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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec le Commandant Maxime Ahoyo, Chef d’Etat Major de la Marine Béninoise:« 3 attaques en mer ont été déjà avortées par le travail des forces navales Béninoises »


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Le Commandant Maxime Ahoyo, «...nous avons demandé à tous les navires qui sont dans la zone économique exclusive du Bénin, de remonter vers le Nord ou encore plus précisément de descendre vers le sud à une distance plus accessible à nos Vedettes qui patrouillent toutes les nuits...»

Une série d’attaques maritimes de pirates sur les côtes béninoises depuis quelques temps couronnées par celle du samedi 23 juillet 2011 contre un navire italien, ont éveillé l’attention de la presse nationale et internationale. Le Bénin est alors en passe de s’illustrer sur la liste noire des Etats dont les côtes sont déclarées impraticables pour les navires pour raison d’insécurité. Mais la plupart de ces alertes d’attaques sont portées par des services internationaux européens sans que l’Etat Béninois ou ses Forces navales ne s’y prononcent officiellement. Nous avons rencontré à cet effet, le Commandant des Forces Navales Béninoises, le Capitaine de frégate Maxime Ahoyo, Chef d’Etat Major de la Marine Béninoise. Il évoque la question de ces attaques avec beaucoup de gravité mais ne cède pas à la dramatisation des faits. Il rassure les acteurs de la mer et les populations béninoises sur la juste proportion à donner à ces attaques.

L’Evènement Précis: Commandant, de sources diplomatiques et par la presse, les côtes béninoises feraient l’objet depuis quelques temps d’une série d’attaques de pirates maritimes. Est-ce réel ?

Commandant Maxime Ahoyo: Effectivement depuis quelque temps, il y a une recrudescence des attaques de mer dans nos eaux contre les navires de commerce. Je confirme l’information.

Environs 25 attaques des pirates pour le compte de cette seule année 2011. La communauté internationale et les populations béninoises ont-elles pas des raisons d’avoir peur ?

Il faut rectifier qu’il n’y a pas eu 25 attaques mais 25 actes en mer qui sont de nature à compromettre la sécurité maritime. Au nombre de ces 25 actes, effectivement le maximum c’est des attaques de navires. C’est aussi vrai que si ces attaques continuent, ça pourrait avoir de graves conséquences sur l’économie de notre pays.

Mais, selon vous Commandant, qu’est-ce qui peut justifier la recrudescence de ces attaques sur mer ?

Dans une certaine mesure, on peut expliquer cette recrudescence d’attaques par le renforcement des mesures de sécurité maritime par le Nigéria voisin. Ils ont pris le taureau par les cornes en affectant sur leur mer deux Patrouilleurs (ndlr : embarcations qui sont spécialisées dans la sécurité en haute mer avec des autonomies de navigation de plusieurs jours) et qui opèrent en permanence. Cela peut justifier dans une certaine mesure, la migration des pirates vers notre côte.

Pourquoi alors ce grand silence des forces navales béninoises sur cette grave situation ?

Nous n’avons pas du tout gardé le silence. Mais nous n’avons aucun intérêt non plus à vous marteler dans les oreilles tous les jours qu’il y a attaque de navires. Ce n’est pas notre rôle. Notre rôle est de faire en sorte que les attaques ne surviennent pas. Les informations, vous les avez certainement eu en même temps que nous mais nous ne les cachons pas et nous n’y avons d’ailleurs pas intérêt.

Ces attaques sont en fait reportées directement à des services spéciaux internationaux en Europe qui relaient l’information et donc la diffuse sur internet ou par autres voies. Nous n’avons donc pas gardé silence mais nous faisons un travail méticuleux en fonction des moyens dont nous disposons. Et c’est d’ailleurs là notre rôle afin que ces attaques à défaut de les endiguer tout de suite, nous puissions les réduire à leur strict minimum.

A propos justement de ces services spéciaux internationaux en Europe, leurs rapports font état de ce que les appels de détresse des navires attaqués sur nos côtes n’ont souvent pas de répondant prompt au niveau des forces navales Béninoises. Qu’en est-il ?

Effectivement, les statistiques nous montrent que premièrement toutes les attaques ont lieu la nuit, soit à 99%. Deuxièmement la plupart des attaques ont lieu à une distance de 15 et 25 milles marins. Alors cette distance est plus ou moins énorme pour les Vedettes (ndlr : embarcations légères conçues pour une mer calme et pas pour la haute mer) dont nous disposons actuellement qui ont une portée efficace de 10 milles marins. Vous voyez un peu l’écart entre 10 et une vingtaine de milles marins.

Et c’est d’ailleurs pour cela que nous avons demandé à tous les navires qui sont dans la zone économique exclusive du Bénin, qui sont au mouillage ou à vitesse réduite, de remonter vers le Nord ou encore plus précisément de descendre vers le sud à une distance plus accessible à nos Vedettes qui patrouillent toutes les nuits. Et donc pour la plupart de ces attaques-là, nous recevons des appels de détresse mais seulement compte tenu de la distance à laquelle se trouvent ces navires, nous ne pouvons pas intervenir efficacement et dans le temps avec les moyens dont nous disposons.

Alors de quels moyens disposent aujourd’hui les forces navales béninoises pour la surveillance des côtes ?

Nous avons deux (02) Vedettes et des embarcations rapides qui ne sont pas des moyens destinés à la haute mer. Ce sont des moyens destinés à des opérations côtières. Cela étant le gouvernement béninois n’est pas resté les bras croisés. Depuis quelques années, il s’est lancé dans un vaste projet qui est un programme pour équiper les forces navales. Car vous devez l’avoir remarqué, notre économie maritime est fortement liée à la sécurité et à la sûreté des activités maritimes. Donc pour le moment, nous ne pouvons agir qu’avec les moyens dont nous disposons et qui hélas ne peuvent pas aller plus loin que 10 à 15 nq donc les eaux territoriales. Néanmoins nous attendons incessamment les moyens dont le gouvernement a décidé de nous doter.

En attendant ces moyens, mon Commandant, n’existe t-il pas un type de collaboration entre les forces navales de la côte du Golfe de Guinée pour mutualiser les moyens de surveillance ?

Actuellement, entre Chefs d’Etat Major de la sous région (Nigéria, Bénin, Togo et le Ghana), il y a une collaboration qui se fait mais de façon officieuse. Nous pouvons nous appeler directement par téléphone sans formalités et s’échanger des informations relatives à la sécurité maritime. Nous sommes en train de réfléchir à élaborer des Protocoles d’Accord pour des échanges d’informations qui seront signés par les gouvernements concernés. Mais en attendant que cela soit effectif, nous échangeons des informations officieusement.

Nous sommes au terme de cet entretien. Pensez-vous mon Commandant que vos concitoyens sont rassurés?

Je veux non seulement rassurer mes concitoyens mais aussi tous les acteurs de la mer, que le gouvernement béninois ne croise pas les bras. Et les Forces navales font un travail méticuleux et méthodique qui nous a permis de faire avorter déjà trois attaques en mer. C’est vrai que ce n’est pas beaucoup mais ce n’est pas rien non plus. Et nous continuons de rassurer les acteurs de la mer que cette situation n’est qu’un mauvais passage à vite traverser.

Entretien réalisé par

Médard GANDONOU

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