmatisation.

Epanoui dans sa vie de couple, il dissipe donc tout tabou, tout mystère autour de ce mal qui continue de faire des ravages. Plein de vie et d’ambitions, Marcel envisage avoir bientôt avec sa conjointe, elle aussi séropositive, son premier enfant dès qu’il disposera des moyens subséquents.

Odile A. DJEGUI (Stag) et Teddy GANDIGBE (Stag)

 

                                       Confessions de Marcel Kadémè

                 «Même mon propre frère m’avait abandonné»

« J’ai connu un long moment de crise. En effet tout a commencé par une crise de méningite. Après avoir passé une longue aventure avec une sage-femme accoucheuse qui était dans la quarantaine alors que moi je n’avais que vingt sept ans (27ans), j’ai commencé par constater après notre séparation de la fatigue, de l’amaigrissement, de la diarrhée, des vomissements, des manques d’appétit, de l’anémie et autres.

Lorsque j’étais avec la dame, elle consommait les produits antirétroviraux qu’elle allait chercher à Lomé dans le temps. Ce que j’ignorais, c’est que ces produits étaient destinés à lutter contre le mal. En ce moment quand je lui demandais ce à quoi servent ces médicaments, elle me disait tout simplement que c’est à cause d’un mal de foie dont elle souffrait. J’étais dépendant d’elle et elle me rassurait et me miroitait le goût d’une existence utopique.

 A chaque fois que je trouve un job à faire, elle me disait : « que va te rapporter ce minuscule job, que vas-tu y gagner de plus que tout ce que je te procurerais ? ». J’étais ignorant. Le jour où je suis parvenu à affranchir cet état d’embrigadement, elle m’a abandonné. Je ne peux pas vous certifier que c’est d’elle que j’ai attrapé quoi que ce soit. Mais mon petit esprit me révèle bien que c’est ma source. Ce qui m’a le plus donné la certitud e, c’est lorsqu’après mon dépistage le 25 septembre 2003 où l’on m’a envoyé vers la structure arc-en-ciel, un centre de traitement et de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA, j’y ai reçu les mêmes produits qu’avalait cette dame.

 Deux semaines après le dépistage lorsque j’ai appris les nouvelles qui font état de ce que je portais le virus, un trait m’a traversé le cœur, une transpiration soudaine m’a embrassé, ma psychose était à son comble. Je me débarrassai de ma veste et sortit pour prendre de l’air puis je revins vers l’infirmière et je lui adressai ces mots : « voyez madame je suis en train d’être guéri. Ces sueurs que vous observez en sont le signe ». Franchement je ne puis vous dire d’où m’est venue cette foi.

Après ce stade, je me suis rendu au Centre National Hospitalier Hubert Koutoukou Maga (CNHU) où les médecins m’ont prescrit les produits antirétroviraux. Lorsque je suis revenu à la maison, j’ai rencontré un voisin à qui j’ai exposé toute la situation du début jusqu’à la fin. Ensuite je lui demande s’il fallait retourner chez la dame et l’informer de mon état. Il m’avait fortement déconseillé de le faire. Mais un jour, l’occasion s’est présentée où j’étais chez la dame. Ignorante de mon état de santé, elle voulait que nous vivions comme au bon vieux temps. Que dis-je ? Elle voulait que nous fassions l’amour.

 Nous étions tous deux nus au lit dans sa chambre lorsque je lui ai demandé qu’il faut qu’on utilise obligatoirement le préservatif. Elle a semblé ne pas être d’accord. Ainsi je l’ai quittée. Elle ne m’a même pas raccompagné. Sans rien signaler, je me suis rendu à l’évidence qu’elle sait à quoi je faisais allusion. C’est ainsi que j’ai pu lui démontrer mon état et lui faire savoir également que je ne suis non plus étranger à son état sérologique.

Son visage était rempli de frustrations, d’amertume et de chagrin. Actuellement, je suis sous ARV (Antirétroviraux). J’ai été sujet de toutes formes de stigmatisation. Et pour mettre fin à cela, il a fallu que je botte deux d’entre eux pour avoir la paix. Même mon propre frère m’avait dans le temps abandonné ainsi que toute ma famille. Mais aujourd‘hui nous nous entendons mieux que personne jusqu’au point où ils viennent chercher des préservatifs chez moi.»

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One thought on “Portrait d’une personne vivant avec le VIH/Sida:Marcel Kadémè, un séropositif se dévoile

  1. KADEME Blanche

    c’est une véritable surprise pour d’apprendre que j’ai un oncle sidéen,c’est incroyable la façon dont je l’apprends,j’ai lancé une recherche sur facebook sur la famille Kademe et voilà sur qui je tombe,je compatis…

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