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Le triomphe de la vérité

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sommet du G20 à Londres: La lettre de Boni Yayi à Sarkozy


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Monsieur le Président et Cher Ami,Le Chef de l'Etat béninois Boni Yayi
C’est au nom de notre continent que je vous renouvelle notre gratitude pour votre lourd rôle de leadership dans la promotion d’une meilleure gouvernance des affaires de notre planète contemporaine.
Je voudrais par la présente vous faire part des réflexions que suscitent de ma part les préoccupations soulevées dans le cadre de la préparation du Sommet du G20 du 02 avril 2009 à Londres.
La démarche de consultation engagée par la République Française qui souhaite que les préoccupations des pays en développement d’Afrique soient prises en compte, est à saluer. Les positions que la France entend défendre à ce sommet sur les principales questions à l’ordre du jour paraissent globalement judicieuses. Elles concernent notamment les mesures visant à renforcer la réglementation et la surveillance du système financier international, à améliorer la gouvernance des institutions, à restreindre, voire interdire les flux de capitaux avec les juridictions non coopératives en terme de transparence et de lutte contre le blanchiment, à instaurer un mécanisme d’alerte précoce et à relever les ressources des institutions de Bretton Woods afin de leur donner les moyens de répondre plus efficacement aux besoins de financement des pays en développement en particulier.
Toutefois, certaines questions spécifiques méritent que les réflexions soient mieux approfondies. En effet, la France estime que la question de la renégociation des quotes-parts et de la représentation au sein des institutions de Bretton Woods est trop complexe et inadaptée aux circonstances de la crise actuelle.
Je voudrais attirer votre attention sur le fait que le rééquilibrage des voix et des pouvoirs de décision au profit des pays les plus pauvres contribuera à atténuer la dissymétrie qui caractérise malheureusement le fonctionnement des Institutions de Bretton Woods.
Son Excellence
Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République Française
PARIS

En effet, dans le rôle qui est le sien de veiller à une surveillance multilatérale en matière de fonctionnement de politiques, le FMI à travers ses conditionnalités, à toujours exercer plus de pressions sur les pays pauvres recourant à ses ressources que sur les pays ne recourant pas à ses ressources.
Les débats sur l’opportunité des conditionnalités devraient aboutir à une meilleure redistribution des sanctions incluant les pays à l’origine des déséquilibres extérieurs des autres pays membres. Seul un meilleur équilibrage des pouvoirs pourrait contribuer à une meilleure issue de tels débats au sein des institutions de Bretton-Woods.

Monsieur le Président,
La France entend faire renforcer la légitimité politique du Fonds Monétaire International par les « mesures simples symboliques » comme la mise en place d’un conseil ministériel doté de compétences décisionnelles. Le positionnement de ce nouvel organe par rapport au Conseil d’Administration, au Conseil des Gouverneurs et au Comité Monétaire et Financier International, ainsi que les compétences décisionnelles qui pourraient être les siennes, de même que ses règles de décision requièrent clarification. Le contexte de crise ne se prête pas à des réformes qui alourdissent le système avec des risques de conflit d’attribution au niveau des organes d’administration, de direction et d’orientation.
L’exposition des pays en développement aux chocs exogènes tient à la fragilité de leurs économies, peu compétitives, en raison de l’absence d’infrastructures et de facteurs de production : énergie, transport, main d’œuvre de qualité, etc. La communauté internationale peut mobiliser les moyens nécessaires pour doter les banques multilatérales de développement de ressources concessionnelles  suffisantes socioéconomiques de santé et d’éducation afin de renforcer la compétitivité des économies en développement.
Au-delà de ces remarques, une question de fond demeure, celle de l’engagement et de la responsabilité de nos pays dans la prise en charge réelle des véritables questions de développement qui les interpellent.

Monsieur le Président,
La crise financière à laquelle l’Humanité entière est confrontée est profonde, multifaciale et multiforme. Elle s’installe et s’inscrit maintenant dans la durée. Dans son traitement, nous devons sortir du tâtonnement car son effet de surprise est maintenant dépassé.
C’est à ce titre que je pense que le G20 n’est plus totalement représentatif dans la promotion de la meilleure gouvernance des systèmes économiques et financiers de ce monde. La profondeur des crises et leurs conséquences sur l’humanité toute entière nécessite de responsabiliser l’Organisation des Nations Unies car c’est dans une démarche plus démocratique que notre monde retrouvera le chemin de la prospérité partagée de nos peuples.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président et Cher Ami, à l’assurance de ma très haute et cordiale considération.

Dr Boni YAYI

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