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Le triomphe de la vérité

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Editorial : Comme un coup de tonnerre


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La nouvelle est tombée lundi. Le comité exécutif de la Fédération béninoise de Football a volé en éclats après la démission de douze membres sur quinze. Et suivant les dispositions statutaires, même le Président de la FBF ne saurait faire autrement que de constater la disparition de son équipe.  Jalousement gardée au sein des contestataires, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. D’abord, c’est le consensus apparent qui a prévalu jusqu’ici au sein de l’équipe dirigeante de la FBF qui vole en mille morceaux, porté par le violent vent qui a soufflé lundi. Malgré les dénonciations de la presse, Moucharaf Anjorin avait presque toujours continué à défier les bonnes pratiques, au vu et au su de tous. Avant et pendant la CAN Angola 2010, des affaires de gros sous, soigneusement étouffées se sont pourtant ébruitées dans les médias. Certains responsables de la FBF ont tôt fait de faire le dos rond, d’autres s’en sont pris au ministre des sports, Etienne Kossi et à son chargé de mission. En ces moments-là, la cause était commune, parce que les manœuvres douteuses profitaient à tous. Gestion consensuelle à l’époque ? Sans doute. A force de creuser collégialement le tombeau du football béninois, il s’est trouvé un fossoyeur plus virulent que les autres. Il a certainement montré à tous que les petits larcins dégénèrent souvent en gros braquages.

        Ensuite, même le désormais ex-Président de la ligue de football professionnel Sébastien Ajavon, pour être le mécène parmi les mécènes, prêt à investir ses propres deniers pour les besoins de la cause commune, ne s’est pas privé de s’enliser dans la chienlit habituelle. Il veut jouer tous les rôles. Ligue professionnelle, bras financier de six clubs de première et deuxième division, il entendait contrôler aussi les activités de l’équipe nationale. L’arrivée de l’ancien coach Jean Marc Nobilo comme celle du sélectionneur actuel Dénis Goavec ne se sont pas effectuées sans son soutien. Visiblement, le PDG du groupe Cajaf-Comon paraissait confiné dans les filets serrés de la Ligue professionnelle.  Soit par souci de toujours bien faire, soit par volonté de puissance, Ajavon a fini par incarner le carnet de chèque du football béninois.

Toutefois, il ne faut pas se leurrer.  Il  peut bien revenir sous une autre forme, et probablement même en usant de la fronde actuelle comme d’une rampe de lancement de son propre Léviathan. Malgré sa profonde déception marquée par la décision de partir et de partir pour de bond, certains éléments ne peuvent pas tromper. Il a réussi l’année dernière à faire entrer au comité exécutif une majorité écrasante de ses hommes, dont une bonne partie de ses collaborateurs, aussi bien à Cajaf-Comon qu’au CIFAS. Les observateurs attentifs pouvaient remarquer à l’époque cette stratégie de l’encerclement mise autour du Président de la FBF pour l’empêcher d’échapper à la mainmise d’Ajavon. Certains pouvaient y voir la volonté de disposer d’une machine d’exécution des ordres du patron de la ligue professionnelle. Anjorin aurait-il tenté d’échapper à cette emprise ? Les jours prochains nous le diront.  

Enfin, avec cette majorité forte de douze membres sur quinze, la bourrasque Ajavon provoque dès maintenant la convocation d’une Assemblée Générale extraordinaire pour balayer Anjorin. L’homme en a les potentialités. Mais personne ne peut préjuger des réactions du Président contesté. Il ne se laissera pas souffleter comme un gamin. D’autant que ses moyens de résistance  sont de premier ordre. Ami personnel de Issa Hayatou, Président de la Confédération africaine de football (CAF), il n’aura aucun mal à obtenir son soutien. Et je vois d’ici le grand public se désoler de la bataille et peut-être de l’immixtion des instances internationales du sport. Et je vois d’ici les contreperformances de notre onze national pris en étau au milieu de la guerre des chefs. Irons-nous à la Can 2012 dans ces conditions ? Il est permis d’en douter.

Le coup de tonnerre qui a retenti lundi risque en tout cas de laisser une odeur de souffre dans la maison sportive,  à moins que la sagesse y revienne sous la poussée du jeune Modeste Kérékou, trop jeune et trop inexpérimenté peut-être pour arbitrer le match entre ses mastodontes en lutte.

 Hugues PATINVOH

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