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Le triomphe de la vérité

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Critique du film Le mur invisible : Tragédie de l’exode africain: La mer, le mur fatal à franchir sur la route de l’émigration


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Les bruits assourdissants de la mer en furie occupent l’écran. Ils soufflent aux spectateurs l’identité de ce mur invisible qui sépare certains africains de leur rêve et annoncent les premières images d’un film documentaire, chronique d’une tragédie humaine au cÅ“ur du 21ème siècle : la problématique de l’émigration des Noirs vers l’Europe.

Mer et jeunes africains serviront aux réalisateurs vénézuéliens Carlos Feo et Cécilia Zamudio, à meubler dans une apparence de complicité et d’amour, le premier plan de ce film documentaire réalisé en 2007 qui, sans décrocher un Prix à la 6ème édition du Festival International du Film de Ouidah, était tout de même en compétition avec une bonne impression dans les salles. Une apparence qui ne résistera pas devant les horribles révélations de ce film sur les relations «mer» et «jeunes africains» dans une épreuve d’émigration clandestine.

Quand des rescapés miraculeux d’hécatombes nautiques se souviennent €¦ témoignent du drame€¦ pleurent et n’ont plus que leurs deux gros yeux à l’écran pour le faire. Quand l’écran ressasse les images de la mer vorace de l’me Noire €¦ des corps en putréfaction voguant à la surface de l’océan aux délices des rapaces€¦, l’équation de l’émigration clandestine vers l’Europe reste entière. Mais dans ce film documentaire, les réalisateurs se sont évertués à donner les causes au phénomène et même à situer des responsabilités.52 minutes de conscientisation mais aussi 52 minutes de critiques ouvertes contre le capitalisme occidental, les réalisateurs n’ont pas mis de gants pour dénoncer le phénomène. Ils ont pris position et l’ont assumé durant le temps du film et même après. Carlos Féo, l’un des réalisateurs nous confiera sans ambages à la suite de son film : «Nous avons fait option de dire les choses de façon manichéiste».Cette prise de position face à un problème sur lequel les débats sont totalement ouverts, l’on s’en aperçoit très tôt dans les premières minutes du film. Un zapping brutal sur des images télévisuelles des grands hommes d’Etat occidentaux se prononçant et décidant du sort du continent africain montre de for belle manière l’option des réalisateurs : l’Occident est responsable du drame.

Tous les textes qui défileront à l’écran durant ce documentaire conspirent à accuser vertement l’Europe, les Usa€¦ de la destruction du continent Noir à la base du phénomène de l’émigration. Les réalisateurs réaffirmeront cette prise de position au détour de quelques interviewés tels que Sifo, un émigrant gambien pour qui la cause du phénomène réside dans «l’appauvrissement de l’Afrique». Pour un autre qui sûrement a mieux exprimé la conviction des réalisateurs de ce film «c’est un génocide». C’est plutôt d’un diaporama choc de photographies de cadavres d’africains sur les plages et dans les océans sur un fond musical dramatique, tout commentaire cessant, dont useront les réalisateurs pour dire les mêmes réalités. Et avec le dialogue des images, le drame était véritablement à l’écran.

Néanmoins quant aux causes et responsabilités du drame, le documentaire Le mur invisible : Tragédie de l’exode africain semble s’être laissé à des affirmations plus ou moins faciles. Déjà les personnes retenues par les réalisateurs pour certaines interviews, notamment pour les accusations contre des Etats, semblent ne pas remplir les qualités et compétences minimales pour se prononcer sur des sujets pour lesquels ils sont sollicités. Un simple émigrant ivoirien suffit-il par ce seul statut pour accuser les Usa, d’avoir pillé l’Afrique ? Sans nul doute, il y a des ressources humaines mieux indiquées pour crédibiliser davantage de telles thèses.

En ce moment où des Vénézuéliens prêtent leur caméra à l’Afrique pour dénoncer un drame, la mer : le mur invisible engloutit peut-être à la bordure du continent un espoir Noir à l’épreuve de l’émigration clandestine. Néanmoins, les réalisateurs semblent se nourrir et nourrissent le public d’espoir puisque les chants triomphants de la petite fille noire, repris en chÅ“ur et sur lesquels les écrans de ce documentaire se noirciront, annoncent sans nul doute des lendemains victorieux pour le continent Noir…

Médard GANDONOU
Article disponible sur le site du cinema africain www.africine.org

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