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Le triomphe de la vérité

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Discours d’ouverture de la session budgétaire de l’Assemblée nationale Nago légitime le combat de l’opposition, livre Yayi et consolide son fauteuil


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Nago MathurinLa session budgétaire d’Octobre 2009 à l’Assemblée Nationale s’est ouverte sur un discours paradoxal de son premier responsable. Le Président du Parlement Béninois Mathurin Koffi Nago après quatre exposés solennels d’ouverture de session parlementaire au perchoir de l’Hémicycle, a dérobé à sa ligne traditionnelle de perception et d’appréciation des réalités politiques, économiques et sociales sur le plan national. A défaut d’assister à un blâme ouvert du régime du Dr Boni Yayi, Nago a eu des propos qui se sont isolés des dithyrambes traditionnels pour feindre de s’allier à l’objectivité. Dans une approche qui revendique la neutralité, le Président a fait un constat des faits, réveillé la conscience citoyenne pour rappeler les réels enjeux de développement national. Ce faisant Nago a récolté des fleurs d’horizons les plus insoupçonnés. Sa quotte d’admiration dans l’opinion publique a atteint ne serait qu’à lumière des vox populi prolifiquement relayés par les médias, un sommet difficilement imaginable à la veille de cet exercice. Cette lecture du discours du Président de l’Assemblée nationale qui paraît revêtir une certaine objectivité peut néanmoins se révéler à la limite d’une perception naïve. Elle peut bien souffrir de l’absence d’un discernement de la portée réelle de ces déclarations sur la vie sociopolitique nationale. Cajoler l’opposition ne l’amadoue pas… En tenant à l’opposition un discours qu’elle aurait aimé depuis fort bien longtemps entendre, le Président de l’Assemblée a sans doute réussi une opération qui l’érige du coup au dessous de la mêlée. Mathurin Nago a fait l’option du real politic consistant à rompre avec tout embellissement de la réalité politico socioéconomique, pour constater avec les yeux du citoyen ordinaire, les dérives et pièges que notre société doit éviter sur sa voie de développement. Cette option ne peut que susciter un nouveau leadership et une nouvelle carrure au Patron de la deuxième institution républicaine d’essence contre-pouvoir. Nago qui a essuyé successivement le rejet de son rapport d’activité à la tête de l’Assemblée, comprend plus que jamais la nécessité d’ouvrir sa politique vers l’opposition jusqu’à présent majoritaire au parlement pour espérer un apaisement du climat, la suite de son mandat. L’option est hardie en ce sens qu’elle implique d’énormes sacrifices politiques de sa part : un renoncement systématique de ses discours précédents et une renonciation en partie de la politique de ses alliés Fcbe. Mais cette option qui recoupe pour la plupart du temps les postions de l’opposition ne s’est jamais révélé payant pour les régimes qui en ont usé pour la mise en œuvre d’une stratégie ou une autre. Car cajoler l’opposition ne l’amadoue jamais mais au contraire l’enhardit, lui constituant de stimulant ou de motif de légitimation de son combat contre le pouvoir. Ainsi, le discours de Mathurin Nago qui prête la crudité et l’acerbité de ses mots (maux) au vocabulaire de l’opposition, si objectif, si neutre soit-il ne va servir à une opposition peu sincère que de prétexte pour saler la note à l’encontre du régime. Ce discours ne sera dans ce cas, au mieux, qu’une lettre officielle de reconnaissance des faiblesses du régime par les acteurs de la majorité présidentielle. Des sacrifices lourds… Il importe peu à la suite du discours du Président Nago que l’acte soit une opération de charme. La portée des déclarations dans le contexte politique et socioéconomique très délicat pour le pouvoir vient à n’en point douter affaiblir le régime de Boni Yayi en souffrance. Point n’est besoin d’entrevoir dans cette attitude inouïe du Président de l’Assemblée, un subterfuge pour mieux s’ouvrir les portes du vote de la prochaine loi des finances sur la table des parlementaires braqués contre le gouvernement. Si c’est le cas, le détour est trop osé et participe plus à l’affermissement de l’autorité du Président de l’Assemblée nationale et donc du fauteuil présidentiel de l’Hémicycle que du renforcement du trône du Chef de l’Etat Boni Yayi. Il n’y a donc point de doute que ce discours dénote d’une stratégie politique de large ratissage au parlement pour l’instauration d’un climat de paix et de marge de négociation avec les députés de l’opposition. Mais il n’en demeure pas moins vrai que c’est un discours qui expose le Chef de l’Etat et présente son régime sous un jour de déclin. Etait-ce le prix à payer pour renfermir l’autorité du Président de l’Assemblée Mathurin Nago et s’offrir le boulevard du vote du budget national exercice 2010 ? Si c’est le cas, la tribu est bien lourde. Medard GANDONOU

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