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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Le Hadj de tous les désordres


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Le pèlerinage 2011 aura marqué les esprits. Le Hadj a démarré sur un goût d’improvisation et d’incompétence notoire. Les milliers de pèlerins n’ont pu réellement partir que dans une atmosphère générale de confusion et de détresse. Plusieurs morts ont été enregistrés déjà sur place à Zongo avant que les pèlerins n’embarquent pour la Mecque. Et pour couronner le tout, le haut commissaire au pèlerinage a été limogé. Raphiou Toukourou paie le prix de l’improvisation et de l’amateurisme. Parmi les nombreuses questions que l’on se pose face à des dysfonctionnements aussi gigantesques, celle-ci : Comment en est-on arrivé là ?

De toute évidence, il en est ainsi parce que les compagnies aériennes devant convoyer les pèlerins sont engagées dans une concurrence rude. A ce niveau, ce sont les plus offrants, celles qui parviennent à s’imposer auprès des organisateurs, du point de vue de la lourdeur de leur portefeuille, qui ont pu tirer leur épingle du jeu. Acculé au dernier moment, l’Etat central s’est vu obligé de débourser des centaines de millions de FCFA, alors même que chaque pèlerin a dû payer près de deux millions pour accomplir son devoir religieux.

 Le paradoxe, c’est que le Haut Commissariat au Pèlerinage a disposé d’environ un an pour tout préparer. Au finish, c’est un peu comme s’il n’avait eu que quelques jours, des jours de chaos et de confusion générale, des jours de larmes et de morts finalement. Un peu comme si rien n’avait été fait.

Et cette autre question : pourquoi un Etat laïc se préoccupe-t-t-il de l’organisation d’un pèlerinage religieux ? Sur ce chapitre, bon nombre d’observateurs considèrent que l’Etat béninois s‘est bien fourvoyé en se mêlant de l’organisation pratique d’un événement annuel qui ne le regarde que de bien loin. En créant un Haut Commissariat au Pèlerinage, le gouvernement a choisi d’endosser les maladresses et manœuvres malheureuses de certains membres de ce Haut Commissariat.

 Les rumeurs les plus folles qui circulent accusent non seulement les membres de l’institution mais aussi le ministère des transports. Là n’est pas le problème. Le véritable problème, c’est que les deniers publics ont été utilisés à des fins indues dans des conditions peu orthodoxes. Morceaux choisis : les compagnies affrétées au dernier moment ont réclamé à être payées cash et sans chèque, obligeant le ministère des finances à déplacer des cantines entières de billets pour payer, un peu comme si le pays n’était pas pris au sérieux.

En même temps, des réunions se tiennent en rafale entre les ministres impliqués pour démêler l’écheveau. Tout est organisé en fait comme dans l’affaire CEN-SAD, à la différence que les acteurs d’aujourd’hui sont avertis des risques de prison qui planent sur leurs têtes. Déjà, les rumeurs de mauvaise gestion et de corruption ne viennent qu’accentuer les appels à faire auditer la gestion du Haut Commissariat au Pèlerinage. L’Etat s’est embourbé et paie cher le prix d’une terrible erreur de gestion. Dernière question : comment pallier les difficultés du Hadj béninois ?

La solution est simplement d’appuyer (seulement) les organismes confessionnels intervenant dans le processus. L’engagement de l’Etat n’est que le fruit de l’échec de ces organismes privés. Et il faut se demander pourquoi ce qui a été possible pour les autres confessions ne le serait pas pour les fidèles musulmans.

 Pour les pèlerinages chrétiens de Dassa ou de Sèmè-Kpodji, l’appui logistique ou autre de l’Etat, ne vient qu’accompagner les actions des fidèles organisés en associations faîtières. La même chose est bien possible pour ce qui est des fidèles musulmans. Du reste, l’islam dispose d’un conseil national qui peut être mis à profit. Les charges supplémentaires créées à l’Etat auraient été compréhensibles si le Chef de l’Etat décidait d’octroyer des primes aux pèlerins. Mais ici, chacun d’eux a payé près de deux millions de FCFA.

En définitive, le Hadj 2011 a été un cauchemar et un gouffre financier. Au regard de la tête de Raphiou Toukourou tombée dans la foulée, ce cauchemar aura encore d’autres répercussions. L’engagement maladroit de l’Etat a permis tout au moins de reconnaitre la nécessité d’un recentrage de son rôle régalien lors des grands événements religieux.

Olivier ALLOCHEME

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