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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Marie-Elise au défi de ses idées


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Le nouveau garde des sceaux a une occasion unique : mettre en œuvre ses idées sur la défense des doits des femmes et plus globalement des droits de l’homme. C’est la première fois en effet que le ministère de la justice est dirigé par un porte-flambeau de la société civile, très ancré dans le mouvement national de lutte contre les sévices faits aux femmes.

J’admire cette passionaria qui a rendu aux femmes battues, violées et violentées un espoir de justice. Qui ne se rappelle sa dernière sortie, cette petite fille littéralement anéantie par ses propres parents sous d’ignobles prétextes cultuels. Déstructurée en ses parties intimes, la fille est morte comme d’autres.

Celles-là subissaient dans l’anonymat et mouraient dans d’horribles souffrances, du fait de traditions rétrogrades. Mais cette fois-là, Marie Elise Gbèdo en a fait une affaire personnelle et son retentissement médiatique a eu le mérite d’éveiller la conscience de tous. Ce combat d’une vie aura surtout impacté les esprits, lorsqu’une autre fille, abandonnée et affamée par son père au CNHU de Cotonou, a été secourue par la grande avocate. La saisissante solidarité qui a accouru au secours de cette innocente âme a permis de la délivrer des griffes de la mort, d’une mort donnée pour sûre si ce n’était le sursaut de cœur de Marie-Elise Gbèdo.

Ces exploits de la solidarité humaine sont en réalité quotidiens. Le petit lot qui surnage dans les médias constitue la partie visible d’un immense iceberg de souffrances à la fois physiques et morales. Il a fallu la lumière crue des médias pour que l’on voie combien de viols sont tus dans les familles pour sauver la face, au mépris de la vie des victimes, combien de femmes battues et humiliées par des brutes épaisses sorties des entrailles de l’enfer sont réduites au silence par le poids des traditions, combien de filles livrées précocement aux affres d’un mariage dont elles n’ont jamais voulu.

L’assistance juridique de l’Association des femmes juristes du Bénin (AFJB) aura servi à redonner espoir à ces vies brisées. Mais il y a aussi cette masse de veuves déshéritées, cette foule de femmes abandonnées à leur sort et qui tous les jours frappent à la porte de la dame de cœur pour recueillir qui un conseil, qui une consolation et qui encore un soutien financier.

De sorte que ses candidatures successives aux élections présidentielles depuis 2001 apparaissent comme les instruments d’un combat pour la modernité. Pour l’Homme. Mais voilà qu’elle a en main un instrument des plus efficaces pour faire aboutir ses luttes. En tant que garde des sceaux, elle tient en main désormais et mieux que par le passé, l’outil le plus efficace de réalisation de ses ambitions.

Tel n’est pas le moindre des défis qui l’attendent dans un ministère réputé rétif à toute réforme. Le poids des habitudes acquises, la virulence des syndicats solidement arc-boutés sur les avantages de leurs syndiqués, sans compter les pesanteurs actuelles du système judiciaire de notre pays, serviront à mesurer l’étendue de son dynamisme, mais aussi la profondeur de sa foi.

 On ne peut passer sous silence la réputation des prisons béninoises devenues au fil du temps de véritables parcs humains de funeste réputation. Ces lieux de détention passent pour être non seulement surpeuplés mais aussi mal famés. Mal nourris, mal soignés et mal hébergés, les prisonniers passent leur séjour carcéral dans l’antichambre de l’enfer, au contact de la saleté, de la faim, du rançonnement, de l’injustice ordinaire.

C’est un monde d’où l’Etat a démissionné depuis longtemps. Malgré les rapports les plus accablants de toutes les commissions qui sont allées toucher du doigt l’ampleur du drame qui se noue dans nos prisons. Il faut espérer que l’univers carcéral devienne un jour non pas un espace de châtiment mais de reconversion véritable.

Il faut surtout espérer que Marie-Elise Gbèdo n’abdiquera pas les combats qui la définissent depuis toujours, au profit de l’administration lente et inefficace de son ministère.

Il lui faut réinventer un mode de fonctionnement personnel pour échapper aux discours de convenance afin de mettre le doigt dans la plaie. C’est à cette seule condition que ses idées ne seraient pas rangées au musée des passions sans lendemain. Que donc prospère Gbèdo pour que prospère le cœur.

Olivier ALLOCHEME

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