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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: La mort du dialogue national


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Le report du dialogue national a ruiné les chances de son succès. Cette grand-messe destinée à colmater l’entente entre le pouvoir et la classe politique notamment l’opposition, est en passe de secréter les germes de son propre anéantissement. On n’en parle même plus alors que la fin de l’année s’approche et que de jour en jour les rixes entre pouvoir et opposition se multipliant, faisant fuir à grands pas la possibilité d’un éventuel consensus. Tout est même de savoir aujourd’hui si le fameux dialogue a des chances de déboucher sur ce consensus tant recherché par le pouvoir.

De toute évidence, l’union sacrée de l’opposition née au sortir du conclave de Bohicon n’a aucun intérêt à nouer une éventuelle entente avec le pouvoir. Si tant est qu’elle cherche à prendre le pouvoir comme annoncé dans le communiqué final, son intérêt visible   est de semer le trouble pour noircir davantage le régime Yayi. Comptant sur la réactivité excessive du Chef de l’Etat comme sur son impopularité grandissante du fait de la crise, elle usera de tous les moyens pour apparaître comme une force d’alternative en 2011. Le peuple oublie vite. Il oubliera que ceux qui creusent aussi allègrement la tombe du yayisme étaient presque tous aux premières loges du pouvoir Kérékou de malheureuse mémoire. C’est pourquoi, même en acceptant la possibilité de ce dialogue national sans exclusive, l’opposition se paie gratuitement une tribune d’expression. Il n’y a en effet rien de plus alléchant que la perspective de faire une fois de plus une démonstration de force et d’unité aux frais de l’Etat en s’offrant le luxe de faire monter les enchères en face des médias nationaux et internationaux.  Elle demandera la lune, exigera la libération d’Alain Adihou considéré comme un prisonnier politique de Yayi alors que ce sont les mêmes députés qui l’ont envoyé derrière les barrières, elle exigera la libération d’Andoche Amègnissè en faisant croire que c’est le régime qui l’a envoyé en prison. Pour les besoins de la surenchère et convaincue que le Chef de l’Etat ne se laissera pas démonter facilement, elle demandera quand même la diminution du nombre de portefeuilles ministériels. Elle   tiendra même pour fondamental le changement de la gouvernance que l’on sait par avance inchangeable…Le dialogue servira à donner le change au gouvernement qui veut montrer sa bonne foi. Il permettra de dire après qu’on a ” tout fait ” pour empêcher les dérives du régime, mais…   Comme disait si justement l’écrivain français Alphonse Karr ” l’opposition systématique se donne bien garde de demander quelque chose qu’elle pourrait bien obtenir, car alors il lui faudrait être contente ; et être contente pour l’opposition, c’est cesser d’être “. Avant même d’assister aux assises, les conditions posées peuvent relever simplement du dilatoire.
Or, dans la logique du gouvernement, il ne peut ne pas y avoir de dialogue politique national afin de mettre fin au jeu de chaise musicale qui a lieu à l’Assemblée. En minorité, le pouvoir est tenu de négocier pour ne plus continuer à recourir forcément au remède de cheval que constituent les ordonnances. De même, l’annonce qui en a été faite en conseil des ministres le contraint à passer à l’acte. D’où la nécessité de s’assurer d’un minimum de consensus avant le jour J. Si jamais les G et F consentaient à ” dialoguer “, une plate-forme consensuelle préalable devrait être établie avec le gouvernement. Sinon, le pouvoir Yayi court le risque de transformer ce dialogue en une messe d’enterrement pour lui-même. En tout état de cause,  il y a tout à perdre et presque rien à gagner de ce match inamical. Là aussi est le challenge.
Olivier Djidénou

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