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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Au cœur de la paix


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La semaine de la paix décidée par le gouvernement s’en va être une semaine de guerre. C’est d’abord la mise à sac de la mairie de Lalo qui est venue indiquer que la paix est encore loin de nous. Que ce saccage se retrouve au cœur de la semaine de la paix,  voilà une coïncidence qui devrait interpeller. Interpeller notamment sur l’avenir peu rassurant face aux enjeux titanesques de 2011 porteurs de tensions réelles déjà latentes.
C’est également la déclaration de l’intergroupe G et F, condensé synthétique de l’esprit belligène en construction sur les cendres du passé. Ce passé encore chaud dans les mémoires ressassé à l’envi pour expliquer les méfiances de ce groupe, montre selon lui que ” la première source des situations de tension et de trouble reste le Président de la République et son gouvernement “. Citant nommément le Chef de l’Etat comme le fauteur de trouble numéro 1, la lettre envoyée au PNUD par les G et F indique que ” c’est le Président YAYI qui, par sa conception particulière du pouvoir, sa préférence pour les passages en force plutôt que le dialogue et la négociation, a porté ces dernières années, de rudes coups aux libertés publiques, à la bonne gouvernance, à l’esprit de paix et à la démocratie “. Ces morceaux choisis, empreints d’une virulence sans fioriture, sont autant de coups de boutoir exprimant des frustrations mal contenues propices à des contestations futures. En rappelant les violences électorales de l’année dernière et de 2007 et en les présentant ” naturellement ” comme emblématiques d’un pouvoir fascisant à la limite, l’intergroupe donne l’alerte : le Bénin pays de paix est une vue de l’esprit sous Yayi.
C’est enfin la démarche peu ordinaire du maire de Porto-novo qui a boudé la flamme de la paix en refusant de cautionner l’initiative conjointe du gouvernement et du PNUD. Si l’instance politique des G et F n’avait qu’une représentativité de parole, le maire Moukaram Océni est passé à l’acte pour dire toute la véhémence et la sincérité de l’opposition. Après tout, c’est dans sa ville que les violences électorales  de 2007 ont failli faire basculer la capitale dans un bain de sang. Plus que quiconque, il avait un devoir de témoignage face à l’histoire, même transformé en arme politique contre le régime Yayi.
Curieusement, tout ceci donne raison aux initiateurs de la semaine pour la paix. La sédimentation de haine et de frustration en place depuis 2006, est une bombe à retardement qui éclatera en 2011, si les sentiers de la paix ne sont pas balisés dès aujourd’hui. Le hasard a voulu qu’elles s’expriment tôt pour conjurer le mauvais sort qui guette la République au détour de ces échéances. Cette conjuration adviendra-t-elle jamais, à la lumière de l’ampleur des méfiances actuelles ? Rien n’est moins sûr. La démocratie électorale héritée de la conférence nationale de 1990, est un terreau de fécondation pour la violence, face aux difficultés de mise en œuvre efficace des fondamentaux de la démocratie. En cela, la décennie 1990 qui a été celle des conférences nationales et de la démocratisation en Afrique, a été aussi celle de la résurgence de conflits infra-étatiques avec des guerres civiles nées de processus électoraux mal négociés ou de tensions interethniques réveillées par la compétition électorale. Le Bénin a connu en mars 1991 sa part de frayeur avec les événements tragiques de Parakou. Heureusement, il n’y eut pas ici de Libéria ou de Congo, encore moins de Rwanda. Dieu nous aime, a-t-on coutume d’en déduire. Mais il aime tout aussi bien les peuples en guerre.
Dans sa dynamique de prévention des conflits, le système des Nations Unies a vu juste en s’associant dès maintenant à l’initiative de la semaine de la paix, conçue comme antidote aux dangers qui nous guettent. Les bouderies de l’opposition montrent qu’elle est bienvenue mais insuffisante à dresser les boucliers de paix dont le pays a besoin pour franchir sans heurt le cap de 2011. Et de toute évidence, les comportements belligènes se recrutent dans tous les camps.
Olivier Djidénou

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