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Le triomphe de la vérité

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Editorial : Succès point com


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 Quel est le bénéfice de la coupe du monde 2010 pour l’Afrique ? On peut oser dire aujourd’hui que l’Afrique bénéficiera de ces jeux à trois niveaux.

Au plan moral et psychologique, le défi relevé par le mondial 2010 permet de renforcer la confiance des Africains  en eux-mêmes. Nous sortons lentement de plusieurs siècles de crachats et de cravache. L’avilissement universel qui était notre part d’héritage avait fini par nous convaincre que nous n’étions rien du tout. Nous fûmes ceux que les siècles   d’esclavage et de colonisation condamnèrent à l’éternel agenouillement. Nous fûmes de la race des invalides du monde, incapables de se développer, refusant même d’avancer pour paraphraser Axel Kabou. Nous fûmes le ventre mou du monde en développement, un univers périphérique que tout prédispose à rester dans les banlieues des pays développés. L’incommensurable sursaut a de quoi raffermir notre égo. Plus jamais, les Africains ne devraient penser qu’ils sont voués à l’éternel ravalement, à la malédiction des temps qui se figent en misère et en sous-développement.  Le mondial sud-africain nous permet ainsi de relever la tête. Et surtout d’être fiers de nous.

Non pas que les Africains viennent de faire quelque chose d’absolument nouveau en impressionnant le monde. Il
y a longtemps que l’on connaît les Charles Richard Drew pour la transfusion sanguine, les Garett Morgan pour les feux de signalisation, les Georges Nicolo pour les télécommandes, les Henry Sampson pour l’invention du téléphone portable. Ce sont d’authentiques inventeurs noirs, des scientifiques de haut niveau dont le Malien Cheikh Modibo Diarra, l’Africain de la NASA, et le Nigérian Philippe Emeagwali, inventeur de l’ordinateur de calcul le plus rapide au monde, n’ont été que les dignes héritiers. ” EIA pour ceux qui n’ont rien inventé, ” disait Césaire en forme de révolte, comme en réponse au grand abbé Pierre Teilhard de Chardin disant : ” Les Noirs sont de temps immémorial livrés sans contrôle à un sensualisme abject, à la cruauté, au mensonge.” Non, ce qu’il y a eu de grand et de radicalement nouveau à Cape Town, Johannesburg, ou encore Pretoria, c’est que des milliards de téléspectateurs à travers le monde ont vu le génie africain le plus pur se manifester. C’est le deuxième avantage exponentiel du mondial sud-africain. Et s’il n’y avait que le sport pour laver l’affront du temps ? Le fait est que la défaite du Ghana fut même une bénédiction. Ce n’est pas la brutalité musculaire du sport qui révèle la vraie Afrique au monde, mais cette capacité d’organisation, mais cette puissance architecturale révélée par les stades, mais cette magie de l’art contenue dans les mille facéties des spectacles d’inauguration et de clôture de la compétition, mais encore et surtout cette technologie d’avant-garde finement ciselée pour éblouir le monde.

Le troisième avantage est au plan économique. Le vent favorable qui souffle sur notre continent depuis quelques années a trouvé en Afrique du Sud son déclic le plus retentissant.  Vous le savez, durant la dernière décennie, le continent a connu une croissance économique soutenue. De 6% environ entre 2006 et 2008, la croissance africaine s’est tassée en 2009 en raison de la crise mondiale qui l’a ramenée à 2,7%. En 2010, elle y sera de 4,5% mais de 1,2% dans la zone euro. En 2011, la croissance sera de 1,8% pour la zone Euro et de …5,2% pour l’Afrique subsaharienne. Un pays comme la France a fait 0,5% en 2009 et prévoit pour cette année environ 1%. 

La situation de l’Afrique est portée par une démographie forte mais maitrisée. L’Afrique qui comptait 180 millions d’humains en 1950, compte aujourd’hui un milliard d’hommes et de femmes qui sont des consommateurs dont le pouvoir d’achat dans certains pays est plus relevé qu’en Inde. Cette population franchira allègrement le cap des deux milliards d’habitants dans quarante ans, dans moins de deux générations. Nous pouvons  regarder les autres peuples droit dans les yeux, sans rougir (ou sans pâlir). De ce fait, l’Afrique redevient aux yeux du monde un pôle majeur d’investissement. Même si dans le commerce international, elle ne représente plus que 3% des échanges, sa démographie et sa croissance attirent les grandes banques et les conglomérats.  La coupe du monde donne à tous ces investisseurs le sentiment que quelque chose de neuf se passe sur le continent, et qui ressemble à s’y méprendre à un renouveau économique.

Olivier ALLOCHEME

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