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Le triomphe de la vérité

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Editorial: La bataille des programmes


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Les projets de société ont commencé à affluer. Longtemps attendues, ces ambitions ont commencé à tomber comme les dernières pluies : en grande abondance. Un ordinateur par étudiant, 50 000 emplois par an, un milliard par commune…Que promettra Boni Yayi ? Sans doute une nouvelle émergence ou le changement du changement. A quelques semaines seulement des élections, ces promesses mirobolantes méritent d’être argumentées pour être comprises des citoyens, non pas comme des miroirs aux alouettes mais des idées novatrices à même de fonder de nouveaux espoirs. Et pourtant, le discours d’Abdoulaye Bio Tchané le mardi 04 janvier dernier, première allocution publique du candidat, le montre bien : le Bénin a des cadres de valeur. Dans une allocution prononcée à la Obama, sans aucune note écrite, il a tenu en haleine l’énorme public accouru au Palais des Congrès. Contrairement au candidat de l’Union Fait la Nation qui n’a pas véritablement décliné le volet création de richesse de son projet de société, ABT s’est longuement attardé sur les possibilités qu’a le Bénin de disposer des ressources nécessaires pour asseoir les bases de son progrès. Sur la même ligne que les projections macroéconomiques de ces dernières années, le Président de la BOAD a annoncé son ambition de porter la croissance économique du Bénin à 8%, seule voie pouvant sortir le pays de l’ornière de la pauvreté. A l’appui de son ambition, il prévoit pour les cinq prochaines années plus d’un million de tonnes de coton grâce à l’amélioration des rendements et des techniques culturales ainsi que la production de maïs à plus de 2 millions de tonnes. Le candidat entend mettre en œuvre « un programme massif d’investissement d’un montant total de plus de 2 000 milliards » pendant les cinq ans de son mandat, un programme touchant tous les secteurs, notamment les infrastructures. De son programme «une commune, une route », il entend faire le tremplin d’une liaison permanente entre la commune et le chef lieu de département. Et désormais la construction des écoles, des centres de santé et des maisons de la jeunesse sera de la responsabilité des communes. A tout ceci s’ajoutent les projets spécifiques en direction des jeunes (50 000 emplois par an), des femmes rurales (135 milliards en cinq ans), l’artisanat (20 milliards), la culture (2 milliards par an). « Je dis oui nous poursuivrons et amplifierons la microfinance » a lancé le candidat avant d’annoncer qu’il portera à 100 000 FCFA le plafond du prêt aux individus avec 1 000 000 FCFA pour les coopératives de femmes. Une nouvelle structure de microfinance dotée de 50 milliards naîtra en remplacement de l’actuel Fonds national de microfinance. Enfin, Abdoulaye Bio Tchané promet la création d’un Fonds national du sport, doté de 50 milliards de francs sur le quinquennat pour la promotion du sport de masse et d’élite. Ces grandes lignes constituent la marque d’une ambition qui reprend en les corrigeant certaines idées du changement. Le budget 2011 a décliné le programme d’investissement public (PIP) en réservant une part importante aux besoins exprimés par les mairies. Il s’agit de les associer étroitement à la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des projets les concernant. Le projet du candidat de la coalition ABT comme de celui de l’UN a suivi cette ligne tracée depuis mai 2010, signe que la décentralisation purement institutionnelle a pris fin. Il faut en féliciter ABT, d’avoir tenu compte de cette donnée centrale, tout en la concrétisant par des propositions novatrices sur les infrastructures. Mais la question essentielle sur son projet comme sur celui d’Adrien Houngbédji reste celui de son ancrage idéologique. A quel courant idéologique appartiennent les mesures proposées? Socialiste ? Libéral ? Socio-démocrate ? Mais alors, pour annoncer 50 000 emplois par an, il faut bien préciser s’il s’agit d’emplois publics ou publics et privés (cas le plus plausible). Sans compter que le bond vers les 100 000 F de microcrédits aux femmes apparait comme un pari difficile à tenir dans un environnement où même les 30 000 F actuels se réalisent à grand peine par manque de ressource. Dans tous les cas, ABT et Adrien Houngbédji donnent l’impression de vouloir d’un Etat provident version Boni Yayi. S’il y a donc une différence fondamentale entre les trois, c’est leur style de management ou la marge de manœuvre dont ils disposeront pour gouverner sans la chape de plomb de leurs chapelles respectives.

Olivier ALLOCHEME

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