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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Pour l’amour des femmes


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Le flot des discours pro-femme que nous entendrons aujourd’hui n’effacera pas l’évidence : aucune des promesses qui leur sont faites, ne sera réalisée dans le microcosme politique. Est-ce à dire que la journée internationale de la femme est une vaine initiative ? La ” bonne ” volonté des hommes à féminiser l’univers politique tient du leurre. C’est avec un espoir angoissé que les plus perspicaces d’entre nous ont suivi les recommandations issues du colloque sur les vingt ans de la conférence nationale. Le colloque a simplement constaté que les discours ont fait ombrage aux actions et recommandé ” la traduction dans les politiques et dans les actes de la valorisation de la femme dans le développement de la nation “. Il est même allé plus loin en recommandant ” qu’un quota soit instauré pour une meilleure représentation des femmes dans les instances de prise de décision “. Un vœu pieu ? Sans aucun doute. Le verbalisme adopté sur cette question n’a jamais fait bouger la situation. La société est essentiellement basée sur des valeurs masculines, celles de la virilité, de la puissance et de l’ambition.    Dans son fameux livre intitulé  Le deuxième sexe, Simone de Beauvoir montre déjà le rôle de la société dans le rabaissement de la gent féminine. C’est la société qui lui délègue le rôle de gardienne des enfants, domestique de l’homme qui serait chargé, lui, de tâches plus exigeantes et plus honorables.   ” On ne naît pas femme: on le devient “, dit-elle en substance.  Et la journée de la femme, loin d’être une célébration tapageuse institutionnalisée, devrait servir à réfléchir aux actions concrètes mises en œuvre pour gommer progressivement le déséquilibre social induit par le machisme ambiant.
A l’heure du compte en effet, le tableau n’est pas reluisant. La société béninoise ne reconnait pas vraiment le leadership féminin en politique.  Même si l’on cite généralement les cas de Me Marie-Elise Gbèdo et de Célestine Zanou qui ont eu le courage de se présenter à une élection présidentielle, malgré les pesanteurs sociologiques, on oublie souvent d’indiquer qu’elles n’ont pas vraiment brillé lors de ces consultations. Les deux femmes ont totalisé en 2006, moins de 1% des suffrages exprimés, soit 0,63% seulement pour les deux candidates réunies… Il faut encore aujourd’hui une véritable éducation de la société pour intégrer la variable féminine dans les mentalités. La question maintes fois posée est alors  de savoir s’il convient de redresser cette mentalité à marche forcée en s’appuyant sur des leviers législatifs.
La potion législative est à première vue rébarbative. Elle est pourtant la seule piste sérieuse permettant de freiner réellement la marginalisation ruineuse  des femmes. La politique des quotas pourra alors inciter les hommes à promouvoir leurs sœurs, leurs filles, leurs mères ou leurs épouses à des postes de responsabilité publique. Cette solution assortie de sanction devra être appliquée lors des élections locales et législatives, notamment lors de la confection des listes de candidature au sein des différents partis et alliances de partis en compétition. Si la politique des quotas est aussi nécessaire pour la confection de l’équipe gouvernementale, elle pourrait être moins opérationnelle pour l’appareil institutionnel  où les compétences précises exigées pourraient constituer de graves handicaps. Néanmoins, à l’étape actuelle de l’évolution sociale du Bénin, on ne peut inculquer aux générations futures que les valeurs d’aujourd’hui, sauf si des mesures idoines sont prises pour corriger le tir. Dans ce cadre, la création en cours de l’Institut de la Femme est un pas prometteur.
Mais l’on n’insistera jamais assez sur cette capacité des sociétés machistes comme la nôtre à générer de fortes têtes qui défient la masculinisation du pouvoir. En Inde avec Indira Gandhi et au Pakistan avec Benazir Bhutto, des sociétés fortement masculinisées ont été dirigées par des femmes. Il est vrai qu’en l’espèce, ces deux dames de fer devaient leur ascension politique à leurs prestigieux noms, héritières qu’elles étaient des dirigeants charismatiques de leurs pays respectifs. C’est ce dont bénéficie aujourd’hui Rosine Soglo qui doit à son mari l’ascension politique qu’elle connaît au sein de la RB. Ici comme là-bas, la marche des femmes vers la reconnaissance passe par une ombrelle familiale qui fait abstraction de leurs qualités intrinsèques.  Et c’est pourquoi, il faut cesser de parler. Et agir enfin !

Olivier ALLOCHEME

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