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Le triomphe de la vérité

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Editorial: L’observation et la non observation


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Les observateurs des élections africaines sont-ils encore crédibles ? C’est la question qui se pose lorsque l’on voit la manière dont ces objecteurs de conscience se comportent au terme des scrutins de nos Etats. La semaine dernière, ils ont fait part de leurs constats à la fin des communales et locales du 20 avril. Ils ont ainsi dit ce que tout le monde savait, c’est-à-dire que le déroulement du vote ne s’est pas fait dans des conditions fameuses surtout dans certaines localités à cause de certaines situations conjoncturelles et structurelles. Tout cela est assorti de belles recommandations demandant par exemple la pérennisation de la CENA, l’informatisation du fichier électoral et une meilleure collaboration entre la CENA et le gouvernement.

Là où le bt blesse, c’est la récurrence de ces « recommandations » qui deviennent pratiquement cycliques. C’est la preuve qu’elles sont presque toujours lettres mortes. Leurs avis et leurs « recommandations » ne sont généralement utiles qu’aux médias, surtout dans le cas d’un pays à élections comme le Bénin. Tout le monde se fout des observateurs, parce que leurs « recommandations » ne valent rien. Nous nous fichons de les savoir satisfaits ou déçus du moment où leurs déceptions ou leurs satisfactions ne sont pas traduites par des actes post électoraux suffisamment  forts pour contraindre les acteurs électoraux à les prendre en compte.
 
En réalité, il faut distinguer les observations falot  des autres. Celles-là, les falots s’entend, sont faites par des institutions  qui n’ont aucune force d’action vis-à-vis des Etats observés. Lorsque la CEDEAO envoie des observateurs au Bénin, il est difficile de savoir le but qu’elle vise. D’autant plus que dans les cas les plus criards ces pseudo-observateurs se sont  bien tus devant les anomalies, les bourrages d’urnes, les tripatouillages, la violence exercée par des potentats au pouvoir pour modifier le cours du vote, etc. On se rappelle qu’en 2005, les élections au Togo ont tourné à une gigantesque mascarade sous les yeux des observateurs de la CEDEAO. On s’en doute, ils n’ont rien dit. Leur silence a permis à Eyadéma de légitimer son passage en force et de massacrer une partie de cette population qui n’a pas voté pour lui. On dit que la plupart de ces observateurs félons ont reçu quelques millions pour se taire et qu’ils ont été logés dans de luxueux hôtels  aux frais de l’Etat togolais. Ceux qui ont voulu parler ont dit plus tard que certaines observations n’ont été faites que du haut des étages de ces palaces, de préférences au bras de quelques gourgandines offertes par les bons soins du pouvoir€¦Ce discrédit n’est pas celui des observateurs de l’Union européenne qui se sont toujours démarqués par des prises de position argumentées et tranchées. Leurs recommandations sont accompagnées bien souvent de menaces claires qui en disent long lorsque les scrutins ne sont pas transparentes. Il est vrai qu’à ce niveau aussi, l’observation est parfois prisonnière du jeu diplomatique, comme au Nigeria. On ne peut menacer que ceux que l’on peut menacer sans craindre des coups de rétorsion. Dans ce cas, comme dans celui des nombreux ONG nationaux financés par des organismes occidentaux, l’observation est bien en passe de devenir un champ d’affrontement d’intérêts inavoués. Il est clair dès lors que les avis émis n’engagent pas les acteurs électoraux prêts à renouveler leurs errements avec ou sans une supervision hypocrite et intéressée.
Olivier Djidénou

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