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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Nos congolos marchent


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Ne vous en faites pas, le congolo des Béninois fonctionne à merveille. Contrairement à ce que Mathieu Kérékou a laissé entendre le jour de ses prétendus 75 ans, les Béninois ne sont pas aussi imbéciles que cela. S’ils l’avaient été même un brin, ils auraient marché et crié pour reconduire le régime félon instauré par Kérékou III. Dans certaines démocratures du type Burkina Faso, Tchad ou Gabon, des présidents à vie ont accaparé le pouvoir pour eux et leur tribu, acclamés par le peuple, célébrés et loués dans d’innombrables chansons de geste. Le peuple aux ordres vient devant le palais présidentiel les supplier de rester et de mourir au pouvoir pour sauver la nation. En Guinée, un potentat physiquement indigent, a été reconduit à la tête du pays alors qu’il est tout juste capable de rester dans une chaise roulante même aujourd’hui. Mais au Bénin, le peuple a refusé de cautionner cette régression mentale proposée par des politiciens avides de poursuivre le pillage et la bouffe. Son congolo marchait-il en ce moment ? Parfaitement, en tout cas beaucoup mieux que celui de la majeure partie des politiciens qui passaient leur temps à se remplir la panse et la poche en oubliant les valeurs citoyennes qui fondent une nation. Ils ont pris des habitudes de pagaille et de délectation jubilatoire situées aux antipodes des saines pratiques d’une nation civilisée. Le régime Kérékou, par son ancrage dans la politique de distribution de la rente nationale, a créé une mentalité de politique-gteau. Le Président de la République était le distributeur en Chef de la rente nationale, donnant aux acteurs politiques par brassées entières, distribuant les exonérations fiscales, les pots-de-vin et autres prébendes juteuses. La meute se bagarrait même autour des sociétés publiques dont l’une a été donnée à zéro franc à un richissime qui ne s’est pas gêné pour l’écrémer à sa guise.

Ces habitudes héritées du régime du Général nous
ont poursuivi jusqu’ici. Aujourd’hui, le politique bé
ninois pense d’abord être gérant d’une affaire, peut-être une PME ou une PMI, et s’emballe contre le régime quand il ne fait pas des rentrées en argent ou en exonérations de tout genre. Et celui qui a instauré ces « traditions » désormais obligatoires pour tous les régimes qui entendent survivre à la faune politique, c’est bien le Général raisonneur et moralisateur à la retraite.
Le congolo des Béninois fonctionne parce qu’en ces temps obscurs-là, ils n’ont pas cédé aux chants des sirènes politiques demandant de reconduire le Général pour qu’il meure au pouvoir. Il se passe qu’aujourd’hui les vieilles habitudes sont encore trop ancrées dans la tête des politiciens pour tolérer un régime qui ne pense qu’au peuple et rien qu’au peuple, au besoin même jusqu’au sacrifice de soi. Malgré les faiblesses des acteurs du changement, ils sont largement au-dessus de ceux qui s’acharnèrent sur notre pays sous Kérékou. Il se fait qu’ayant acquis la personnalité politique par la force de leur argent et de leur puissance morale, les acteurs de la vieille garde ont instauré une sociologie politique donnée. Celle-ci est un héritage lourd et difficile à porter dans le cadre d’une nation aspirant au progrès. Il ne faut donc pas s’étonner que malgré les routes et les échangeurs, malgré les chiffres de la production agricole, malgré les innombrables efforts reconnus de tous mais encore limités par le poids de pratiques anti-développement, que le citoyen ait encore les schémas de pensée d’antan. Et que surtout, il ait envie de récupérer ici aujourd’hui et maintenant le retard salarial accusé depuis cette décennie scabreuse de Kérékou II et III. Ce n’est que naturel. Il a seulement besoin d’acquérir l’intelligence de la patience dans la dynamique du progrès.
Olivier Djidénou

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