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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Codjo Edmée, entraineur des Ecureuils du Bénin:« Il faut rebondir face au Burundi pour bâtir un avenir de grandes victoires »


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Codjo Edmée: «Il faut montrer aux joueurs qu’ils viennent pour jouer et non pour les problèmes qui ne concernent pas....»

Juste avant de s’envoler pour Bujumbura, dans un entretien exclusif, le nouveau sélectionneur des Ecureuils, Codjo Edmée, fait le point du stage qu’il a initié à Natitingou pour 27 joueurs évoluant sur le plan local et au terme duquel il a pu chiper 11. Il parle des deux semaines de travail, du match face au Burundi et de l’avenir du football béninois. Il rêve qu’après l’orage de la crise, le football béninois va sortir de ses chagrins actuels et s’envoler vers les sommets continentaux et mondiaux. Il parle des jeux de couloirs en équipe nationale. Pour lui, le Bénin doit rebondir face au Burundi pour entrevoir l’avenir avec beaucoup de sérénité. Sans la formation, aucune équipe ne peut prospérer selon ses analyses.

L’Evénement Précis: Que peut-on retenir de ce stage en prélude au match qui va vous opposer en déplacement aux Hirondelles du Burundi ?

Codjo Edmée: Sous réserve d’envoyer le bilan à qui de droit, c’est-à-dire ceux qui nous ont envoyés en mission. Mais dans un cas comme dans l’autre, on va lever un coin de voile. Il faut reconnaitre que le stage a été dur. Dur, surtout pour les joueurs. Il faut reconnaitre qu’il a une situation, il ne faut la contourner. Cette situation ne les a pas aidés.

Il faut avoir un background sur lequel on pouvait s’appuyer très rapidement pour mettre sur pied un objectif. Sur les 27 locaux, il y a un qui n’a pas pu effectuer le stage. Parce qu’il était en test. Par contre, il y avait 5 autres qui étaient en test qui ont pu rejoindre le groupe. Le staff technique, le corps médical et tout le monde étaient embarrassés parce que le rythme auquel on les a soumis semblait très élevé. De tout cela, il y en a qui ont pu survoler le travail.

Il en a d’autres qui ont quelques difficultés de santé. C’est normal. Quand après cinq mois qu’on ne s’entraine qu’à son rythme ou dans son coin et que subitement on doit suivre le rythme de groupe pour défendre l’élite, ce n’est pas souvent facile. Aujourd’hui, on peut dire que certains pourront servir valablement avec la présence de ceux qui évoluent à l’étranger qui pourront se joindre à eux.

On peut l’imaginer, les effets de la crise là. Peut-on dire qu’ils ont rendu votre travail difficile sur le terrain ?

Très difficile, monsieur le journaliste. Le chronogramme qu’on a laissé normalement, c’est celui que nous avons suivi pour les cadets pour le match face à la Côte d’Ivoire. Alors que ceux-ci sont des seniors. Il faut alors comprendre que la crise nous a vraiment embêtés. C’est l’occasion pour nous de remercier les autorités ministérielles en l’occurrence le ministre en personne qui ont très vite compris qu’il faille nous dépêcher dans un endroit idéal comme l’environnement de Natitingou.

Tout nous permettait de travailler convenablement et de garder le calme et concentrer sur le travail. C’est eux qu’on doit remercier d’abord. Sur la place, les gens diront que c’est un marché de dupe. Aujourd’hui, on se demande si c’est nous qui avons mis la barre très haut. Ce qui m’étonnerait. Ou carrément, c’est les joueurs qui depuis cinq mois n’ont plus du rythme.

Tout ceci sera évalué au soir du match face au Burundi le 04 septembre prochain. Une chose est claire, pendant le stage il y a eu des joueurs qui ont été prêts à chaque niveau de la préparation. Les autres, grâce à nos médecins notamment le docteur Aivodji et monsieur Gaétan qui ont fait un travail remarquable pour que tout le monde rentre à Cotonou sain et sauf.

Pendant les deux semaines de stage, quels sont les aspects techniques sur lesquels vous avez mis l’accent ?

Ce qui est sûr, vous n’êtes pas sans savoir que partout au monde aujourd’hui, tout s’uniformise. C’est-à-dire qu’avant la saison, il y a une période qu’on appelle la période préparatoire. Il y a en ce temps-là un travail foncier qui se fait. Nos joueurs qui évoluent de l’autre côté et qui jouent dans les clubs ont déjà fait ce travail foncier. Ils ont même déjà fait un ou deux matches. Tout le corps est déjà préparé pour la saison sportive.

Ils ont travaillé en capacité pour voir si le joueur peut tenir les 90mn et plus. Ce travail est lié aux aptitudes cardio-pulmonaires. Il y a aussi la préparation musculaire qui permet au joueur d’être explosif sur le terrain et d’être prêt pour le combat. Nous avons travaillé beaucoup sur le plan musculaire. Il y a aussi la maîtrise de la balle et sa conservation. Aujourd’hui, vous savez qu’une équipe qui ne sait pas conserver le ballon subit tout le temps et quand vous perdez la balle, vous êtes contraints de courir derrière l’adversaire.

 Ce qui perd cash. On a vu dans un passé récent ici. Il faut trois à quatre semaines pour stabiliser un acquis, pour automatiser certaines capacités. Deux semaines, c’est pour ceux qui ont des prédispositions. Vous êtes bien averti dans le domaine du football qu’aujourd’hui même si on donne un mois de vacances aux joueurs d’élite on leur donne un minimum de programme pour leur permettre de ne pas baisser complètement.

Et si on sait un peu ce qui s’est passé ici, on ne va pas tout mettre sur le dos de la crise, il est question de regarder de l’avant, d’avancer et d’aller de l’avant. Je pense qu’ils se sont donnés et se sont appliqués. Ce n’est pas leur faute. Ils ont souffert. Certains événements ne nous ont pas aidés. On aurait pu avoir des gens plus en jambes et les pousser loin parce que les amener d’un point à un autre. Tout ceci demande du travail dans la durée pour automatiser les gestes.

Vous avez livré quelques matches amicaux lors du stage pour jauger le niveau de vos poulains. Quel est l’état des lieux ?

D’une manière générale, quand les autorités s’impliquent surtout le ministre aussi financièrement que physiquement pour mettre 27 personnes au vert, ça n’arrive pas tous les jours. C’est qu’ils ont mesuré la situation et ont compris qu’il faut faire appel aux meilleurs, la crème du football.

 Il y a un bail qu’on ne sait pas ce que fait le footballeur béninois. Lors des rencontres amicales, les résultats et la performance allaient en dents de scie. Subitement, pendant 20mn l’équipe peut être l’ombre d’elle-même et après réagir. Ce n’est qu’au soir du match que nous pourrons faire le point général. Ceci permettra de donner des orientations aux autorités parce que lors des matches amicaux certains joueurs ont survolé les rencontres.

Je prends Louté qui a travaillé d’arrachepied. Lui, il est fin prêt de même pour d’autres. Je pense que dans un cas comme dans l’autre, on tirera un noyau pour rejoindre ceux qui vont quitter l’Europe et qui ont presque fait le même travail pour une synchronisation la rencontre.

Pensez-vous que la fusion entre les jeunes issus de votre stage et ceux qui vont quitter l’Europe pourra vous donner une équipe compétitive pour défendre les couleurs nationales face au Burundi ?

A partir du moment où on prend une responsabilité et qu’on l’assume, on n’a même plus le temps de dormir à fond parce que c’est difficile. En dégageant l’effectif à Cotonou pour Natitingou, on sait là où il peut avoir des difficultés et à quels postes il y a des manques. J’ai vu Barazé, Aoudou… On a vu un match ici où la notion de couverture était absente chez les joueurs. On ne peut pas être fort tout seul. Nous nous sommes donnés la main pour dégager le noyau en attendant de constater leur la forme réelle sur le terrain.

On a pris aussi que les pros ne viendront pas à Cotonou et qu’ils vont rallier directement Bujumbura. Cela ne crée-t-il pas un disfonctionnement dans le travail que vous auriez voulu faire avant le jour du match ?

Nous n’avons pas été servis sur un plateau d’or depuis notre arrivée. Mais, nous sommes en train de préparer pour les uns et les autres une feuille de route. En dehors du travail sur le terrain, il y a un travail théorique qui se fait. Chacun aura droit à une partition à jouer et je pense que quand on va arriver à Bujumbura le mardi dès le mercredi il y aura la première séance. Il n’y a pas de temps à perdre. Nous avons toutes les hypothèses déjà sur papier.

Rien ne sera facile. Mais que le peuple béninois croise les bras. On verra bien à l’issue de cette rencontre, et tirera les grandes leçons. Si les joueurs devraient venir ici avant de repartir, ils passeront quatre ou cinq après le match. Les vols ne sont directs de Cotonou. De l’Europe, les vols sont directs. Ils seront là-bas avant nous-mêmes. Nous avons des formules et grâce à l’expérience de chacun, on va s’entendre, on va communiquer, on va échanger et va soumettre cette feuille de route aux joueurs.

 Les postes qui seront défaillants par l’absence des pros seront complétés par des locaux comme un joueur comme Louté qui m’a beaucoup surpris lors du stage. Il a été pratiquement le métronome du dernier match. C’est bon pour lui et pour son avenir c’est bon pour le Bénin.

On apprend déjà qu’Emmanuel Imorou serait incertain. Cela ne crée-t-il pas un handicap à vos plans de jeu ?

Vous mettez le doigt dans la plaie. Vous constatez un certain nombre de paramètre qui sera difficile à gérer. Nous y pensons très sérieusement. Mais pour le moment, ce n’est pas la peine de livrer toutes nos cartouches. Ce qui est certain, nous allons essayer de mettre les petits plats dans les grands. Nous allons nous impliquer. C’est ce pourquoi, nous nous sommes battus pendant des années. Vous nous avez vu en aval et à l’amont.

 C’est de faire en sorte que demain, les Ecureuils à chaque poste disposent de deux à trois joueurs. Voilà maintenant vous vous inquiétez. C’est tout à faire normal. Je vous comprends. Nous-mêmes au niveau du staff, nous avons eu des réunions, nous avons déjà survolé tous ces problèmes et nous sommes en train d’affûter nos armes.

Au-delà du match face au Burundi, il faudrait qu’on ne tombe plus dans ces travers. Il faut qu’on travaille pour que demain, n’importe qui à la tête de l’équipe soit dans l’embarras de choix pour les différents postes. En unissant nos forces nous allons avancer et lorsque l’orage va passer, les uns et les autres vont unir leur force pour que le football béninois avance.

Certaines voix s’élèvent et s’étonnent du fait que certains cadres du Onze national ne soient pas appelés pour cette rencontre. Comment expliquez-vous l’absence de ces joueurs ?

Cadres non ! Ecoutez ! Ce n’est pas un problème de joueurs que le Bénin a actuellement. C’est les guéguerres, de malentendus… autant avoir des gens qui parlent le même langage à la veille d’un match que des gens qui sont dans des guéguerres qui ne vont rien nous apporter. Il faut que ceux qui animent cela mettent un jour de l’eau dans leur vin. Une équipe, c’est une complémentarité, d’une cohésion. Des fois, les meilleurs joueurs ne font pas une bonne équipe.

 Mais quand il y a la solidarité, quand les uns et les autres se respectent et ont le même objectif et regardent dans la même direction, c’est difficile d’avoir raison d’eux. L’équipe nationale, c’est une chambre à deux portes pour tout monde et les techniciens et les joueurs. Il faut montrer aux joueurs qu’ils viennent pour jouer et non pour les problèmes qui ne vous concernent pas. On a besoin d’une bonne ambiance pour évoluer.

A la date d’aujourd’hui, je n’en veux à personne. Je ne porte pas de jugement de valeur. Sur la ligne de départ, il faut donner la chance aux jeunes qui sont en forme et qui s’affichent dans leur club. Malheureusement depuis des années, on a souvent convoqué pour convoquer. Non ! Il faut qu’on vienne en équipe nationale pour se battre pour mériter sa place à l’image de certaines équipes.

 Selon les statistiques, les Ecureuils n’ont plus aucune chance de se qualifier. Quel est alors l’objectif que vous vous fixez avant ce déplacement face au Burundi ?

Il faut rebondir. Nous avons eu une raclée face à la Côte d’Ivoire. Quand vous êtes un guerrier, quand vous êtes un joueur d’élite, c’est d’avancer. Quand on tombe, comme le dit bien une chanson de chez nous, il faut savoir se relever. Il faut démontrer que tout n’a pas encore fini. Dans un proche avenir, Il aura d’autres aventures et je pense que les autorités fédérales et le ministère ne vont pas investir dans le vide. Il y aura les éliminatoires de la Can 2013, de la coupe 2014 que nous devons préparer.

L’équipe nationale du Bénin doit redevenir performante. Que ce soit les locaux ou les expatriés il faut se battre pour obtenir sa place dans la légalité. Il aura une grosse concurrence désormais au sein de l’équipe nationale. Il va falloir semer partout de jeunes pousses pour que demain soit meilleur

Que diriez-vous en guise de conclusion ?

D’une manière ou d’une autre, il y a certains cadres de ce pays qui continuent de nous amener à croire et à rêver. Je remercie ceux qui ont pris cette formation avant moi et qui ont fait un bon travail et qui ont amené beaucoup de succès et de joie dans le cœur des férus du cuir rond. La situation est telle qu’elle est aujourd’hui.

 Nous, techniciens, nous devons gérer et apporter notre savoir-faire défendre les couleurs nationales pour apporter plus de joie dans le cœur des Béninois. Il faut qu’un jour qu’on tourne nécessairement la page et qu’on travaille à la base pour que demain soit meilleur pour que ceux qui viennent derrière aient leur chance.

Il y a un joyau désormais à Natitingou. C’est de cette façon on aura une très bonne équipe nationale. C’est le rêve. Il faut qu’on se qualifie prochainement et qu’on aille loin. Cette situation est une leçon pour les uns et les autres. Rassurez-vous, la porte est ouverte à tout le monde.

Entretien réalisé par

José Mathias COMBOU

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