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Le triomphe de la vérité

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Rebondissement dans la mise en concession clandestine des Chemins de fer: Le Niger s’oppose au bradage de l’Ocbn


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  (Les pièces d’un crime économique)

 Suite à notre article de vendredi, le ministre d’Etat Pascal Irénée Koupaki a tenu une séance de travail vendredi dernier pour annoncer aux acteurs de l’Ocbn  quelque chose de terrifiant : le lancement de l’audit des comptes de la société. C’est une grave entorse à la loi. Mais dans toutes ces menées, l’autre partenaire du Bénin, le Niger, se montre de plus en plus inquiet des dérives des autorités béninoises. 

Face aux menées subversives visant à mettre  l’Ocbn en concession de façon clandestine, le gouvernement du Niger n’est pas resté les bras croisés. Nous publions aujourd’hui la lettre par laquelle  le ministre des transports du Niger, le Colonel Ahmed Mohamed s’est indigné des agissements du gouvernement béninois décidé à donner ce patrimoine commun aux deux Etats à un tiers jugé incompétent et sans expérience ferroviaire depuis 2008.  Mais le gouvernement nigérien a d’autres  raisons de s’inquiéter. Nos enquêtes nous ont permis de découvrir que le Bénin a en projet de dénoncer l’accord du 05 juillet 1959 ayant créé l’Ocbn. Il y a 51 ans en effet,  plus d’un an avant l’indépendance,  nos deux Etats ont trouvé la nécessité de créer l’Ocdn, instrument devant gérer les chemins de fer mis en place par l’administration coloniale en vue de drainer l’arachide nigérienne et les produits de palme du Dahomey vers la France via le warf, ancêtre du port de Cotonou. Cette noble ambition est restée depuis lors, malgré les péripéties de la gestion de l’Ocbn, société entrée en phase de récession dans les années 1990. En 1999, les deux Etats décident de la mettre en concession. L’appel d’offres lancé à cet effet en 2005 n’a pas permis   de recruter un concessionnaire. Il a été relancé en Août 2008, avec la même infortune. La seule société en lice, la société Petrolin, a été jugée techniquement incompétente par l’organe mixte de pilotage de la mise en concession du réseau ferroviaire Bénin-Niger. Siégeant en qualité de  Comité technique d’évaluation  des offres présentées par la seule société en lice, le Groupe Petrolin Trading LTD, cet organe a analysé et rejeté le dossier du groupe. La raison fondamentale en était que le soumissionnaire n’avait évoqué ni prouvé  aucune expérience d’exploitation et de gestion de chemins de fer. Malgré cet avis technique défavorable, le gouvernement béninois a choisi de dribbler  son homologue du Niger en procédant en toute discrétion à la mise en concession au profit de la même société dont le dossier technique a été rejeté. Mieux, le ministre des transports a écrit au Directeur général de l’Ocbn le 09 février 2010 en lui intimant l’ordre de s’en référer désormais à ladite société. Dans ce cadre, Rigobert Azon « ne prendra plus de nouveaux engagements, ne signera pas de nouveaux contrats ou avenants, ne recrutera pas de nouveaux agents sans l’accord préalable des autorités de tutelle et après avis consultatif de la Société Pic Network Limited ». Autrement dit, le DG Rigobert Azon est désormais une souris assise sur une caisse vide. 

Le Niger se fâche

 Cette cacophonie organisée n’a pas été du goût des autorités de Niamey. Le Colonel Ahmed Mohamed, membre de la junte actuellement au pouvoir au Niger et ministre des transports de ce pays, s’est alors indigné de cette précipitation de son homologue Nicaise Fagnon. Il a d’abord rappelé que la partie nigérienne a juste demandé aux autorités béninoises de surseoir à toute décision de mise en concession de la société en attendant que Niamey examine les documents mis à sa disposition à cet effet par le Bénin :  « …de telles instructions, écrit-il, devaient être données à la direction générale par le Président du Conseil d’Administration, c’est-à-dire le ministre en charge des transports de la République du Niger.» Cette correspondance en date du 02 avril dernier montre clairement, s’il en était encore besoin, que les relations entre Cotonou et Niamey ne sont plus au beau fixe, tout au moins en ce qui concerne le dossier de la mise en concession de l’Ocbn. Et comme si cela ne suffisait pas, nous apprenons que le Bénin a en projet de dénoncer le protocole de création de l’Ocbn.

 En effet, le 29 janvier dernier, le ministre d’Etat Pascal Irénée Koupaki à la tête d’une importante délégation, a été reçu par les autorités de Niamey. L’objectif visé était de faire signer les documents de mise en concession au profit de la société Pic Network LTD. Seulement voilà, étonnées par cette démarche qui remet en scelle    une société jugée incompétente à gérer les chemins de fer, les autorités de Niamey s’opposent à cette volonté du Bénin. Elles ont demandé un délai de deux mois pour examiner les documents présentés par notre pays. Au nombre de ces documents figurait un protocole de dénonciation de l’accord du 05 juillet 1959 portant création de l’OCBN. Ainsi donc, en plus de donner la société à Pic Network Limited pour une durée de 25 ans, les autorités béninoises ont en projet de mettre fin à la coopération ferroviaire existant entre le Bénin et le Niger. Tout compte fait, cette démarche est loin d’être la plus cavalière opérée par le gouvernement dans le cadre de ce dossier nébuleux. En plus des autres contradictions et ambigüités, il y a la procédure bancale de mise en concession utilisée pour donner l’Ocbn à une société jugée incompétente et sans expérience en matière ferroviaire.

 On donne avant de déterminer la valeur du cadeau

 Apparemment, un cabinet a été commis récemment pour  opérer l’audit des comptes de la société. A cet effet, le ministre d’Etat Pascal Irénée Koupaki a tenu vendredi une séance de travail avec les différents acteurs du dossier en vue de lancer l’opération. Et c’est là le plus gros ! C’est après avoir donné l’Ocbn à une société incompétente et sans expérience en matière ferroviaire que l’Etat se demande maintenant ce que vaut réellement l’office ! C’est pire que la situation de la SONACOP ! C’est que le gouvernement s’est rendu compte qu’il a mis la charrue avant les bœufs, en violant tranquillement les dispositions logiques contenues dans la loi 92-023 du 06 août 1992 portant détermination des principes fondamentaux des dénationalisations et transferts de propriété d’entreprise du secteur public au secteur privé.  Elle indique clairement que «  la dénationalisation ou le transfert de propriété d’une entreprise du secteur public au secteur privé s’appuie sur une évaluation diagnostique devant établir :

 – L’ampleur des mesures d’assainissement de la situation financière et comptable de l’entreprise ;

 – L’intérêt du désengagement de l’Etat.

 Dans ce dernier cas, cette étude doit comporter notamment :

 – Le motif de la dénationalisation ou du transfert de propriété

 – La détermination de la valeur de l’entreprise » (Article 3)

 Et l’article 4 de la même loi se fait plus cinglant « la décision de désengagement ne sera prise que si l’étude conclut sans équivoque que la dénationalisation ou le transfert de propriété permettra une rentabilité et des équilibres financiers sans recours à des subventions directes ou déguisées de l’Etat ou des collectivités locales. »  La réunion de vendredi permet de se rendre compte que l’Etat béninois a choisi la voie de l’opacité voire de la compromission pour donner une entreprise dans laquelle il a investi pas moins de 7 milliards 122 millions ces deux dernières années. 

Le comble !

Le comble, le voici. La société Pic Network Limited censée prendre l’Ocbn n’a qu’un capital social de 250 000 dollars, soit environ 113 millions 750 000 Fcfa. Autrement dit, on donne une société à une autre dont le capital social  est au moins dix fois inférieur à sa valeur réelle. Face à cette chaîne d’absurdités, on peut se poser la question de savoir si les pièces d’un gigantesque crime économique ne sont pas réunies. En attendant d’y répondre, les députés béninois ont déjà commencé à poser des questions au gouvernement pour élucider le clair-obscur qui embrouille la viabilisation de l’Ocbn. C’est le cas de l’Honorable janvier yahouédéhou qui a posé des questions écrites au gouvernement dans ce sens le 11 mars dernier en se basant sur la convention de cession proposée par le Bénin et refusée pour le moment par la partie nigérienne. Malgré ses difficultés, l’Ocbn est en phase de relèvement grâce aux efforts des travailleurs et surtout du gouvernement béninois qui y a engagé beaucoup d’argent, sous forme de prêts consentis à la société. Ce qui se prépare et qui se met en place sous nos yeux revient simplement à faire sombrer ces efforts et ces perspectives heureuses saluées par tous. 

 Wandji A.

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One thought on “Rebondissement dans la mise en concession clandestine des Chemins de fer: Le Niger s’oppose au bradage de l’Ocbn

  1. ADANVENON

    cela est dommage que ce gouvernement nous récule tous les jours et compromette l’avenir de la jeunesse.
    l’espoir était grand,mais l’inexpérience de chose politique de YAYI est dommageable pour ce pays.
    Vivement que Dieu nous envoie un homme expérimenté et éclairé pour nous tirer du gouffre.

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