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Le triomphe de la vérité

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Pillage des ressources forestières ligneuses au Bénin: Ségbana au cœur d’un scandale


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Le ministre de la Gouvernance locale Alassane seidou

Le ministre de la Gouvernance locale Alassane seidou

 50 madriers arraisonnés au mois d’Avril, 206 au mois de Mai, 194 au mois de Juin, 150 à fin Juillet. La moisson de l’année 2009 n’est pas terminée. Le pillage ligneux se poursuit à Ségbana malgré la détermination du comité communal mis en place pour arrêter le massacre environnemental dans cette région frontalière avec le géant Nigéria située à 105 Km à l’Est de la ville de Kandi. En effet, la commune de Ségbana, riveraine aux forêts classées des Trois Rivières et de la Sota, est devenue le pôle d’attraction des pilleurs environnementaux qui opèrent allègrement et impunément. Les acteurs de cette exploitation forestière abusive ne sont pas uniquement des Béninois. Togolais, Nigérians et Burkinabé sont omniprésents dans cette opération de déforestation toute aussi sauvage qu’illégale avec parfois des complicités insoupçonnables. « Le rônier est une espèce protégée. Malgré cela l’administration forestière a donné l’autorisation de coupe de 63 pieds de rôniers en juin 2009. Cette autorisation a servi de prétexte pour ravager 422 pieds de cette espèce de plus en plus rare au Bénin », stigmatise-t-on au sein de l’administration communale de Ségbana. Les investigations révèlent que les exploitants ont payé 2.500 FCFA pour chaque pied coupé à l’administration forestière sur place, de quoi inquiéter la mairie. Outre le rônier, les autres espèces protégées objet de pillage systématisé dans la commune de Ségbana ont nom caïlcédra, afzélia, isoberlinia et bombax du fait de leur valeur sur le marché aussi bien national qu’international. D’après les renseignements sur place à Ségbana, les madriers de l’espèce afzélia sont très prisés en Europe, notamment en Italie. « Quand ils voient un tronc d’arbre bien droit, ils le coupent ; peu importe l’espèce et le lieu », confie l’un des pisteurs villageois anonyme coopté pour renseigner le comité communal de lutte contre l’exploitation abusive à Ségbana. En fait, cette exploitation abusive des ressources forestières ligneuses à des fins lucratives a permis de soutirer dans le seul village de Sinwan, arrondissement de Logou, riverain à la forêt classée de la Sota, environ 650 madriers et planches en direction de Kandi entre Janvier 2009 et Mai 2009. Les arrondissements de Sokotindji et de Libantè, riverains à la forêt classée des Trois Rivières, ne sont pas à l’abri de la barbarie environnementale qu’il convient d’arrêter au plus pressé. En effet, l’exploitation forestière abusive accompagnée de commerce illicite de madriers ne date pas d’hier dans la commune de Ségbana. De sources communales, ces cinq dernières années ont été particulièrement prolifiques en pillage de ressources forestières ligneuses. C’est vu l’ampleur des dégâts que la mairie de Ségbana a décidé de prendre ses responsabilités en créant un comité communal de lutte contre cette exploitation abusive dont les conséquences sont incalculable aussi bien sur le climat, la végétation et la faune que sur les êtres humains. Déclic nigérian Il a fallu un déclic en provenance de la localité d’Ilo dans l’Etat du Niger (Niger State) courant Mai 2009 pour que le conseil communal de Ségbana s’aperçoive de l’ampleur du phénomène. En effet, le roi d’Ilo, à travers une correspondance, a attiré l’attention du maire de Ségbana sur « l’exploitation forestière abusive contribuant à la dégradation de l’environnement du côté Bénin (commune de Ségbana) ». Cette correspondance invitait le maire de Ségbana à une rencontre de concertation à Ilo au sujet de cette tragédie environnementale. En fait, cette interpellation de l’autorité traditionnelle nigériane visait à s’enquérir de la réglementation en vigueur au Bénin en matière d’exploitation forestière au regard du flux de madriers qui entre dans son unité administrative. Le roi d’Ilo a précisé que ses compatriotes nigérians sont acteurs dans cette exploitation forestière illicite dans la commune de Ségbana et que les conséquences environnementales pourraient avoir des impacts sur le Nigéria. C’est donc cette alerte maximale en provenance du grand voisin de l’Est qui a eu le mérite d’éveiller la conscience des autorités du conseil communal de Ségbana qui ont décidé de combattre le mal à la racine. Outre cette correspondance, deux autres correspondances du gouverneur local du Niger State, Emirate Gourougou Kingdom en date respectivement du 03 juillet 2009 et du 30 juillet 2009 ont convié le maire de Ségbana dans la ville de Boussa au sujet de la même question. Les limites de la répression communale Bien que dévoués, les membres du comité communal sous l’égide d’un certain Sanny Guèkouma ont encore du pain sur la planche pour endiguer un phénomène à multiples facettes. Fonctionnant avec les moyens de bord, sans appui technique, matériel et financier, le comité communal semble débordé par les événements. « Il se pose à nous le problème de moyens logistiques pour transporter le butin saisi vers la mairie », fait observer Sanny Guèkouma, président du comité communal avant de préciser que la commune de Ségbana est très vaste. Outre ces difficultés, les membres du comité communal de lutte contre l’exploitation forestière abusive se trouvent en insécurité permanente puisque non appuyés par les agents forestiers sur le terrain ; la gendarmerie étant incompétente pour intervenir dans ce secteur selon les textes. « Ce sont les forestiers et policiers nigérians qui nous ont conduit jusqu’au niveau des 30 kilomètres carrés exploités », fait savoir Sanny Guèkouma. Sur le terrain, des soupçons pèsent sur l’administration forestière locale. « Les exploitants vont chez eux et versent ce qu’ils doivent verser et ils les autorisent à couper… », dénonce sous anonymat un pisteur du comité communal dans le village de Sokotindji. A ces problèmes s’ajoute le trafic d’influence politico administrative. « Nous avons arraisonné chez une dame 150 madriers. Elle a tout dit pour que nous lui restituions le produit. Nous nous sommes opposés. Elle a affirmé être une protégée du ministre de la décentralisation Alassane Séidou. Mais lendemain un coup de fil d’un haut perché nous exigeait de lui restituer les madriers, nous avons refusé », témoigne le comité communal de lutte contre l’exploitation forestière abusive dans la commune de Ségbana. Approché, le ministre Alassance Séidou dément formellement protéger un quelconque individu dans cette affaire. « Je ne suis jamais intervenu pour qui que ce soit à Ségabana », précise-t-il. En effet, les interventions de bien d’autorités au sommet de la sphère administrative sont monnaie courante malgré la volonté affichée du conseil communal de Ségbana à mettre fin à la pagaille et à l’anarchie en ce qui concerne l’exploitation forestière abusive. L’Etat local semble ici en dissonance avec l’Etat central dans cette affaire de pillage systématique des ressources forestières ligneuses.

Marc David MOLLI

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2 thoughts on “Pillage des ressources forestières ligneuses au Bénin: Ségbana au cœur d’un scandale

  1. SARE MIZI Aboudoulaye

    cette initiative qu’a pris les autorités de la commune de ségbana me réjouis du fait qu’il pense aux conséquences énormes que cette déforestation peut causer. Les soient disant forestiers de ségbana sont corrompus sans aucune exception d’aucun sans oublier la participation de certains autorités mal intentionnées tels que les chefs d’arrondissement qui ont soif de l’argent sans pensés à l’avenir.
    Moi j’approuve le fait de penser à mettre un comité de surveillance pour empêcher la déforestation; qu’ils ne relâchent pas et qu’ils ne soient pas corrompus.J’aimerais faire partis de cet comité pour appréhender ces Gens mal intentionnés.
    Merci pour tous ceux qui collaborent pour lutter contre la déforestation dans la commune de ségbana car je suis un fils de ségbana et je ne souhaite pas qu’aucun malheur arrive à ma commune.

  2. AJOS LE BOSS

    INTRODUCTION

    Le concept de réserve de biosphère a été mis au point en 1974 par le Programme sur l’Homme et la Biosphère (MAB) de l’UNESCO. Le réseau des réserves de biosphère a été lancé en 1976. Ce réseau est une composante clé pour atteindre l’objectif du MAB qui est de maintenir « un équilibre durable entre les nécessités conflictuelles de conserver la diversité biologique, de promouvoir le développement économique, et de sauvegarder les valeurs culturelles qui y sont associées. Les réserves de biosphère, généralement associées aux aires protégées, sont des espaces privilégiés pour la mise en œuvre de la convention sur la diversité biologique. La Convention internationale sur la Diversité biologique, qui n’a malheureusement fait aucune mention explicite de la notion de réserve de biosphère, définit les aires protégées comme “une portion de terre, de milieu aquatique ou de milieu marin, géographiquement délimitée, vouée spécialement à la protection et au maintien de la diversité biologique, aux ressources naturelles et culturelles associées; pour ces fins, cet espace géographique doit être légalement désigné, réglementé et administré par des moyens efficaces, juridiques ou autres ”. Une aire protégée vise l’atteinte d’objectifs de conservation des espèces et de leur variabilité génétique, et le maintien des processus naturels et des écosystèmes qui entretiennent la vie. La prise en compte de l’homme comme partie intégrante et acteur de ces écosystèmes est l’approche novatrice développée par le Programme sur l’Homme et la Biosphère de l’UNESCO.

    I. L’exploitation forestière

    Face à la demande croissante des ressources de la planète, la gestion durable des forêts paraît être l’un des défis environnementaux les plus importants que l’humanité a à relever. Pour ce faire, nous devons apprendre à satisfaire les besoins à long terme en produits forestiers de la société et de l’économie sans compromettre les valeurs environnementales. Les opérations d’exploitation forestière et de transport respectueuses de l’environnement sont des éléments essentiels de la foresterie durable. Elles permettent de maintenir la productivité naturelle des forêts et les avantages qui en découlent. L’exploitation forestière durable impose l’application des meilleures connaissances disponibles à des éléments fondamentaux de l’opération d’exploitation : planification de la récolte, construction et entretien des chemins forestiers, coupe et débardage, et évaluations après récolte.

    A. Impacts négatives et positives sur l’environnement

     Impacts négatives

    Le débardage par câble peut être utilisé sur les sols sensibles. Sur la photo, câble-mât Larix Lamako.
    L’exploitation forestière affecte négativement l’environnement de plusieurs points de vue (d’autant plus qu’elle est intensive) :
    • en supprimant des arbres qui sont le support de communautés épiphytes, fongiques et animales associées, ce qui altère directement et indirectement la composition spécifique, la structure de la forêt, le terrain, et peut causer un épuisement du sol quand il est fragile ou en forte pente.
    • par les perturbations directement causées par les opérations d’abattage (bruit), dérangement, animaux écrasés ou perdant brutalement leur habitat.
    • par des impacts indirects (tassement du sol, artificialisation ou dégradation du réseau hydrographique, dérangement, construction de routes, pistes et aires de travail et de débardage)
    • par l’artificialisation des forêts, surtout dans le cas des systèmes sylvicoles basés sur les monocultures, les coupes rases et les plantations artificielles.
    • et parfois en remplaçant les essences autochtones par d’autres essences peu favorables aux biocénoses locales, ou acidifiant ou dégradant les sols. Cette stratégie contribue aussi à réduire le stock génétique au sein des populations d’ essences locales.
    L’exploitation est souvent associée à un système de cloisonnement et de drainage. Elle peut mener à une perte d’habitats dits patrimoniaux, ou vitaux pour certaines espèces, particulièrement dans les zones écologiquement sensibles. Les machines et engins forestiers les plus lourds peuvent dégrader ou compacter les sols forestiers. L’exploitation sur pente raide peut provoquer une érosion du sol, des glissements de terrain, une turbidité de l’eau et dégrader des habitats particuliers (tels que « forêts de ravin », creuses, etc). Sur sols saturés, elle peut créer des ornières et perturber le drainage (les ornières argileuses pouvant occasionnellement constituer des micro-habitats pour le sonneur à ventre jaune et quelques têtards d’autres espèces, au risque que ceux-ci s’y fassent écraser ou déshydrater si l’eau vient à manquer. L’abattage d’arbres près de cours d’eau peut provoquer l’augmentation de la sédimentation, de la température de l’eau et dégrader l’habitat ripicole.
    Une forêt gérée principalement pour la production rapide de bois selon les méthodes “modernes” consistera typiquement en des arbres jeunes, vigoureux et souvent à croissance rapide. Avec le souci de bénéfices à court terme et l’arrivée de profileurs (qui augmentent très fortement les cadences de sciage, mais uniquement pour les bois de faible section), la tendance est partout à une diminution du cycle des révolutions (arbres coupés de plus en plus jeunes, dans une démarche dite de sylviculture dynamique). Une telle gestion supprime les zones caractéristiques de forêts anciennes, comme les vieux arbres, les gros-bois, les arbres sénescentes et surtout une quantité suffisante et largement dispersées dans le massif de bois-mort, autant d’éléments requis pour la survie de nombreuses espèces forestières. La gestion durable de la forêt nécessite que de telles zones et des « gros-bois » soient conservés pour protéger des espèces rares ou en danger, dont beaucoup sont reconnues comme utiles pour la forêt.
     Impacts positives
    L’exploitation forestière peut parfois avoir des effets positifs sur l’environnement ou la sylviculture de petites coupes peuvent provisoirement restaurer des « milieux ouverts » utiles à certaine espèces inféodées à ces milieux, la suppression d’arbres endommagés ou malade, en ouvrant la canopée pour accélérer la croissance d’arbres plus petits par leur mise en lumière.
    • Les rémanents (branches et autres parties non commercialisables de l’arbre (s’ils sont laissés sur place) fournissent un abri pour une partie de la faune et une source d’humus. De même les broussailles et l’enherbement (quand ils sont conservés assez longtemps) sont une importante source de nourriture pour les herbivores et omnivores dont le chevreuil, cerf et sangliers qui constituent une part importante des revenus forestiers (locations, baux de chasse). Ces animaux peuvent toutefois devenir un frein à la régénération forestière s’ils sont trop favorisés dans un contexte où les grands prédateurs ont disparu.
    • Pour le sylviculteur, une coupe sélective peut « améliorer » la forêt et apporter un bois de meilleur qualité sur le marché du bois. En zone tempérée, débarder quand il gèle est rendu difficile par les modifications climatiques qui diminuent le nombre de jours de gel, mais de nouvelles avancées en matériels d’exploitation (débardage par câble) permettent- là où et quand ces matériels sont utilisés – de réduire la formation d’ornières et la perturbation physique du sol. Par exemple, de nouvelles abatteuses et porteuses sur pattes sont munies de larges pieds permettant de minimiser la dégradation du sol. Le débardage par câble limite aussi les effets physiques du débardage.
    B. Les aires protégées
    Les relations entre les forêts et les changements climatiques sont complexes. D’une part, les forêts peuvent atténuer ces changements en absorbant le carbone, mais, d’autre part, elles peuvent y contribuer si elles sont dégradées ou détruites. Les changements climatiques, quant à eux, pourraient provoquer la dégradation ou la perte des forêts, exacerbant par là même leur fréquence. Une aire protégée est définie comme: «un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associées» (Dudley, 2008). Les aires protégées forestières aident à conserver les écosystèmes qui fournissent un habitat, un abri, des aliments, des matières premières, du matériel génétique, une barrière contre les catastrophes naturelles, une source stable de ressources et de nombreux autres biens et services propres à l’écosystème. Elles jouent dès lors un rôle important en aidant les espèces, les populations et les pays à s’adapter aux changements climatiques. En vertu de leur fonction de protection, ces forêts devraient rester exemptes de toute intervention humaine destructive. Elles pourront ainsi continuer à servir de réservoir naturel de biens et de services pour l’avenir. De nos jours, les changements climatiques sont l’un des principaux nouveaux dangers qui menacent la biodiversité. Le quart environ des espèces de mammifères (environ 1 125) (GIEC, 2002) et à peu près 20 pour cent des espèces aviaires (environ 1 800) (GIEC, 2007) risquent de disparaître de la planète à cause des changements climatiques. Les aires protégées établies pour sauvegarder la biodiversité et les processus écologiques seront probablement influencés de nombreuses façons par l’évolution du climat. Ces changements devraient pousser les espèces à migrer vers des zones dotées de températures et de précipitations plus favorables. Il est très probable que des espèces concurrentielles, parfois envahissantes, mieux adaptées au nouveau climat s’introduiront. En raison de ces mouvements, des aires pourront se retrouver avec des habitats et des espèces autres que ceux qu’elles avaient initialement la fonction de sauvegarder. Scott (2005), par exemple, a estimé irréaliste l’un des objectifs déclarés du parc national Prince Albert au Saskatchewan (Canada), à savoir protéger son intégrité écologique «pour l’éternité», car tous les scénarios qui existent sur le climat prévoient la perte, un jour, des forêts boréales et de leur biodiversité dans cette aire.

    C. Protection contre les incendits
    Les effets du feu sur la végétation sont complexes. C’est pourquoi une politique de gestion du feu doit reposé à la fois sur des critères écologiques, économiques et sociaux. La forêt boréale est régulièrement touchée par le feu. Cette perturbation naturelle joue un rôle majeur dans la répartition et la composition des peuplements forestiers ainsi que dans la biodiversité. Des espèces, des communautés et des écosystèmes entiers se sont adaptés à son passage plus ou moins fréquent. Le feu constitue une force de premier ordre pour le maintien du cycle normal de reproduction et de croissance de ces écosystèmes. Il représente un facteur de renouveau dans la forêt boréale et une partie intégrante de son cycle de vie.

    D. Gestion durable de la faune sauvage
    Cette progression de la grande faune résulte des transformations de l’occupation agricole de l’espace mais constitue aussi le produit d’une action volontariste sur certains territoires mis en réserve, voire sur des populations qu’on s’abstient de chasser ou qu’on réintroduit en certains lieux. Pourtant, parce que les territoires concernés ne sont pas que des biotopes, cette faune s’y heurte dans son expansion à d’autres occupants de l’espace rural, les groupes humains et leurs activités. La rencontre intervient dans bien des cas sur la base d’un conflit d’intérêt, la faune sauvage ne triant pas, dans ses prélèvements végétaux ou animaux, entre ce qui relève le bien de personne et du bien de quelqu’un. C’est donc par des déprédations, sur les arbres, les prairies ou les cultures, ou des prédations, sur les animaux d’élevage, que cultivateurs, éleveurs, forestiers et pisciculteurs perçoivent d’abord cet accroissement de la faune.
    II. Conservation des ressources forestières et participations des populations dans la conservation des ressources forestières

    Les forêts sont influencées par le climat, les formes de terrain et la composition du sol qui existent sous une grande variété de formes dans les zones tropicales, tempérées et boréales du monde. Elles peuvent se composer de résineux ou de feuillus, leur feuillage peut être persistant ou caduc, leur couvert peut être ouvert ou fermé et elles peuvent être humides ou sèches. Chacun des types de forêts est uniques en son genre, mais ensemble ils se complètent et remplissent des fonctions socio- économiques, écologiques, environnementales, culturelles et spirituelles. Selon des études récentes effectuées à l’échelle de la planète, il y aurait environ 1,4 million d’espèces connues. De l’avis général, cependant, ce chiffre se situe au-dessous de la réalité : de 5 à 50 millions d’espèces existeraient dans les écosystèmes naturels des forêts, des savanes, des pâturages, des déserts, des toundras, des lacs et des mers. Les terres cultivées et les jardins sont aussi d’importants dépôts de ressources biologiques.
    Dans cette perspective, il est reconnu que les forêts sont riches en ressources biologiques. Bien qu’elles ne couvrent que 13,4 % des terres du globe, ces forêts abritent la moitié des vertébrés, 60 % des espèces végétales connues et peut-être 90 % des espèces du globe. Toutefois, des études récentes indiquent que les forêts tempérées et boréales, qui ont des écosystèmes extrêmement variés, particulièrement dans les zones climatiques et géographiques où subsistent de vieilles forêts, peuvent présenter une diversité supérieure à celle des forêts tropicales à l’intérieur de certaines espèces. Bien que les forêts tempérées et boréales comprennent généralement beaucoup moins d’espèces d’arbres que les forêts tropicales, souvent le dixième ou moins, on estime maintenant que certaines d’entre elles sont aussi diversifiées, sinon plus, que les forêts tropicales. Par exemple, la litière végétale des vieilles forêts de l’Oregon, aux États-Unis, abrite près de 250 espèces différentes d’arthropodes par mètre carré; dans la seule aire de recherche de la H.J. Andrews Memorial Forest, 90 genres ont été recensés . Il a été proposé que l’objectif minimal acceptable soit un réseau de 500 zones protégées et gérées, de 200 000 hectares en moyenne, qui abriterait 10 % des vieilles forêts et des forêts primaires restantes.
    Pour favoriser ce réseautage et optimiser la représentativité globale de ces zones biogéographiques aux fins de la conservation de la diversité biologique, il faudrait dresser une liste des zones en question, dont conviendraient les gouvernements nationaux. Il faudrait aussi définir ces zones biogéographiques et mettre au point des mécanismes conjoints, ainsi que quantifier les coûts et déterminer les sources de fonds nécessaires pour gérer et conserver les zones. Il y aurait également lieu d’instaurer des mécanismes conjoints de coopération internationale visant l’établissement de zones biogéographiques transnationales.
    Par ailleurs, il a été reconnu que les aires entièrement protégées ne peuvent jamais être suffisamment vastes pour assurer la conservation de tous les processus écologiques et de toutes les espèces. Il est cependant nécessaire de fixer, au niveau national, un objectif minimum acceptable pour les zones de conservation des forêts pour chaque pays. On pourrait aller plus loin en constituant des zones tampons de forêts naturelles autour de l’aire protégée; une zone tampon intérieure servirait à la recherche fondamentale et appliquée, à la surveillance environnementale, à l’utilisation traditionnelle du territoire, aux loisirs et au tourisme ou à l’éducation et à la formation en matière d’environnement, et une zone tampon extérieure servirait à appliquer les résultats de la recherche en vue de satisfaire aux besoins des populations locales. Ces pratiques de gestion s’inscrivent dans le droit fil du point 8e) des Principes sur les forêts.
    Mise à part la nécessité de réserver des aires de conservation, on reconnaît maintenant de plus en plus que la production durable de bois par des méthodes de coupe sélective est l’un des moyens les plus efficaces d’assurer la conservation in situ de la diversité biologique des écosystèmes forestiers. Ainsi gérées, les forêts conservent la plus grande partie de la diversité des vieilles forêts et des forêts primaires en ce qui concerne tant le nombre d’espèces que leur population. La valeur économique du bois et les bienfaits environnementaux qui en résultent justifient amplement les investissements faits pour conserver le couvert forestier. L’adoption de méthodes de coupe sélective pour tous les types de forêts favoriserait grandement la conservation in situ de la diversité biologique et l’utilisation durable des ressources forestières. À cet égard, la plantation d’arbres aurait pour effet d’atténuer les pressions menant à la surexploitation des forêts naturelles et attribuables à la demande croissante de bois.
    La production durable de biens et de services forestiers et la conservation de la diversité biologique des écosystèmes forestiers, de même que le partage équitable des avantages de l’utilisation des ressources génétiques, exigent une action concrète à l’échelle nationale comme internationale. Il est donc indispensable que des politiques et des stratégies nationales, entre autres, visent à consacrer une superficie forestière optimale à la conservation ainsi qu’à la production durable de biens et de services et indiquent les mesures propices à la conservation des forêts pendant la coupe. Dans certains cas, les mesures à long terme peuvent comprendre le rétablissement et la recréation des vieilles forêts et des forêts primaires.
    Dans cette optique, il est essentiel, pour la gestion durable, la conservation et l’exploitation de leurs ressources forestières, que les pays ayant un pourcentage élevé de ces espaces de terres couverts de forêts, surtout les pays en développement, aient accès à «des ressources financières nouvelles et supplémentaires» et au «transfert [de] techniques écologiquement rationnelles et [du] savoir-faire correspondant […] y compris à des conditions concessionnelles et préférentielles», d’après les points 10 et 11, respectivement, des Principes sur les forêts. En outre, «le commerce des produits forestiers devrait se fonder sur des règles et procédures non discriminatoires et multilatéralement acceptées, compatibles avec le droit et les pratiques commerciales internationales» et «il faudrait éliminer ou éviter les mesures unilatérales, incompatibles avec les obligations internationales ou accords internationaux, qui visent à restreindre et/ou à bannir le commerce international du bois d’œuvre et d’autres produits forestiers», comme le préconisent les points 13a) et 14, respectivement, des Principes sur les forêts. La communauté internationale doit respecter ces principes pour réaliser la conservation et la gestion durables des forêts à long terme.

    Conclusion

    On s’est demandé au début de ce rapport si l’homme devrait, dans l’avenir, se résigner à ne disposer que de quantités insuffisantes de produits forestiers. La réponse est: «Non!». On a montré que les forêts du globe sont capables d’assurer une quantité raisonnable de leurs produits à une population plus nombreuse qu’actuellement. Mais, pour arriver à ce résultat, toutes les forêts doivent être traitées comme une ressource renouvelable; celles qui ne sont pas encore accessibles doivent être ouvertes aux exploitations et la dévastation sur une vaste échelle doit cesser, qui, en ce vingtième siècle, se poursuit encore.

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