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Le triomphe de la vérité

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Editorial : Les enfants de l’audace


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Le symposium international de Cotonou sur le cinquantenaire des indépendances africaines a clos ses travaux samedi sur une  note d’espoir. D’espoir et d’audace. D’audace pour refonder demain. Demain dont les fleurs aujourd’hui amères annoncent malgré tout une nouvelle ère. Cinquante ans après les indépendances, Albert Tévoédjrè a réussi à fouetter nos espoirs en insistant de façon itérative sur la problématique de l’audace devenue notre seule bouée. Le thème de tout le symposium en disait déjà long, « l’audace, unique défi pour une Afrique nouvelle ». Nous voilà donc au seuil d’un nouveau cinquantenaire où l’exigence de rupture est inscrite comme en lettres vermeilles au fronton de nos Etats. Saurons-nous y souscrire réellement ?

   En réalité, même les mots ne suffisent pas à dire la situation de notre Afrique, cinquante ans après les indépendances. Si ce ne sont pas les ravages des guerres, ce sont les dictatures médiocres ou encore les démocraties stériles qui font piétiner nos Etats. Le poids des puissances tutélaires et leurs manœuvres de déstabilisation ont empêché le développement de l’Afrique, au même titre que les indisciplines accumulées, les incivismes entêtés, et les corruptions éhontées. Face à ce tableau d’une rare noirceur, les défis qui pointent à l’horizon appartiennent surtout à la jeunesse, celle à qui Paul  Kagamé, le Président rwandais, s’est adressé vendredi  au palais des congrès. Pourquoi inviter un ancien chef de guerre à ces travaux si politiquement correct ? Au-delà de tout, Kagamé vient d’un pays dont le seul nom suffit à  évoquer horreur des charniers, génocide  sans nom, tragédie. Mais le Rwanda symbolise à lui seul le nouveau sursaut de l’Afrique pour être finalement une terre de discipline, de prospérité et de citoyenneté citée dans presque tous les discours évoquant le développement de l’Afrique. Principal artisan de ce renouveau, Paul Kagamé a tenu devant les jeunes un discours ruisselant de vérité,. Il s’est adressé à cette Afrique de demain, celle qui sera l’acteur principal des combats qui nous attendent sur le chemin du développement et de la mondialisation. C’est d’une audace jamais vue qu’il s’agit pour elle de réinventer pour fleurir les espérances de tous. Aux mots de Césaire qui somme le nègre de s’élever plus haut que les autres pour avoir part à l’humanité, Kagamé répond que désormais l’Afrique est debout pour affronter ses défis. Par-dessus tout, l’adresse de Paul Kagamé  et les témoignages vibrants des jeunes ont fait l’écho d’une détermination monstre venant des profondeurs des terres africaines.

Toutes les révolutions naissent là où les hommes  décident ensemble de dire non. A Cotonou, les jeunes africains ont dit un non franc et massif à cette conspiration du pire qui semble enserrer le continent dans un étau de guerres et de malheurs. Ils veulent  aujourd’hui et maintenant prendre date pour, de l’ancien système des choses, faire une nouvelle résurgence d’où surgiront la paix, le bonheur et la prospérité. C’est à cette jeunesse enthousiaste, forte de ses forces, convaincue de ses convictions  et  riche de ses richesses, que se pose le défi de l’audace. De sa conscience aiguë mais ferme, elle semble se résoudre à exploiter les ressources pour retracer les lignes de vie de l’Afrique nouvelle. Cette génération consciente n’est pas celle des politiciens de l’ancienne politique. Elle n’est pas celle des hommes et femmes d’affaires louches gonflant l’armée des travailleurs de l’informel. Elle n’est pas celle des cybercriminels aux dents acérées. Elle est au contraire celle des hommes et femmes nantis de diplômes professionnels ou simplement armés de leurs rêves et qui veulent se forger un autre destin. Ce sont ceux qui refusent le fonctionnariat sans lendemain pour se livrer corps et âme dans le combat de l’initiative privée. Ils sont désireux de répondre à l’appel de tous ces cris venus du fond de la misère des paysans et des pêcheurs, des chauffeurs et des étudiants, des humbles comme des riches. C’est à eux que Paul Kagamé et Albert Tévoédjrè se sont adressés comme dans une entente fécondante, pour qu’elle demande ou même exige une autre Afrique. Nous sommes ainsi en face d’un nouvel espoir qui jaillit pour préparer le nouveau cinquantenaire. La jeunesse qui s’installe au fronton de l’histoire africaine a l’audace du courage. Elle saura surprendre et se surprendre. 

 Olivier ALLOCHEME

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