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Le triomphe de la vérité

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Interdiction de manifestation de l’opposition dans le septentrion: La mairie militarise Tchaourou et arrête les militants ABT


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La conférence publique du militant de l’Alliance politique ABT Razack Chabi Oumarou n’a pas eu lieu ce samedi 18 décembre 2010 dans la commune de Tchaourou comme annoncée. A la place des militants et des populations, gendarmes et policiers investissent  les lieux de manifestation. Véritable film western qui révèle l’état de la démocratie béninoise.

Razack Chabi Oumarou, jeune homme assis derrière le 4×4 de la police, arrêté par les hommes en uniforme sous injonction du Maire de la commune de Tchaourou et en transfert vers la mairie est un militant ABT. Une alliance politique soutenant la candidature de Abdoulaye Bio Tchané. Sa particularité dans cette multitude de militants et partisans ABT est qu’il travaille dans Tchaourou, la commune d’origine du Président de la république pour un prétendant à sa succession.  

A l’instar d’autres journées d’inquiétude comme le confesse le jeune militant, Razack sait que ce samedi 18 décembre où est annoncée sa conférence publique à Tchaourou, sera une journée de forte pression de dissuasion et de menaces. Il en est si certain que cela conforte sa conviction politique et fait constamment illuminer son visage d’un sourire narquois. Dans la matinée, où il est censé tenir sa conférence publique à 10 heures à Tchaourou, Razack est à Parakou. Il bat des pieds et des mains pour mobiliser la presse pour la couverture de sa manifestation. Et pourtant, il est conscient que la maison du peuple prévue pour accueillir sa manifestation est déclarée non disponible. Sa tentative, confie-t-il pour obtenir une résidence privée aménagée pour les grandes réceptions, est soldée par une fin de non recevoir du propriétaire soumis aussi à de pression diverses. Pour Razack, « tous ses difficultés et obstacles sont l’œuvre du régime en place à travers la mairie de Tchaourou pour faire échec à la manifestation ». Mais à défaut de la Maison du peuple et du domicile privé, Razack a une troisième carte dans sa poche. Alors qu’il mobilise les journalistes dans la ville de Parakou à …km de Tchaourou, il a son téléphone portable collé aux oreilles pour identifier une autre place. Dans ses va-et-vient à Parakou, la formule est toute trouvée. Une buvette à Tchatchou à 27 km de Tchaourou dans la commune va servir à une réunion restreinte avec les délégations venues déjà des divers arrondissements. La décision prise, Razack embarque avec la presse de Parakou pour Tchatchou. Mais même loin  Tchaourou, les nouvelles provenant du terrain ne sont guère rassurantes pour l’organisateur. Ses représentants en place à Tchatchou lui confirment que la police et la gendarmerie sont positionnées à l’arrondissement avec des rondes sur le dernier lieu annoncé.  

Arrivé à Tchatchou, les regards des populations sur le véhicule qui transporte Razack et les journalistes évoquent largement l’atmosphère suspicieuse qui prévaut. Et voilà le véhicule qui s’enfourche dans les dédales herbeux d’un village, très loin du centre-arrondissement où tout espoir de rencontrer les signes d’une administration publique semble perdu par les hommes de presse. Mais surprise ! Dans ce lieu égaré dans la brousse, un Pick up rempli de forces de l’ordre public conduit par le Commandant de Brigade de Tchaourou est en position. A côté, un 4×4 du ministère de l’Agriculture le Maire de la Commune Sounon Bouko Bio  transportant le maire et toute sa délégation administrative. Tout ce monde attendait Razack Chabi, l’organisateur principal de la réunion politique.  Aussitôt stationné, le minibus qui transporte Razack et les journalistes fut accueilli par un le CB et le maire visiblement surexcités. Les populations mobilisées pour la réunion  n’ont que leurs yeux pour voir la scène. Pas une seule seconde pour l’organisateur de la manifestation Razack Chabi de s’adresser aux militants désemparés. Sous les cris de râlement  et de commandement du maire de Tchaourou « le voici… embarquez-le… bottez-le… », les agents de l’ordre se saisissent du jeune homme et le trainent dans les sièges arrière du Pick up. Dans la foulée, son téléphone portable est arraché par un agent de police et remis au maire. En ce moment, les cameras et les microphones de la presse sont maintenus éteints sur instructions appliquées par les forces de l’ordre. « Pas de cameras allumées ! pas de photos ! pas de micros ! », ordonne le Commandant s’en prenant violement aux journalistes qui ne se plient pas à ses injonctions, tentant très surexcité, d’arracher quelques matériels de travail des hommes de presse. Caméras et micros sont donc maintenus au silence mais sans compter avec le professionnalisme et l’habileté des journalistes et cadreurs. Une fois ces mesures de dissuasion des hommes de presse assurées, la police ordonne à la presse de « vider les lieux » avant que le cortège qui détient Razack et trois de ces militants, ne démarre. Le scénario militaire est simple dans ce cas: empêcher la presse de filmer le transfert manu militari du « détenu »  vers la mairie. Mais celle-ci est demeurée vigilante et ne cède pas aux intimidations. Elle ne quittera les lieux qu’avec le cortège militaire. Elle réussira même à prendre quelques images de ce transfert particulier malgré la disposition militaire des véhicules qui camoufle le transfert de Razack. Entre temps sur les lieux, les militants ABT invités ont été dispersés. La conférence publique transformée en réunion de concertation et d’information et transférée d’un lieu public à un domicile privé vient ainsi d’être interdite. La manifestation de Tchaourou annoncée pour ce samedi 18 décembre n’a pas eu lieu. Ainsi en a décidé le maire de la commune Sounon Bouko Bio.

Le justificatif du maire  

 Sounon Bouko Bio, une fois sa mission accomplie, la troupe dispersée et l’organisateur principal sous la main et transféré à l’hôtel de ville, tente de justifier son acte. A travers une petite séance improvisée entre les organisateurs de la conférence publique, la sécurité publique et le Maire en présence des journalistes, le maire estime que son acte se justifie par le défaut d’une autorisation officielle de manifestation sur son territoire. Mais pour l’organisateur Razack Chabi, c’est cette absence d’autorisation de la mairie qui fonde les déplacements successifs de la manifestation d’un lieu public à un domicile privé en le restreignant au strict minimum des représentants de délégations. « Une réunion politique dans un cadre privée nécessite-t-elle une autorisation préalable ? » Cette interrogation des organisateurs de la conférence publique ABT de Tchaourou ou de Tchatchou à Sounon Bouko et qui peut s’élargir à tous les démocrates, reste entière et n’a pu avoir réponse dans les déclarations du Maire. C’est dans cet embarras de l’autorité communale que Razack et les militants ABT sont relâchés.

La démocratie en berne à Tchaourou

Le 18 décembre 2010 demeurera dans l’annale de l’histoire démocratique du Bénin, un jour triste qui marque le recul grave de l’Etat de droit et de liberté publique que le peuple béninois s’efforce de bâtir depuis 1990. Un maire « despote » aura ainsi décidé de ses agissements antidémocratiques d’annihiler les efforts de tout un peuple aspirant à un Etat démocratique, et l’ayant affirmé expressément dans sa Constitution. Sounon Bouko Bio est l’exemple type du pouvoir qui croit que sa seule autorité est la norme de toute chose et de ce fait dispose du droit de vie et de la mort sur leur sujet. Leur désir se mue dès lors en lois de la république et les militaires devenus de simples objets exécutants sont chargés de les mettre en œuvre. Tchaourou en l’absence d’une déclaration d’indépendance étatique demeure une commune en République du Bénin et n’a de lois spécifiques à elle seule autre que celles votées par les institutions républicaines habilitées. Mais la délimitation de l’autorité territoriale que semble faire le maire Sounon Bouko Bio érige Tchaourou en un Etat à part, où les normes de démocratie n’existent et ne se définissent que dans la tête du maire. Cela ressemble à tous égards aux régimes totalitaires et deux actes du maire de  Tchaourou à l’occasion de la conférence publique de ABT dans cette commune, le confirment. Premièrement l’interdiction d’une réunion privée dans un cadre purement privé par un pouvoir relève de l’arbitraire et la forme adoptée par le maire pour empêcher cette manifestation relève d’une autre époque. L’arrestation de citoyens au cours d’une réunion politique dans un pays où la liberté de réunion et d’opinion est garantie par la constitution, est un signe évident du recul de la démocratie. Deuxièmement, cette facilité du Maire Sounon Bouko Bio à interdire, sur son simple humeur, aux journalismes d’exercer leur droit à la liberté de presse, proscrivant toute prise d’images et de sons sur le champ de démonstration de ses aptitudes de « despote », prouve bien les menaces que l’homme représente pour la démocratie du Bénin. C’est purement « un dictateur » d’une époque révolue qui règne sur Tchaourou aux petits soins des intérêts d’un régime. Et moins que moi qui ai la chance ou la malchance d’être sur ce champ d’expression du despotisme rétrograde à Tchaourou, tout démocrate doit pouvoir dénoncer avec la dernière rigueur le 18 décembre à Tchatchou comme l’expression d’un recul de la démocratie béninoise.

   Medard GANDONOU

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1 thoughts on “Interdiction de manifestation de l’opposition dans le septentrion: La mairie militarise Tchaourou et arrête les militants ABT

  1. Christel julio

    A tout ceux qui ont lu cet article, je voudrais les exhorter au calme et a la patience!
    Ne repondons surtout pas aux provocations des zélés d’un régime aux aboies cherchant en vain ses répères qu’il ne trouvera jamais! quel triste sort pour mon pays??? Prions, luutons pacifequement pour la restauration de la démocratie, de nos libertés et de tous ces acquiq de l’historique conférence nationale des forces vives de la nation!
    je finirai en citant un celebrisime homme politique de notre pays :” Nous irons pacifequement aux élections de 2011 et nous gagnerons pacifiquement”
    que cela soit ABT ou UN, peut importe, l’essentiel est de faire partir les vautours de la démocratie et pilleurs silencieux qui se font passer pour des agneaux! Le régime dit du changement, quel gâchis pour mon pays?

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